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Société - Églises

Un colloque sur Jean-Paul II et le « Liban-message » à Kaslik, en présence du n° 3 du Saint-Siège

L'archevêque Gallagher abordera avec les hautes autorités du pays la possibilité d’une visite pastorale du pape François au Liban en 2022.

Un colloque sur Jean-Paul II et le « Liban-message » à Kaslik, en présence du n° 3 du Saint-Siège

La messe en plein air de Jean-Paul II à Beyrouth, le 11 mai 1997 : un souvenir mémorable. Photo DR

Du haut de ses 26 ans de règne (1978-2005), le « grand pape » Jean-Paul II, aujourd’hui canonisé, a dominé son époque et la vie de l’Église. Une révérence particulière est toujours réservée au Vatican pour sa personne et sa conduite des affaires de l’Église catholique. Témoin personnel des ravages des deux principaux totalitarismes du XXe siècle, le communisme et le nazisme, Jean-Paul II embrasse l’horizon d’un siècle sanglant sans exemple dans l’histoire du monde. C’est cet homme, qui aurait dû succomber en mai 1981 sous les balles d’un tueur des Loups gris, qui a singularisé le Liban en le considérant comme « plus qu’un pays, un message de pluralisme et de tolérance pour l’Orient et l’Occident », dans un appel lancé aux évêques du monde entier, le 7 septembre 1989.

Galvaudé, défraîchi, le slogan « Liban-message » a perdu de sa profondeur, de son impact. C’est pour en retrouver la force que le Vatican, l’ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège Farid el-Khazen et l’Université Saint-Esprit de Kaslik ont uni leurs efforts pour organiser un colloque sur le thème « Jean-Paul II et le Liban ». L’idée a pris forme et le colloque se tiendra les 2 et 3 février à l’Université Saint-Esprit, confirme l’ancien recteur de l’USEK le P. Karam Rizk. Son principal invité sera l'archevêque Paul Gallagher, secrétaire d’État du Vatican pour les relations extérieures (l’équivalent d’un ministre des Affaires étrangères), un redoutable spécialiste des questions internationales et un proche collaborateur du pape François. Il en ouvrira les travaux.

Visites officielles et « périphériques »
L’idée du colloque remonte à 2020. Il s’agissait au départ de commémorer le 25e anniversaire de la tenue d’une assemblée spéciale du synode des évêques consacrée au Liban (1995) et le voyage que Jean-Paul II fit au Liban en mai 1997, pour en remettre l’Exhortation apostolique postsynodale à l’Église locale. Cette commémoration fut ajournée en raison de la pandémie du Covid-19 qui avait éclaté cette année-là. Aujourd’hui, sauf surprise, le colloque se concrétisera les 2 et 3 février.

Pour mémoire

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Outre sa participation à la séance inaugurale du colloque et en fidèle représentant du pontificat du pape François, l'archevêque Paul Gallagher ne limitera pas ses visites aux officiels libanais et aux instances religieuses du pays, mais l’étendra à « l’Église des pauvres » et aux périphéries, aux migrants, réfugiés et « damnés de la terre » que le pape des favelas sud-américaines tient particulièrement à inclure dans sa pastorale, assurent des sources diplomatiques. L'archevêque Gallagher abordera aussi, avec les hautes autorités du pays, la possibilité d’une visite pastorale du pape François au Liban en 2022, assure-t-on de bonne source à L’Orient-Le Jour. Et de préciser que cette visite, si elle doit avoir lieu, se fera entre les deux échéances électorales prévues cette année, les législatives de mai et la présidentielle d’octobre, si les conditions de stabilité politique et sécuritaire sont réunies. « C’est donc aux Libanais de jouer », ajoute la source citée.

L’esprit du « vivre-ensemble » et sa lettre
Le colloque lui-même s’ouvrira sur un volet historique, suivi des volets consacrés aux relations islamo-chrétiennes, au vivre-ensemble, à l’éducation, à la culture et aux libertés, enfin au document sur la fraternité humaine d’Abou Dhabi (2019) et à la mission du Liban. Dans cette riche thématique, le colloque ne devrait pas omettre sans doute l’œcuménisme. Il se tiendra en marge de toute actualité politique, en particulier de la proposition de neutralité du Liban défendue par le patriarche maronite Béchara Raï, qui ne fait pas l’unanimité des Libanais.

C’est l’esprit du « vivre-ensemble » plutôt que sa lettre qui sera au cœur du colloque, assure l’ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège. Un vivre-ensemble défini par le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, envoyé au Liban par Jean-Paul II en avril 2000, comme étant fait « d’égalité civique et de communauté culturelle ».

« Mais il ne s’agit pas de se gargariser de mots », précise l’ambassadeur Farid el-Khazen. Tout en admettant que sans un effort de la communauté internationale, dans le contexte géopolitique actuel, le Liban ne peut retrouver sa libre décision, le diplomate estime que les Libanais doivent réaliser qu’ils ne peuvent rester indéfiniment « une population diplomatiquement assistée », un peuple prompt à réclamer la protection du monde, mais avare d’efforts « pour accomplir à l’interne ses propres devoirs ». Et de se souvenir qu’à son passage au Liban, Jean-Paul II avait notamment lancé : « Libanais, vous me demandez des miracles, c’est à vous de les accomplir. »

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L’importance accordée par Jean-Paul II au modèle libanais n’a pas changé, malgré les importants développements survenus depuis les années 90 du siècle dernier, souligne l’ambassadeur Farid el-Khazen. Le pape François a inscrit son action pastorale dans le sillage de son prédécesseur, en se rendant en Terre sainte, puis en Égypte, aux Émirats arabes unis et, enfin, cette année en Irak, a-t-il rappelé, avant d’évoquer la journée de prière œcuménique du 1er juillet au Vatican, à laquelle furent conviés les chefs des Églises orientales.

« Nous, pasteurs, avons vu toutes nos opacités »
Cette journée s’était conclue par une prière œcuménique pour la paix dans la basilique Saint-Pierre. Dans son message au terme de la prière, le saint-père avait déploré la division et les manquements des chrétiens en ces termes : « Nous, pasteurs, soutenus par la prière du saint peuple de Dieu en ce moment sombre, nous avons cherché ensemble à nous tourner vers la lumière de Dieu. Et à sa lumière, nous avons vu avant tout nos opacités : les erreurs commises lorsque nous n’avons pas témoigné de l’Évangile avec cohérence et jusqu’au bout, les occasions perdues sur la voie de la fraternité, de la réconciliation et de la pleine unité. »

Reprenant les trois mots-clés de la formule de Jean-Paul II, « message, tolérance et pluralisme », le pape François avait conclu : Le Liban « est un message universel de paix et de fraternité qui s’élève du Moyen-Orient », dont « la vocation est celle d’être une terre de tolérance et de pluralisme, une oasis de fraternité où religions et confessions différentes se rencontrent, où communautés diverses cohabitent en mettant le bien commun avant les intérêts particuliers ». Tout un programme pour une nation en devenir qui continue de chercher comment traduire son identité à la fois riche et complexe en institutions viables.

L'archevêque Paul Gallagher, chef de la diplomatie du Vatican. Vatican News

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