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Société - Enquête Congo Hold-up

Tout ce qu’il faut savoir sur le volet libanais de l’enquête « Congo Hold-up »

Tout ce qu’il faut savoir sur le volet libanais de l’enquête « Congo Hold-up »

L’investigation « Congo Hold-up » lève le voile sur certains des secrets les mieux gardés de la République démocratique du Congo. Elle comporte aussi un volet libanais.

Après une enquête de plus de six mois, coordonnée par le consortium European Investigative Collaborations (EIC) en collaboration avec plus d’une vingtaine d’ONG et de médias, dont L’Orient-Le Jour, RFI, De Standaard, NRC, Public Eye, BBC AFrique, pour exploiter les documents issus de la plus grosse fuite financière d’Afrique, l’investigation « Congo Hold-up » lève le voile sur certains des secrets les mieux gardés de la République démocratique du Congo (RDC). La fuite de plus de 3,5 millions de documents et de détails concernant des millions de transactions issues de la BGFIBank, obtenus par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte d’Afrique (PPLAAF) et le site d’informations français Mediapart et partagés avec leurs partenaires, révèle comment 138 millions de dollars d’argent public ont été détournés dans ce pays. Mais certaines de ces révélations ont aussi une couleur libanaise. Et pour cause, la filiale congolaise de la banque, qui appartient au clan de Joseph Kabila, l’ancien président de la RDC, compte parmi ses plus gros clients une nébuleuse d’entreprises liées à la fratrie libanaise Tajeddine. Cette famille originaire de Hanaouay, au Liban-Sud, a défrayé la chronique à plusieurs reprises par le passé. En Belgique, certains de ses membres ont été condamnés pour blanchiment d’argent et fraude. Aux États-Unis, trois des frères ont été placés sur la liste noire de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), accusés d’être des contributeurs financiers majeurs du Hezbollah. Au Congo, où elle est bien introduite auprès du clan Kabila, la famille est à la tête d’un empire commercial, qui comprend l’emblématique Congo Futur, un conglomérat industriel à la réputation controversée, placé sur liste noire par l’OFAC depuis 2010.

Voilà ce que l’enquête a révélé sur Congo Futur et plus généralement sur le clan Tajeddine :

– Les données de la banque BGFI ont mis en lumière l’existence d’un réseau de sociétés, officiellement indépendantes de Congo Futur, mais effectivement géré par les mêmes individus. Ces entreprises ont pu prospérer avec le concours de la BGFI de 2012 à 2017. Cette dernière leur a permis d’accéder au système bancaire international.

– Les entreprises de ce réseau ont ainsi transféré quelque 91 millions de dollars vers des comptes aux Émirats arabes unis appartenant à Kassem Tajeddine. Cet autre membre de la fratrie, sanctionné par les États-Unis en 2009, a reconnu devant la justice américaine en 2018 avoir utilisé ces comptes pour blanchir de l’argent. Ces entreprises ont par ailleurs effectué d’importants transferts de nature suspecte entre elles, impliquant des transactions de centaines de milliers de dollars par virements uniques, ainsi que de larges dépôts en liquide, sans aucune référence à des marchandises échangées.

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– Les documents fuités montrent également que l’une des entreprises de ce réseau a transféré plus de un million de dollars à une société-écran sous le contrôle effectif du clan Kabila et par ailleurs impliquée dans un scandale de détournement de fonds révélé par « Congo Hold-up ».

– La fuite montre par ailleurs que 11 millions de dollars ont été transférés de la BGFI vers Bankmed Suisse. Ces transferts ont été réalisés depuis des comptes appartenant à des entreprises liées à Congo Futur vers un compte lié à Kassem Tajeddine, malgré les sanctions américaines. Les banques correspondantes et certains employés de la BFGI avaient pourtant sonné l’alerte à plusieurs reprises, mais les transferts ont continué entre 2011 et 2015.

– Enfin, quelque 7,14 millions d’euros de fonds européens ont été versés à une société appartenant au réseau Congo Futur qui, à son tour, a transféré des millions sur des comptes contrôlés par Kassem Tajeddine.

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Vous avez des questions sur cette enquête, ses conclusions, sa réalisation ? Posez-les à notre journaliste Nada Maucourant Atallah, en envoyant un email à redaction@lorientlejour.com, elle vous répondra demain jeudi sur www.lorientlejour.com à 17h (heure Beyrouth).


Après une enquête de plus de six mois, coordonnée par le consortium European Investigative Collaborations (EIC) en collaboration avec plus d’une vingtaine d’ONG et de médias, dont L’Orient-Le Jour, RFI, De Standaard, NRC, Public Eye, BBC AFrique, pour exploiter les documents issus de la plus grosse fuite financière d’Afrique, l’investigation « Congo Hold-up » lève le voile sur...

commentaires (3)

La haute finance et le terrorisme, même racines, même combat.

Christine KHALIL

12 h 08, le 24 novembre 2021

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Commentaires (3)

  • La haute finance et le terrorisme, même racines, même combat.

    Christine KHALIL

    12 h 08, le 24 novembre 2021

  • Pourquoi existe il des société sur liste noire ? Soit il sont légaux, ou bien ils sont fermés et leurs capiteaux bloqués ou remises aux peuples des l'état concernés !

    Sarkis Dina

    08 h 37, le 24 novembre 2021

  • En résumé, pas de fumée sans feu.

    Esber

    00 h 22, le 24 novembre 2021

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