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Économie - Enquête Congo Hold-up

Qu’est-ce que « Congo Hold-up », la plus grosse fuite de données financières d’Afrique?

L’enquête à laquelle L'Orient-Le Jour a participé, qui s’appuie sur la plus grande fuite de données jamais survenue en Afrique, a aussi un volet libanais. Elle révèle comment la branche congolaise de la BGFIBank a aidé un empire commercial libanais, accusé par les États-Unis de financer le Hezbollah, à contourner les sanctions américaines.

Qu’est-ce que « Congo Hold-up », la plus grosse fuite de données financières d’Afrique?

Il s’agit de la plus grande fuite de données jamais survenue en Afrique : l’enquête « Congo Hold-up », fruit de plus de six mois de travail sur ces données, révèle comment plus de 138 millions de dollars de fonds publics de la République démocratique du Congo (RDC) ont été détournés entre 2013 et 2018, principalement au profit de l’entourage de l’ancien président, Joseph Kabila, avec l’aide de la banque privée BGFI en RDC. Une fraude qui s’explique par les liens entre la filiale congolaise et le clan Kabila : la BGFI RDC, dont la maison mère est basée au Gabon, était dirigée de 2011 à 2018 par Selemani Francis Mtwale, le frère adoptif de l’ancien président. À l’ouverture de la filiale en 2010, la sœur de Kabila, Gloria Mteyu, détient 40 % du capital.

La Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et le journal d’investigation français Mediapart ont obtenu plus de 3,5 millions de documents confidentiels issus du Groupe BGFIBank, dont des relevés bancaires, des courriels, des contrats, des factures et des dossiers d’entreprise, ainsi que les détails de millions de transactions bancaires sur plus d’une décennie. Ces documents, partagés avec le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), et ses partenaires médias dont L’Orient-Le Jour, exposent les mécanismes ingénieux mis en place par la banque pour aider le clan présidentiel à s’enrichir en puisant dans les caisses de l’État.

En plus des 138 millions de dollars détournés, qui représentent l’équivalent de 250 000 années de salaire moyen en RDC, l’enquête révèle que 33 millions de dollars ont été déposés en espèces et que 72 millions de dollars d’origine inconnue ont transité par un compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo. Soit un total de 243 millions de dollars de fonds publics et suspects collectés par l’entourage proche de Joseph Kabila sur des comptes à la BGFI. Selemani Francis Mtwale, Gloria Mteyu, Joseph Kabila, la BGFIBank et sa filiale congolaise n’ont pas répondu aux nombreuses sollicitations du consortium.

Le groupe BGFIBank, premier groupe bancaire d’Afrique centrale avec 3,5 milliards d’euros en dépôts et 2 200 employés répartis dans onze pays, n’en est pas à son premier scandale financier. Le plus connu étant celui des « biens mal acquis », avec une enquête ouverte par le pôle financier du tribunal de Paris en 2010, dans laquelle la famille de l'ancien président gabonais Omar Bongo est suspectée d’avoir utilisé BGFIBank Gabon et la banque française BNP Paribas pour l’acquisition d’au moins 35 millions d'euros de biens immobiliers en France entre 1996 et 2008. En octobre 2016, c’est une affaire impliquant cette fois la filiale RDC, qui est dévoilé dans les colonnes du quotidien belge Le Soir : les « Lumumba Papers », une fuite de documents internes divulgués par l’ancien chef du département des engagements de la BGFI RDC, Jean-Jacques Lumumba. Ces révélations mettent en lumière les activités suspectes de la filiale congolaise : retraits douteux, chèques non justifiés, versements suspects de la Banque centrale du Congo à Egal, une société privée détenue par un proche de Kabila, ou encore transactions suspectes entre la BGFI et la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ces révélations seront ensuite approfondies par deux ONG, aujourd’hui partenaires de « Congo Hold-up », PPLAAF et The Sentry, puis par Jeune Afrique, en 2017 et 2018. Elles déclenchent une série d’audits internes, auxquels « Congo Hold-up » a eu accès, particulièrement graves pour la banque, mais également insuffisamment poussés. Cette première fuite n’a cependant pas permis de mettre fin aux malversations de la banque, malgré la mutation discrète en mai 2018 de Francis Selemani au siège gabonais.

