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Politique - Décryptage

Entre le silence du Hezbollah et les informations véhiculées par ses proches...

Depuis que le chef de l’unité de coordination et de contact au sein du Hezbollah a été accusé d’avoir adressé des menaces au juge d’instruction Tarek Bitar chargé de l’enquête sur l’explosion au port, le Hezbollah a gardé le silence. Plusieurs versions différentes sur la façon dont les supposées menaces ont été transmises au juge Bitar ont circulé dans les médias, mais il n’y a eu aucune confirmation ni aucun démenti de la part du parti chiite ou même de ses proches. Ce silence voulu a suscité encore plus de questions au sujet de cet étrange épisode, d’autant que certains l’ont interprété comme une confirmation des faits. D’autres par contre ont estimé que le Hezbollah a sciemment gardé le silence, car dans les circonstances actuelles un démenti, même officiel, aurait provoqué une nouvelle polémique, alors que la tragique explosion du 4 août 2020 continue de susciter une grande émotion au sein de la population libanaise. Par conséquent, il a préféré garder le silence en attendant que l’affaire se tasse un peu.

Dans ce contexte particulier et délicat, le Hezbollah préfère donc se mettre en retrait et se concentrer sur l’arrivée du second convoi de citernes de mazout iranien au Liban. Mais les proches de la formation confient que l’histoire des menaces qu’aurait adressées Wafic Safa au juge Bitar occupe une partie des discussions internes dans les cercles fermés du Hezbollah. Selon ces proches, une partie des faits qui circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux serait vraie. Par exemple, Wafic Safa s’est bel et bien rendu ce jour-là au Palais de justice pour y rencontrer le président du Conseil supérieur de la magistrature Souheil Abboud et le procureur près la Cour de cassation Ghassan Oueidate, sur la base de rendez-vous préalables. Il les aurait sollicités pour informer les deux hauts magistrats des appréhensions du Hezbollah au sujet du cours de l’enquête sur l’explosion au port. Le parti pro-iranien a en effet le sentiment qu’un coup fourré se prépare contre lui, dans le but de lui faire assumer la responsabilité de la tragédie du port, un peu comme cela s’est passé en 2005 après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, lorsque les accusations étaient tantôt dirigées contre lui et tantôt contre le régime syrien.

Au sujet de l’affaire du port, le Hezbollah aurait en effet reçu des informations selon lesquelles des pressions auraient été exercées sur certains suspects arrêtés pour qu’ils modifient leurs dépositions de manière à l’incriminer, en contrepartie de leur remise en liberté. Le Hezbollah ne pouvait pas laisser passer ces tentatives et Wafic Safa s’est donc rendu auprès des plus hautes autorités judiciaires pour leur dire que le parti chiite ne se laissera pas faire et qu’il compte utiliser tous les moyens juridiques disponibles pour les contrecarrer. Toujours selon les proches de la formation, le représentant du Hezbollah se serait donc adressé aux deux magistrats directement sans avoir le moindre contact avec le juge Tarek Bitar. Il ne s’agirait donc pas selon eux de menaces, mais d’une position ferme de refus des tentatives de lui faire assumer la responsabilité de la tragique explosion.

D’ailleurs, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah n’a pas caché dans certains de ses discours ses critiques à l’adresse du juge Bitar et de ses méthodes. La formation estime à ce sujet avoir le droit, comme toutes les autres parties libanaises, de commenter les procédures adoptées par le juge, sans toutefois s’attaquer au fond. Pourtant, le Hezbollah se demande par exemple, dans le cadre de ses réunions internes, pourquoi le juge continue à concentrer ses investigations sur les fautes professionnelles, alors que la principale question reste sans réponse : comment le nitrate d’ammonium est-il arrivé au Liban et pourquoi est-il resté si longtemps au port de Beyrouth ? Était-il réellement destiné à l’agriculture ou à la fabrication d’explosifs ? Pourquoi le juge concerné avait-il interdit sa vente, sous prétexte que ce nitrate était confisqué par la justice, alors que le responsable des douanes lui avait trouvé un acquéreur et que le Liban en aurait été ainsi débarrassé ? Comment aussi expliquer l’acharnement du juge Bitar sur certains responsables alors qu’il évite de s’en prendre ou même d’auditionner d’autres ? Enfin, quel est le lien entre le nitrate d’ammonium du port et celui trouvé dans la Békaa ? Certaines informations sécuritaires précisent à cet égard que cette dernière cargaison de nitrate d’ammonium était destinée à exploser au moment du passage du premier convoi de citernes de mazout iranien aux alentours de Baalbeck, dans le but de transformer la démarche du Hezbollah d’importer du mazout d’Iran vers le Liban en tragédie. Le Hezbollah s’était alors contenté de demander aux habitants de la région soucieux d’exprimer leur joie devant l’arrivée des citernes de ne pas trop s’approcher du convoi et de ne pas être trop nombreux dans la rue, sans donner plus de détails pour ne pas provoquer une panique populaire.

