La procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, a annoncé mardi avoir assigné à comparaître en justice le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, ce dernier ayant refusé à trois reprises de se présenter devant elle, dans le cadre d'une enquête sur des accusations de détournement de fonds et de blanchiment d'argent, rapporte l'agence Reuters.
La magistrate avait déjà interdit début janvier au gouverneur de la banque centrale de voyager. Fin janvier, elle avait également interdit à M. Salamé de disposer des ses biens immobiliers et de ses voitures, après une plainte déposée contre lui par le collectif Mouttahidoun.
Dans un pays en plein effondrement économique, où 74% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU, et alors que la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur face au dollar, une large frange de la population, ainsi que plusieurs forces politiques, tiennent le gouverneur de la BDL pour responsable de cette situation.
Riad Salamé fait déjà l'objet d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien au Liban qu'à l'étranger autour de soupçons de fraude, de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite, entre autres allégations. Il a nié à plusieurs reprises ces accusations. Riad Salamé reste soutenu au Liban par plusieurs leaders politiques, notamment le Premier ministre Nagib Mikati. Toutefois, ce dernier a démenti toute ingérence de son gouvernement dans le travail de la justice, après avoir été accusé par certains médias d'avoir effectué des pressions pour mettre fin au travail d'un juge qui cherchait à obtenir des informations de la part de banques locales dans le cadre d'une enquête sur le gouverneur de la banque centrale.
La juge Ghada Aoun est réputée proche du camp politique du chef de l'Etat, Michel Aoun. Ce dernier a accusé lundi la BDL et son patron de "tergiverser délibérément" pour soumettre au cabinet Alvarez & Marsal (A&M) les données réclamées dans le cadre de l’audit juricomptable, qui doit retracer les opérations effectuées par la BDL afin de vérifier qu’aucune n’était frauduleuse. La Banque du Liban s'est défendue le jour même contre ces accusations.
L’audit de la BDL est un des prérequis posés par la communauté internationale pour que le Liban obtienne une assistance financière de la part du Fonds monétaire international (FMI) afin qu’il puisse sortir de la crise économique et financière qu’il traverse depuis deux ans.
commentaires (10)
J’aimerai bien le voir menottes aux mains, il aura l’air moins fier mais toujours aussi louche
Lecteur excédé par la censure
17 h 54, le 02 février 2022