Malgré les sanctions américaines

Au cours des prochaines semaines, les partenaires de « Congo Hold-up », soit une centaine de contributeurs travaillant pour 19 médias et cinq ONG répartis dans 18 pays, exposeront les malversations les mieux cachées de la BGFIBank. Interrogé par les partenaires de l’enquête, le patron de l’Inspection générale des finances (IGF) de RDC, Jules Alingete, n’y va pas par quatre chemins : « Pour moi, BGFI est une banque mafieuse. C’est un inspecteur général qui parle, après avoir mené ses enquêtes. C’est inacceptable ce qu’il s’est passé. »

À partir de cette fuite de données sans précédent en Afrique, le consortium révélera des affaires inédites au cœur de la kleptocratie congolaise, entre détournements massifs de fonds publics et scandales de corruption, dont des millions versés au clan Kabila par des entreprises chinoises impliquées dans de gros projets de mines congolaises. La société-écran Sud Oil, sous le contrôle effectif de Selemani Francis Mtwale, et ses antennes, qui ont permis de détourner plus de 92 millions de fonds publics via la BGFI RDC, seront au cœur du premier épisode de cette série « Congo Hold-up » selon les recherches de Mediapart.

L’Orient-Le Jour dévoilera, pour sa part, la semaine prochaine une série d’articles sur l’aspect libanais du scandale financier et notamment comment la BGFIBank RDC a aidé à l’expansion de l’empire commercial d’un réseau de Libanais, accusé par les États-Unis de financer le Hezbollah, et qui avait déjà été mis en cause par l’enquête de The Sentry. La plongée dans les documents obtenus révèle en effet comment la banque congolaise a permis à cette nébuleuse d’entreprises de prospérer pendant des années en lui permettant d’accéder au système bancaire international, malgré les sanctions américaines. Ces liens privilégiés se concrétisent par ailleurs dans les deux sens : une de ces entreprises a ainsi transféré plusieurs millions de dollars à la société écran sous contrôle de Selemani Francis Mtwale.

Les transferts massifs à l’international, de l’ordre d’une centaine de millions de dollars, ont été réalisés malgré de nombreux signaux d’alerte. Une autre de ces compagnies appartenant au réseau libanais ira jusqu’à recevoir des millions d’euros de subventions d’un fonds de développement international.

Il s’agit de la plus grande fuite de données jamais survenue en Afrique : l’enquête « Congo Hold-up », fruit de plus de six mois de travail sur ces données, révèle comment plus de 138 millions de dollars de fonds publics de la République démocratique du Congo (RDC) ont été détournés entre 2013 et 2018, principalement au profit de l’entourage de l’ancien président, Joseph...

commentaires (5)

Intéressant. On se demande comment Média part arrive toujours à mettre la main sur des documents classés ultra confidentiels et sensibles lorsqu’aucun journal libanais ne réussi à divulguer les dossiers qui traînent dans les bureaux et qui sont connus par tous et qui révèlent des crimes, vols et abus de biens publics de tous ces vendus à la tête de l’état,au sein du parlement et du gouvernement, à la banque centrale où le gouverneur, qui n’a jamais été inquiété par eux, les milices armées etc… faut il penser l’impensable et croire qu’ils sont tous été achetés ou vendus, selon? Ou mettre ça sur le dos de la lâcheté qui n’a jamais été connu à ce jour dans ce domaine. Ils incapables d’assumer leur rôle de transmetteurs d’idées et de débats en censurant leurs lecteurs alors comment aspirer à plus important? Nous avons toujours joui d’une réputation peu flatteuse et il serait temps de la changer. Dans toutes les guerres les médias ont joué un rôle essentiel en prenant des positions fortes et courageuses pour aider leur pays à s’en sortir alors pourquoi le Liban fait exception. Je n’exclus aucun média, ils sont tous concernés par leur silence sur des crimes et sûr beaucoup d’événements qu’ils semblent ignorer en ne les couvrant pas quand des citoyens manifestent et se rebellent sans un mot des médiats sur leurs activités mais avec beaucoup d’excès de zèle pour nous gaver au quotidien des débilités prononcés par les vendus leurs amis. Il fallait que ça soit dit

