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Nos Lecteurs ont la Parole

Que mangerons-nous dans la foulée de la COP26 ?

Plus de 80 dirigeants mondiaux, dont les représentants des États-Unis et des pays de l’Union européenne, ont convergé vers la 26e conférence climatique de l’ONU (intitulée COP26) qui se déroule à Glasgow (en Écosse) du 31 octobre au 12 novembre 2021. L’objectif est de limiter l’émission de gaz à effet de serre et, par conséquent, d’enrayer le changement climatique. Le réchauffement de la planète est en effet un sujet brûlant car il contribue à la désertification des espaces verts, à la destruction de la biodiversité et à la pénurie d’eau. L’industrie agroalimentaire est directement concernée par cette conférence car elle génère actuellement plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Parallèlement, la population croît à un rythme effréné. Selon les projections des Nations unies, il faudrait nourrir 10 milliards de bouches en 2050, dont 2,3 milliards d’Africains. À elle seule, la population africaine est censée doubler dans trente ans. Dans le but de préserver la santé de l’homme et de la planète, la Commission européenne propose de faire une refonte du système alimentaire à travers la stratégie « de la fourche à la fourchette ». Entre autres, la politique du pacte vert européen encourage la production d’aliments riches en protéines alternatives moins polluantes et moins saignantes que les nourritures traditionnelles. D’ailleurs, le végétalisme intégral est déjà en vogue parmi une grande composante de la génération Z en interaction permanente avec l’environnement.

C’est dans une perspective de bouleversements alimentaires majeurs que les sociétés agroalimentaires élaborent leur stratégie pour les décennies à venir. Certains se lancent déjà dans la production de viande de synthèse à base de plantes riches en protéines dont la texture est aussi épaisse et fibreuse que celle de la viande animale. D’autres vont encore plus loin dans leur désir d’innover. Certains pensent que les insectes (comme les sauterelles, les araignées et autres criquets) seraient une source efficace de protéines alternatives. De nos jours, environ deux mille espèces d’insectes sont actuellement consommées dans le monde dans des pays d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique. En Thaïlande, les gens mangent des plateaux remplis de sauterelles frites. Au Japon, les gens dégustent des larves de guêpe mangées vivantes.

La culture des insectes émet jusqu’à 100 fois moins de gaz à effet de serre que l’élevage de bœuf ou de porc. La culture des insectes est aussi avantageuse au niveau économique. Prenons les grillons à titre d’exemple. Pour produire une certaine quantité de protéines, les grillons ont besoin de six fois moins de nourriture que les bovins, quatre fois moins que les moutons et deux fois moins que les porcs et les volailles. Aussi, les grillons atteignent leur maturité en quelques jours. Par contre, les animaux domestiques ont besoin de mois, voire d’années pour atteindre leur maturité.

Cependant, il ne faut pas trop jubiler en disant « adieu veau, vache, cochon, couvée » et « bienvenue coléoptère, diptère, hémiptère, hétéroptère ». Tout d’abord, il y aura toujours des récalcitrants qui pensent que l’idée de manger ces petites bêtes exotiques serait saugrenu. Ensuite, il faudrait souligner que la culture en masse des insectes comporte des risques pernicieux non négligeables. Hypothétiquement, si ces minuscules bêtes s’échappait accidentellement de leur enclos et se répandent dans la nature, cela déclencherait une catastrophe environnementale et/ou humanitaire de grande envergure et dont l’issue serait incertaine.

Pour parer aux considérations écologiques, économiques et éthiques de demain, il faudrait une réflexion prospective et profonde sur les enjeux du secteur alimentaire. Il faudrait non seulement modifier l’alimentation, mais aussi réduire les gaspillages domestiques et industriels. Ces changements devraient se produire tout au long de la chaîne alimentaire. Ils nécessitent surtout des adaptations importantes de la part des consommateurs et des industriels.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Plus de 80 dirigeants mondiaux, dont les représentants des États-Unis et des pays de l’Union européenne, ont convergé vers la 26e conférence climatique de l’ONU (intitulée COP26) qui se déroule à Glasgow (en Écosse) du 31 octobre au 12 novembre 2021. L’objectif est de limiter l’émission de gaz à effet de serre et, par conséquent, d’enrayer le changement climatique. Le...
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