Même s’il n’est pas sûr que ces deux éléments soient liés, le fait que l’enquête sur le nitrate d’ammonium de la Békaa ait été confiée aux SR de l’armée montre que cette affaire a désormais une dimension sécuritaire nationale. Selon ses proches, le Hezbollah attend donc la suite des événements mais il a voulu avertir les autorités judiciaires qu’il se battra en utilisant tous les moyens légaux pour mettre en échec toute tentative de lui « fabriquer un dossier » qui lui ferait assumer la responsabilité de l’explosion tragique au port. Pour l’instant, selon les proches du parti, il n’en dira pas plus.


Depuis que le chef de l’unité de coordination et de contact au sein du Hezbollah a été accusé d’avoir adressé des menaces au juge d’instruction Tarek Bitar chargé de l’enquête sur l’explosion au port, le Hezbollah a gardé le silence. Plusieurs versions différentes sur la façon dont les supposées menaces ont été transmises au juge Bitar ont circulé dans les médias, mais il...

commentaires (16)

Qui peut croire qu'un haut responsable du Hezbollah est allé menacer un magistrat, surtout pour une affaire aussi médiatisée et dans laquelle il y a eu des morts ? Ce parti montre très souvent qu'il est dirigé par des gens très intelligents.

NASSER Jamil

00 h 28, le 02 octobre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • Qui peut croire qu'un haut responsable du Hezbollah est allé menacer un magistrat, surtout pour une affaire aussi médiatisée et dans laquelle il y a eu des morts ? Ce parti montre très souvent qu'il est dirigé par des gens très intelligents.

    NASSER Jamil

    00 h 28, le 02 octobre 2021

  • Certains lecteurs n'apprécient pas les opinions de Madame Haddad.N'empêche que ce qu'elle rapporte au sujet des informations sécuritaires concernant l'objectif du nitrate d'ammonium trouvé dans la Békaa est extrêmement grave. M.Z

    ZEDANE Mounir

    23 h 55, le 01 octobre 2021

  • Le responsable ou la responsable ( mme Haddad) de la communication et du playidoyer du parti de dieu définit et met en œuvre une véritable stratégie de communication vis à vis de l’opinion publique et même de la communauté internationale … Wafic Safa s’est rendu au Palais de justice pour y rencontrer le président du Conseil supérieur de la magistrature et le procureur près la Cour de cassation qui, probablement, a informé le juge Bitar des menaces qu’il encourait et en retour le procureur, feignant d’ignorer ces menaces a demandé au juge Bitar de lui adresser un rapport écrit à ce sujet… En outre, afin de décrédibiliser la démarche du Hezbollah d’importer du mazout d’Iran vers le Liban, la cargaison de nitrate d’ammonium était destinée à exploser au moment du passage du premier convoi de citernes de mazout iranien, ce qui a contraint les responsables du parti de dieu de se contenter de simplement demander aux habitants de ne pas trop s’approcher du convoi et de ne pas être trop nombreux dans la rue… quelques centaines de morts suffiraient amplement pour susciter une certaine sympathie à leur égard. Donc le parti de dieu a souhaiter prévenir les autorités qu’il utilisera tous les moyens légaux pour se défendre dont le « dégommage « d’un juge….

    C…

    21 h 05, le 01 octobre 2021

  • Pour l’instant il n’en dira pas plus. Traduction : si les moyens légaux ne sont pas suffisants, le Hezbollah recourra à sa stratégie favorite, l’assassinat politique ou journalistique ou judiciaire. Et si ce n’est toujours pas suffisant, il utilisera à nouveau ses armes à l’intérieur comme lors de l’invasion de la partie Ouest de la capitale en mai 2008. Au fait Mme Haddad veut juste nous prévenir des menaces du Hezbollah

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 54, le 01 octobre 2021

  • Ne pas partager une opinion : pas de probleme ! Mais juger tout le monde d'après soi-même , c’est GRAVE …

    aliosha

    19 h 47, le 01 octobre 2021

  • En toute simplicité je ne comprends pas comment la rédaction de l’OLJ se permet de publier de telles âneries, pardon de telles bêtises. Je ménage l’âne par respect pour son utilité

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 23, le 01 octobre 2021

  • Vous êtes pitoyable..

