Le Premier ministre libanais Nagib Mikati a démenti mercredi toute interférence de son gouvernement dans le travail de la justice, après avoir été accusé par certains médias d'avoir effectué des pressions pour mettre fin au travail d'un juge qui cherchait à obtenir des informations de la part de banques locales dans le cadre d'une enquête sur le gouverneur de la banque centrale Riad Salamé.
"Nous nous devons de clarifier des informations ayant circulé hier en rapport avec la justice", a déclaré M. Mikati lors d'un événement lié à des questions environnementales. "Il n'est pas vrai que nous nous sommes ingéré dans le travail de la justice ni dans d'éventuelles décisions prises par le pouvoir judiciaire, a-t-il ajouté. Ce que nous avons fait, c'est tout d'abord pour préserver les droits des déposants et, dans un même temps, pour s'assurer qu'aucune atteinte ne soit faite à ce qu'il reste des institutions économiques et financières, pour que notre pays continue, au moins, à rester debout".
Cette mise au point de M. Mikati a été faite alors que le quotidien al-Akhbar (proche du Hezbollah) et d'autres médias locaux l'ont accusé d'avoir contacté le procureur général près la cour de cassation, Ghassan Oueidate, et de l'avoir menacé de démissionner si le juge d'instruction Jean Tannous poursuivait son enquête auprès de plusieurs banques commerciales locales concernant le patrimoine de Riad Salamé. Le juge Tannous avait lancé son instruction à la suite d'une demande d'aide du procureur général en Suisse dans le cadre d'investigations décortiquant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère Raja. Dans le cadre de cette enquête, M. Tannous, accompagné des forces de sécurité, s'était rendu dans plusieurs banques pour obtenir des relevés bancaires du frère de M. Salamé. Des demandes rejetées par les banques.
Le juge Oueidate n'a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters sur cette question et l'agence de presse n'est pas parvenue à contacter Raja Salamé.
Fin décembre, M. Mikati avait apporté son soutien à M. Salamé, affirmant qu'il n'avait aucune intention de se pencher sur un éventuel licenciement au prétexte qu'"on ne change pas d'officiers pendant une guerre". Des propos qui avaient provoqué la colère des formations politiques réclamant que le gouverneur, considéré comme l'un des responsables de la crise financière actuelle, soit limogé. Le camp du président de la République, Michel Aoun, est un des plus virulents critiques à l'encontre du gouverneur de la BDL. Riad Salamé, est tenu par ses détracteurs comme l'un des responsables de la crise économique et financière. Quant au principal intéressé, il rejette systématiquement les accusations lancées contre lui dans le cadre des enquêtes lancées à son encontre au Liban et dans plusieurs pays européens. Il reste soutenu par plusieurs formations politiques au Liban, et bénéficie a priori du soutien de Washington.
Salamé "pas au courant" de l'interdiction de voyager
Cette nouvelle polémique intervient alors que, dans le cadre de procédures parallèles lancées contre Riad Salamé, pour fraude et abus de fonds publics, la procureure général près la cour d'appel du Mont Liban Ghada Aoun a émis mardi une interdiction de voyager contre le gouverneur de la BDL. La magistrate a également convoqué Riad Salamé pour l'interroger, mais la date exacte de cet interrogatoire n'a pas encore été divulguée publiquement. Peu après la diffusion de ces informations, le gouverneur a affirmé ne pas avoir été tenu au courant de cette interdiction de voyager, balayant une nouvelle fois toutes les accusations lancées contre lui et dénonçant une fois de plus une "campagne visant à manipuler l'opinion publique", selon Reuters.
Dans ce cadre, l'ambassade des Etats-Unis au Liban a démenti mercredi dans la journée des informations de presse selon lesquelles l'ambassadrice Dorothy Shea aurait évoqué lors d'un entretien avec le président du Parlement, Nabih Berry, la question de la BDL, quelques heures avant que ne fuite l'information concernant l'interdiction de voyager à l'encontre de Riad Salamé. "Nous avons été surpris par des informations de presse selon lesquelles la Banque du Liban a fait l'objet de discussions entre l'ambassadrice Shea et le président (de la Chambre Nabih) Berry hier", peut-on lire sur le compte Twitter de l'ambassade américaine à Beyrouth. "Les discussions ont porté sur le Parlement et la prochaine visite (au Liban) d'un responsable au département d'Etat américain", précise-t-elle.
L'ambassade réagissait à des informations rapportées mercredi par le quotidien al-Joumhouria qui affirme que lors de son entretien avec M. Berry, Mme Shea aurait dit "parier sur la sagesse" du chef du Législatif pour empêcher "tout comportement dangereux" à l'encontre de M. Salamé, "dans la mesure où son maintien (à son poste) est important à l'heure actuelle".
commentaires (9)
Tiens les "Rats" se battent lorsque le bateau coule ! Réaction Classique ! Un Corrompu qu'il soit Premier ministre ou non, en habit de Versace ou non, Reste un Corrompu ! Viva la politique du Liban ! Une bande de corrompue qui mène le pays dans le gouffre socio-économique !
Marwan Takchi
18 h 05, le 13 janvier 2022