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Nos Lecteurs ont la Parole

Grand Lycée de Beyrouth, début des années 70

Cette fois, ce n’était plus un exercice. Nous devions descendre, toutes les classes, du 3e étage au 1er étage, pour nous planquer dans un sous-sol de l’école. Une sorte de grand hall de transit, je me souviens bien de son odeur, vive et sucrée, essence mélangée à de la graisse et des effluves de cuisine. On faisait cela dans la joie. Enfin ! quelque chose qui nous sortait de l’ordinaire. Une fois, étant arrivé sur le palier de l’escalier d’où l’on découvre la vue au sud, j’avais aperçu rapidement un avion qui passait dans un grondement sourd. Il larguait des petites étoiles brillantes (des leurres ?) et disparaissait, bien avant son bruit.

En ce temps, nous étions en conflit ouvert avec les Israéliens. Règlements de comptes, représailles. Tout cela à la barbe et au nez des autorités, en plein jour aussi.

À l’école, il y avait des vrais anti-israéliens parmi les écoliers. Des gosses qui suivaient et répétaient ce qu’ils entendaient dans leurs familles.

Un copain avait dessiné une étoile de David sur la semelle de sa chaussure. Rageur, il se démenait, dans une expression jouissive : « Tiens, regarde ce que je fais moi des Israéliens », en trépignant et en sautant violemment sur son pied comme pour écraser sa victime. C’était peut-être là mon premier contact avec une forme d’engagement politique, très physique, mais tellement expressif.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Cette fois, ce n’était plus un exercice. Nous devions descendre, toutes les classes, du 3e étage au 1er étage, pour nous planquer dans un sous-sol de l’école. Une sorte de grand hall de transit, je me souviens bien de son odeur, vive et sucrée, essence mélangée à de la graisse et des effluves de cuisine. On faisait cela dans la joie. Enfin ! quelque chose qui nous sortait de...
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