Sissi zayyat

17 h 12, le 20 novembre 2021

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Commentaires (5)

  • Intéressant. On se demande comment Média part arrive toujours à mettre la main sur des documents classés ultra confidentiels et sensibles lorsqu’aucun journal libanais ne réussi à divulguer les dossiers qui traînent dans les bureaux et qui sont connus par tous et qui révèlent des crimes, vols et abus de biens publics de tous ces vendus à la tête de l’état,au sein du parlement et du gouvernement, à la banque centrale où le gouverneur, qui n’a jamais été inquiété par eux, les milices armées etc… faut il penser l’impensable et croire qu’ils sont tous été achetés ou vendus, selon? Ou mettre ça sur le dos de la lâcheté qui n’a jamais été connu à ce jour dans ce domaine. Ils incapables d’assumer leur rôle de transmetteurs d’idées et de débats en censurant leurs lecteurs alors comment aspirer à plus important? Nous avons toujours joui d’une réputation peu flatteuse et il serait temps de la changer. Dans toutes les guerres les médias ont joué un rôle essentiel en prenant des positions fortes et courageuses pour aider leur pays à s’en sortir alors pourquoi le Liban fait exception. Je n’exclus aucun média, ils sont tous concernés par leur silence sur des crimes et sûr beaucoup d’événements qu’ils semblent ignorer en ne les couvrant pas quand des citoyens manifestent et se rebellent sans un mot des médiats sur leurs activités mais avec beaucoup d’excès de zèle pour nous gaver au quotidien des débilités prononcés par les vendus leurs amis. Il fallait que ça soit dit

    Sissi zayyat

    17 h 12, le 20 novembre 2021

  • Bien dis! les soi-disant modérateurs de l'OLJ font un boulot fantastique qui aide bien la classe politique local. Honte à des Journalistes sans liberté!

    Assouad Fady

    16 h 28, le 19 novembre 2021

  • PAS DE COMMENTAIRE. LA CENSURE NOUS FAIT TAIRE. C,EST LA DEMOCRATIE A L,OLJ.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 51, le 19 novembre 2021

  • Concernant les libanais d’afrique et le Hezbollah . Il suffit de voir les commentaires de ces libanais, sur les réseaux sociaux, qui pour la plupart n’y vont que rarement au liban ( ou pour tourisme) mais défendent becs et ongles le Hezbollah, juste parce qu’ils sont de la même communauté religieuse et pour certains adoptent une attitude anti israélienne primaire sans connaître l’histoire du liban, sa culture, ses périodes d’occupation étrangères et toutes les agressions menées par les palestiniens OLP et front de refus durant des décennies, à partir du sud liban…( agressions qui déclenchent évidemment ripostes et survols continus de l’aviation israélienne au dessus du Sud liban) ils ne voient le liban que du prisme Hezbollah et du Sud. .. donc ils croient que le Hezbollah défend le liban ou même les chiites. Le gros du fric du Hezbollah provient d’iran certes mais aussi , des libanais d’afrique de l’Ouest notamment

    LE FRANCOPHONE

    14 h 37, le 19 novembre 2021

  • 250M? Petits joueurs! Au Liban ils ont un diplôme de PhD pour ça.

    Bachir Karim

    14 h 16, le 19 novembre 2021

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