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Nos Lecteurs ont la Parole

On a assassiné le père Noël...

Si, vers l’âge de six ou sept ans, on cesse de croire au père Noël, nous, Libanais, avons bien tardé à nous rendre à l’évidence. Ignorant comme les petits enfants tous les signes qui auraient pu nous mettre la puce à l’oreille, nous avons choisi de perpétuer le mythe.

Les chaussettes du père Noël ressemblent à celles de tonton Élie ? Sa moustache se détache sur les bords ? Il y a des clins d’œil complices entre les adultes quand il arrive ?

Les enfants ferment les yeux sur tous ces indices révélateurs car ils veulent entretenir un imaginaire qui leur convient.

De même pour nous ! Nous avons préféré ne pas poser de questions sur les intérêts exorbitants offerts subitement par les banques. Nous n’avons pas voulu croire que la double explosion qui a emporté la moitié de notre capitale n’était pas accidentelle mais criminelle. Nous n’avons pas pensé qu’il y avait un plan visant à nous déposséder de tout, nous laissant démunis, totalement à leur merci, vivant la peur au ventre de manquer de pain, de médicaments ou d’essence. Finie la douceur de vivre bien propre à notre pays. Un chaos infernal a pris sa place. Les moindres conflits exacerbent les paranoïas. Humiliés, désespérés, englués dans une situation sans issue, nous vivons désormais seuls, isolés du monde entier, comme des pestiférés.

La plaque tournante du Moyen-Orient a changé d’adresse. La magie a pris fin. Le père Noël a cédé la place au père Fouettard.

Si, à l’heure de la mort, l’être humain voit défiler devant ses yeux toute sa vie, tous ses actes, le tableau sera sombre pour nos dirigeants. Sombre comme ces ténèbres dans lesquelles ils nous ont enfoncés, mais pas aussi sombre que les ténèbres sinistres et infernales qui vont les engloutir à jamais...

Quant à nous, finis les guirlandes, les milliers de cadeaux sous le sapin, les tables de réveillon croulant sous les repas pantagruéliques ! Nous reviendrons au vrai sens de la Nativité: un nouveau-né dans une étable. Jésus, notre sauveur et notre seul espoir.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Si, vers l’âge de six ou sept ans, on cesse de croire au père Noël, nous, Libanais, avons bien tardé à nous rendre à l’évidence. Ignorant comme les petits enfants tous les signes qui auraient pu nous mettre la puce à l’oreille, nous avons choisi de perpétuer le mythe.Les chaussettes du père Noël ressemblent à celles de tonton Élie ? Sa moustache se détache sur les bords ? Il y...

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