    Leila G

    16 h 20, le 01 octobre 2021

  • L’affaire est arriver jusqu’aux juges une enquête est ouverte …. ET VOUS MADAME VOUS EN ÊTES ENCORE À … « supposément »

    Bery tus

    14 h 56, le 01 octobre 2021

  • En matière de catastrophe, on privilégie le COMPLOT à la CONNERIE . La CONNERIE /LES ACCUSATIONS est à la portée de tous, et c'est largement répandu. Tandis que Le COMPLOT nécessite beaucoup d'intelligence et d'organisation, c’est TRÈS RARE .

    aliosha

    14 h 49, le 01 octobre 2021

  • Le pôvre Hezb qui n'accepte pas d'être incriminé comme il pensait l'être par l'enquête sur l'assasinat de Rafic Hariri... Et de Pierre Gemayel, et de et de et de... Dans n'importe quel pays avec des institutions respecatbles, Mr Safa aurait été défére sur le champs pour entrave à la justice. Même si je n'ai pas les même opinions que Mme Haddad, j'ai trop de respect pour elle pour penser quelle croit une seconde ce qu'elle écrit...

    Bachir Karim

    13 h 41, le 01 octobre 2021

  • The best way for Hizbollah to extirpate itself from all accusationts and indictments and they are legion and most of them are warranted is to hide behind the Conspiracy Theory.

    EL KHALIL ABDALLAH

    13 h 21, le 01 octobre 2021

  • > ET VOILA LE TOUR EST JOUE. SCARLETT A MIS LE DOIGT SUR NOTRE PLAIE, ENCORE ET ENCORE . LES FL, NULLE AUTRE PARTIE PREPARENT LA NEO GUERRE CIVILE, CELLE CI SERA APPELE IRANO-LIBANAISE CETTE FOIS-CI. BRAVISSIMO DAME SCARLETT ! BIEN JOUE !

    Gaby SIOUFI

    10 h 03, le 01 octobre 2021

  • Il est vrai que ce pauvre Hezbollah est malmené, on l'accuse de tout, lui qui est l'honnêteté même, celui qui ne piétine pas l'état celui qui fait tout pour que la république d'Iran vive ... je voulais dire Liban ... lapsus ? Donc en organisation mafieuse mais démocratique il envoi un de ses sbires dire à la justice ce qu'elle doit faire. Madame, ils sont paranoïaques et pensent toujours que tout le monde en a après eux, comme le gendre du père du peuple. Ils pillent ils massacrent ils volent ils imposent leurs lois et s'affranchissent des moindres règles de la démocratie en piétinant la constitution sans vergogne et ils ne trouvent rien à redire à leurs comportements. Sommes toutes il faut plier devant leur bassesses mais dès qu'on s'approche de leur bastion mafieux là soient ils crient au scandale soit ils menacent... et c'est ainsi depuis longuement alors merci de ne pas nous la refaire à l'envers.

    Zeidan

    08 h 43, le 01 octobre 2021

  • Pauvre hezbollah, il est tout a fait desarme’ devant les sombres machinations malveillantes de ses adversaires (juridiques !) Les proches du hezbollah redoutent une machination , comme celle du temps de l’assassinat de Rafic Hariri ? Mais le tribunal international special a bien condamne, preuves a l’appui, un membre influent du hezbollah pour cet assassinat ! Qui a commande’ le nitrate d’ammonium ? celui qui s’en en sert evidemment ! Qui a le contrôle de toutes les voies d’acces au Liban, port, aeroport et frontieres ? Ce n’est surement pas le juge Bitar ! Le doute n’est plus permis. Le hezbollah ne veut pas dementir car il insiste a tout prix pour que l’enquete cesse et il veut que son message soit publiquement bien compris. Car lui sait pertinemment qu’elle le designera comme le veritable coupable de l’horrible tragedie.

    Goraieb Nada

    07 h 45, le 01 octobre 2021

  • Porte parole,chest tout!

    Nassar Jamal

    07 h 36, le 01 octobre 2021

  • Héhéhé...Scarlette is scarette de, ou, is in lovette avec "ses sources " au hezeb...au point où elle suggère que le simili-descendant de xerxès attend que la simple affaire de l'explosion du port, avec les centaines de victimes, les milliers de blessés et la moitié de Beirut détruite, "se tassera" et tous les Libanais se soucieront de la couleur de la barbe du résident du sous-sol... C'est une honte, c'est de l'inconscience et très insolent!!! ... y'en a qui doivent se tasser et respecter leurs concitoyens Libanais

    Wlek Sanferlou

    01 h 14, le 01 octobre 2021

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