Rechercher
Rechercher

Société - Success story

Lancée par un jeune entrepreneur, une ciergerie de Batroun cartonne

Lancée par un jeune entrepreneur, une ciergerie de Batroun cartonne

Antonios Salem et son père Georges, dans leur atelier de Batroun. Photo DR

« Oui, il y a encore du travail à faire au Liban ! » À 24 ans, tout sourire, Antonios Salem est à la tête d’une ciergerie en train de conquérir les couvents et supermarchés du Liban. À rebours d’un découragement quasi général qui confine au défaitisme, l’esprit d’entreprise en alerte constante, il assure avoir assez d’idées pour démarrer cinq nouvelles entreprises, s’il en avait les moyens financiers.

Nous sommes à Batroun, haut lieu d’une activité touristique locale florissante. Envahie par la lumière du ciel et de la mer, les ruelles de la petite ville, son rempart de l’âge de bronze, ses églises et ses restaurants, attirent de plus en plus de monde, de plus en plus de jeunes. Georges Salem, le père du jeune entrepreneur, gérait d’ailleurs l’un de ces restaurants. Aujourd’hui, il met la main à la pâte les jours de grande commande, importe de la paraffine, matière première des bougies, et tient les comptes de l’entreprise florissante dont son fils est le moteur.

Rien ne destinait Antonios Salem à devenir à son jeune âge patron d’une ciergerie. Rien, sinon l’esprit d’entreprise qui semble inné chez certains Libanais, conjugué à de la ténacité et de la persévérance. Deuxième enfant d’une modeste famille croyante et très unie, il affirme avoir grandi dans le désir d’être son propre patron, un désir que deux courts passages dans une pâtisserie et un petit centre balnéaire, à l’adolescence, ont définitivement ancré dans son esprit.

Bougies d’église Salem : Elles durent plus longtemps, assure leur fabricant. DR

Un « manuel » à l’université

Élève de l’école des pères capucins de Batroun, Antonios Salem a complété son cursus par une licence en management, obtenue à l’Université de la Sainte-Famille, à Batroun aussi. Trois ans d’études qu’il considère toutefois comme « du temps perdu, tellement la théorie est éloignée de la pratique ». En garçon « manuel » comme il se plaît à se décrire, il assure n’avoir pas, en trois ans, appris « ce qu’est un chèque ». Il nourrit par ailleurs un grand respect pour les métiers manuels, et assure – avec un brin de didactisme – que les plombiers et les maçons font autant d’argent que les médecins et les avocats.

Sa carrière d’entrepreneur a commencé quand, après son bac, ayant atteint l’âge du permis de conduire, son père met de côté, à sa demande, l’argent avec lequel il comptait lui acheter une voiture d’occasion.

Grâce à ce montant, quelque temps plus tard, il achète une machine à fabriquer des bougies abandonnée par son voisin. Mais il déchante vite. Celle-ci est obsolète, inutilisable. Sa détermination sera plus forte que cette déconvenue. Antonios démonte la machine écrou par écrou et en construit une nouvelle avec des pièces fabriquées chez un tourneur. Pour cela, il fallait pas mal d’argent... Il en trouve en apprenant… la pêche ! « J’ai commencé à vendre du poisson, un métier très rentable à Batroun », sourit-il.

« Ma nouvelle machine m’a coûté beaucoup d’argent, reprend Antonios Salem, mais grâce à mon père qui a continué de croire en moi, j’ai tenu bon. Et puis un jour, ma machine a fonctionné. Mon premier lot de bougies date de 2016. Le succès a été immédiat et petit à petit, bien sûr, j’ai grandi dans le métier et diversifié ma production. »

Ce que ne dit pas Antonios Salem, c’est qu’en bon entrepreneur, il avait eu le réflexe de réinvestir ses premiers bénéfices. Aujourd’hui, son entreprise, les Bougies Salem, comprend six machines, et avec une production mensuelle de plus de 10 tonnes, en haute saison, est considérée comme l’une des premières ciergeries du Liban. « Il y a quatre ou cinq producteurs de bougies au Liban et quelques quatre petites, précise Georges Salem, son père, qui livre de la paraffine à de petits détaillants, et nous sommes, avec les bougies Aoun, dans le peloton de tête ».

« Nous importons toute la matière première de Chine, et nos bougies sont distribuées dans le Nord et à Jbeil. Aujourd’hui, nous sommes aux portes de Beyrouth », précise Antonios. « Je me contente de 10 à 15 % de profit, loin des 30 % que font certains. Pourtant, ma bougie ne suinte pas, ne coule pas et dure plus longtemps », assure-t-il. Elle est aussi meilleur marché. «J’ai gardé en souvenir ma première machine. C’est elle qui m’a tout

appris ! » dit-il encore.

La success story d’Antonios Salem est d’autant plus belle qu’elle se double, en filigrane, d’une histoire d’amour.

Canadien d’adoption, son père Georges Salem revient au pays pour prendre femme, et c’est le coup de foudre. Mais « de bénéficier de la nationalité canadienne ne nous a jamais poussés à quitter le Liban », assure le jeune homme. En père avisé, Georges Salem approuve, s’émerveillant de l’énergie débordante que son fils engage dans son travail, passant des nuits blanches pour répondre aux grosses commandes, et présent dès 7h à l’atelier.

Et Antonios d’ajouter : « Nous sommes une famille qui compte sur la Providence. Dieu occupe une grande place dans nos vies, ainsi que la musique. Nous jouons tous d’un instrument et à vrai dire mon seul et unique regret, c’est d’avoir sacrifié le violon pour mon entreprise. »

« Oui, il y a encore du travail à faire au Liban ! » À 24 ans, tout sourire, Antonios Salem est à la tête d’une ciergerie en train de conquérir les couvents et supermarchés du Liban. À rebours d’un découragement quasi général qui confine au défaitisme, l’esprit d’entreprise en alerte constante, il assure avoir assez d’idées pour démarrer cinq nouvelles...

commentaires (4)

Bravo mon cousin, je suis fier de toi!!

Edwin Medawar

21 h 54, le 24 septembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Bravo mon cousin, je suis fier de toi!!

    Edwin Medawar

    21 h 54, le 24 septembre 2021

  • Bravo!!! Quel beau témoignage pour les milliers de jeunes qui ne pensent qu'a quitter le pays…

    Kfouri Emilie

    13 h 07, le 24 septembre 2021

  • BRAVO ! Un exemple a suivre au Liban artisans et fabricants.

    Marie Claude

    07 h 01, le 24 septembre 2021

  • Bravo et bonne continuation!!!!

    NAUFAL SORAYA

    06 h 45, le 24 septembre 2021

Retour en haut