
Le président du Parlement Nabih Berry (d.) recevant à Aïn el-Tiné le chef du CPL Gebran Bassil. Photo d’archives Parlement libanais
Le président de la République Michel Aoun et le Courant patriotique libre, dirigé par son gendre Gebran Bassil, veulent voir le gouvernement Mikati reprendre vie... et ce le plus vite possible. C’est pour cette raison qu’ils seraient actuellement engagés dans des négociations avec le président du Parlement Nabih Berry, en quête d’un compromis à la libanaise chapeauté par le Hezbollah. Le package deal en gestation consisterait en un troc dont les parties impliquées sortiraient gagnantes : la redynamisation de la Haute Cour chargée de juger les présidents et ministres contre l’acceptation par le Conseil constitutionnel du recours en invalidation de la loi électorale présenté par la formation aouniste.
Le gouvernement de Nagib Mikati ne s’est plus réuni depuis le 12 octobre dernier. Ce jour-là, le tandem chiite avait agité le spectre d’une démission des ministres chiites si le cabinet ne limogeait pas Tarek Bitar, le juge en charge de l’enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth. Depuis, les ministres chiites boycottent le cabinet qui se retrouve incapable de siéger. Cerise sur le gâteau : la brouille avec les monarchies du Golfe causée par les propos polémiques du ministre de l’Information Georges Cordahi sur le rôle de l’Arabie saoudite dans la guerre du Yémen. Le Hezbollah refuse la démission du ministre concerné, malgré les appels en ce sens lancés par le Premier ministre et plusieurs protagonistes.
Sauf que le camp présidentiel n’est plus en mesure de tolérer cette léthargie et ne cache plus sa colère. La paralysie gouvernementale devient en effet un fardeau que le mandat ne peut plus porter, à quelques mois de la fin du sexennat en octobre 2022. « Nous ne resterons pas les bras croisés face au blocage du gouvernement qui est un crime », a lancé Gebran Bassil dans un entretien publié samedi par le quotidien ad-Diyar. « Le cabinet doit se réunir. Sinon, il vaut mieux qu’il ne soit pas maintenu », a ajouté le leader aouniste. Réuni samedi, le bureau politique du Courant patriotique libre a emboîté le pas à son chef et appelé à « libérer le gouvernement des considérations qui bloquent son action », voyant dans la paralysie du cabinet « une entorse à la Constitution et une injustice à l’égard des Libanais ». Cette même colère s’est fait sentir hier chez le patriarche maronite Béchara Raï. « Il est inacceptable que le Conseil des ministres demeure pris en otage par telle ou telle partie, alors qu’il est le principal pouvoir concerné par le sauvetage », a-t-il lancé dans son homélie dominicale.
Un troc en coulisses ?
Malgré le ton virulent employé par le CPL, celui-ci serait en pleines discussions menées loin des projecteurs pour une sortie de crise. De sources concordantes, on indique à L’Orient-Le Jour qu’il serait actuellement question d’un compromis politique élargi qui « réglerait » aussi bien le différend autour de l’affaire Bitar que la mésentente entre le président de la Chambre et le camp aouniste autour des amendements récemment apportés à la loi électorale. Le package deal porterait sur des concessions faites des deux côtés : le CPL assurerait le quorum requis pour la tenue d’une séance parlementaire durant laquelle serait débattue la question de déférer les responsables politiques poursuivis dans le cadre de l’enquête du port devant la Haute Cour formée à cet effet. Tarek Bitar serait alors uniquement chargé d’interroger les responsables sécuritaires et administratifs. En contrepartie, ajoute une source informée des contacts en cours, le recours en invalidation des amendements apportés à la loi électorale présenté par le CPL devant le Conseil constitutionnel serait accepté. Si les discussions portaient leurs fruits, les parties impliquées en sortiraient gagnantes : le tandem chiite obtiendrait que Tarek Bitar soit écarté du volet politique de l’enquête sur la tragédie du port. Quant à Gebran Bassil, il obtiendrait que les élections se tiennent en mai 2022 et non en mars, mais aussi que le vote des émigrés soit limité à six députés qui formeraient une seizième circonscription, en lieu et place d’un vote des Libanais de la diaspora pour les 128 sièges de l’Assemblée. Samedi, le communiqué du bureau politique du parti de Gebran Bassil avait déjà donné le ton. « Le CPL estime que tout problème lié à l’enquête du port devrait être réglé au Parlement et par les pouvoirs judiciaires compétents », peut-on lire dans le texte. Il s’agit là d’un revirement dans la position du courant aouniste dont les députés s’étaient abstenus en août dernier, aux côtés de plusieurs autres députés, de prendre part à une séance parlementaire consacrée à l’enquête du port. « Il ne s’agit pas d’un marché conclu avec Nabih Berry, que nous avons attaqué dans notre communiqué samedi (sur la question de la paralysie du gouvernement). Mais il est temps de réactiver les institutions, dont la Chambre et le Conseil des ministres », explique à L’Orient-Le Jour, Eddie Maalouf, député CPL du Metn. Il ne confirme pas toutefois un vote pour que les responsables politiques soient déférés devant la Haute Cour. Cela risque en effet de provoquer la colère de la rue chrétienne contre le camp de Michel Aoun et Gebran Bassil. Pour le moment, il s’agirait uniquement d’assurer le quorum à la tenue de la séance parlementaire. Pour assurer les voix requises, Nabih Berry devra pouvoir compter sur le soutien de Walid Joumblatt et de Saad Hariri. Rien n’est donc encore joué.
Parallèlement à ces calculs d’épicier, le forcing international en faveur d’un déblocage de la crise se poursuit. Le dossier libanais a été ainsi évoqué entre le président français Emmanuel Macron et le pape François au Vatican vendredi dernier. Il sera aussi au menu des entretiens de M. Macron avec les responsables saoudiens et émiratis qu’il rencontrera lors de son déplacement à Riyad et Abou Dhabi, début décembre. Le président Michel Aoun sera lui aussi en déplacement au Qatar cette semaine.
Le président de la République Michel Aoun et le Courant patriotique libre, dirigé par son gendre Gebran Bassil, veulent voir le gouvernement Mikati reprendre vie... et ce le plus vite possible. C’est pour cette raison qu’ils seraient actuellement engagés dans des négociations avec le président du Parlement Nabih Berry, en quête d’un compromis à la libanaise chapeauté par le...
commentaires (22)
ET DEMAIN BASSIL ET NASRALLAH DIRONT MAIN DANS LA MAIN QU'ILS ONT DEFENDU LE PAYS ONTRE L'AGRESSION D'ISRAEL ET TOUS LEURS MOUTONS LES CROIRONT PUISQUE NASRALLAH EST UN SAINT ET AOUN EST A LA DROITE DE DIEU ET JESUS A LA GAUCHE DE DIEU COMME DISAIT UNE MEMBRE DU CPL LORS DES MANIFESTATIONS A BAABDAT CONTRE AOUN IL N' Y PAS SI LONGTEMPS DE CELA LA VERITE: L'ONU DOIT METTRE LA MAIN SUR LE PAYS SI NOUS VOULONS AVOIR UNE SEULE CHANCE DE NOUS EN SORTIR
LA VERITE
23 h 41, le 01 décembre 2021