Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, a affirmé une nouvelle fois, jeudi, que la convocation à un Conseil des ministres, sans un minimum d'entente politique, "attiserait les tensions et compliquerait les choses". Répondant ainsi implicitement au président de la République, Michel Aoun, qui plaide pour une réunion gouvernementale même si elle devait être boycottée par les ministres chiites. Le chef du gouvernement continue donc, deux mois plus tard, de s'abstenir de réunir son équipe, signe de la persistance de la profonde crise politique dans le pays.
"Faux-pas"
Les ministres du tandem chiite Hezbollah-Amal s'opposent aux réunions du gouvernement, en raison de leur désaccord sur l'enquête menée par le juge Tarek Bitar sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Si le Hezbollah plaide pour une mise à l'écart du juge, le mouvement Amal du président du Parlement, Nabih Berry, appelle pour sa part à la mise en place d'une Haute cour chargée de juger les ministres et les présidents, ce qui est perçu par nombre d'observateurs comme une tentative de torpiller l'enquête.
"Il est vrai que l'action du gouvernement se poursuit à travers les réunions avec les ministères et les administrations concernées. Mais l'absence de réunions du Conseil des ministres est une faille que nous tentons calmement de colmater afin de réunir le gouvernement au grand complet, sans faire de faux-pas", a lancé M. Mikati, devant un comité chargé de la mise en application de résolutions onusiennes relatives à la situation des femmes, à la paix et à la sécurité. "Convoquer un Conseil des ministres, dans le contexte actuel, sans assurer un minimum d'entente, attiserait les tensions et compliquerait les choses", a estimé le chef du gouvernement. En début de semaine, il avait tenu des propos similaires devant l'émissaire français Pierre Duquesne, lors de sa tournée à Beyrouth.
"L'heure n'est plus au blocage"
Le lendemain, le président Aoun, qui entame la dernière année de son mandat avec un bilan négatif dans un pays en plein effondrement, s'était alors prononcé en faveur de la tenue d'une séance gouvernementale, "même si elle sera boycottée". C'est la première fois que le chef de l'Etat s'exprimait aussi clairement pour une relance du Conseil des ministres, contre la volonté de son allié de longue date, le Hezbollah. Pour sa part, Nabih Berry avait affirmé mercredi qu'il était prêt à "se rendre à pied" au palais présidentiel de Baabda s'il percevait des signaux positifs pour une résolution de la crise.
"L'heure n'est plus au blocage, ni aux conditions et contre-conditions, alors que l'effondrement exige des efforts communs en vue de solutions", a estimé Nagib Mikati, appelant "tout le monde à ne plus utiliser le gouvernement comme une plateforme pour un bras de fer politique futile". "Nous avons du pain sur la planche, notamment à travers des décisions pour sauver le pays, (...)", a ajouté M. Mikati.
commentaires (11)
Ces deux Amal et Hezbollah ont la conscience sale ils sont maudits , pensons à la Divine Comédie ils iront directement à l’enfer
Eleni Caridopoulou
20 h 12, le 17 décembre 2021