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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre à saint Maron, père fondateur de la communauté maronite

Cher saint Maron, vous avez fondé en Syrie, sans le savoir et même sans le vouloir, cette communauté monastique actuellement établie principalement sur cette terre bénie du Liban. La seule communauté au monde qui porte le nom de son fondateur, tellement elle était attachée aux valeurs que vous avez intensément vécues et incarnées. Foi, ascétisme, abnégation, pauvreté, sacrifices, jeûne, chasteté... Même que vous dormiez à la belle étoile et uniquement en temps de neige sous une tente confectionnée archaïquement par des peaux de bête.

C’est pourquoi on disait dans le temps que « dans chaque maronite se cache un moine ». Tellement les maronites étaient pieux, droits et attachés aux croyances, devoirs et pratiques de leur foi et de leur culte.

J’ai l’honneur et même le privilège de faire partie de cette Église maronite qui m’est chère et qui me tient ardemment à cœur. Je le dis à voix haute et sans réserve aucune, je suis fièrement et foncièrement maronite, de corps, d’âme et d’esprit.

Mais je ne vous cache pas, cher père Maroun, que je vis actuellement un dilemme qui me tiraille jusqu’au fond des entrailles, un dilemme presque cornélien.

D’une part, je ressens un grand sentiment de fierté d’appartenir à ce corps d’hommes de foi, libres, braves et courageux qui tenaient principalement et sans tergiversations à leur liberté et à la souveraineté du Liban et de ses montagnes altières, et d’un autre côté, un sentiment légitime de honte dû à la déficience et au manque de qualités d’une grande partie de ceux supposés vous représenter dans les affaires publiques et religieuses. Et là, je parle carrément des responsables politiques et religieux, avec certaines exceptions bien sûr.

Cette Église profondément mariale qui est intimement liée au Liban et à sa vocation et qui est à l’origine même de ce pays. Pays voulu à l’origine message, ouvert de cœur et d’esprit, multiconfessionel, carrefour entre l’Orient et l’Occident, berceau des civilisations, terre d’accueil, refuge des opprimés...

En Italie, en France et en Espagne, pour dire érudit, on disait « savant comme un maronite », tellement les maronites ont joué dans le passé un rôle important de trait d’union entre l’Orient et l’Occident.

Peut-on encore considérer que nous sommes face à des savants et des érudits ?

Très cher abouna Maroun, j’ai tenu filialement à vous ouvrir mon cœur. Excusez mes propos qui sortent d’une âme meurtrie. Qui de mieux qu’un père peut comprendre les angoisses, les souffrances et les afflictions d’un fils ? Mon pays et mon Église me font mal, oui, profondément mal. Dans mon esprit, ils sont tellement liés qu’il m’est difficile de les départager. J’ai dans mon for intérieur l’intime conviction que de là où vous êtes, vous partagez mes appréhensions et mes déchirements.

Votre fils, qui a tant encore à apprendre de vos préceptes et de vos vertus.

Michel Antoine AZAR

Avocat à la cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Cher saint Maron, vous avez fondé en Syrie, sans le savoir et même sans le vouloir, cette communauté monastique actuellement établie principalement sur cette terre bénie du Liban. La seule communauté au monde qui porte le nom de son fondateur, tellement elle était attachée aux valeurs que vous avez intensément vécues et incarnées. Foi, ascétisme, abnégation, pauvreté, sacrifices,...
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