Peine perdue !

Aussi peu étonnant que cela puisse paraître, et une fois de plus, nous n’avons rien appris !

La révolution d’octobre 2019 a été décimée et presque réduite à néant. Tous ces idéaux que l’on préconisait et qui réclamaient un changement radical dans les mentalités et dans les façons d’agir sont quasiment tombées dans les abysses infernales de l’enfer de la vie courante et de politiciens qui ont tout fait (sans toutefois réussir complètement) pour nous rendre amnésiques et nous détourner des grandes valeurs dont nous clamions être les hérauts, voire les représentants naturels et invincibles.

Plus rien ! Nada de nada !

Les jeunes de la génération Z (nés entre 1997 et 2012) ont fait savoir clairement qu’ils suivront d’une façon ou d’une autre les traces de leurs aînés. Sachant que la plupart atteindront leur vingt-et-unième année durant ces derniers mois (ou l’ont déjà atteinte), ils constituent la cible essentielle à séduire par les leaders des partis politiques.

Depuis quelques jours, un reportage les mettait en avant et chacun d’eux déclamait avec véhémence et passion qu’ils voteraient pour tel parti ou tel autre en fonction de « leurs » convictions. Mais en fait, quelles sont-elles ? Ces jeunes issus de la modernité, ces jeunes qui ont été les héros de 2019 et qui ont fait preuve d’un courage sans pareil en se plaçant, parfois au prix de dangers immenses, face aux forces de l’ordre, ces jeunes qui ont réclamé une refonte totale du système, les voilà, tout bonnement, en train de nous dire qu’ils suivront les traces de leurs parents en plaçant dans l’urne fatale, non pas leurs choix nés de convictions personnelles et d’analyses éclairées, mais bien des habitudes ancestrales liées au tributs d’une guerre qui a décimé l’unité de la population et de ses conséquences.

Se rendent-ils seulement compte qu’ils sont en train de corrompre leurs idéaux de liberté et d’assainissement qu’ils brandissaient haut et fort depuis trois ans ?

Je veux bien admettre que, si leurs choix électoraux se portent réellement sur une conviction personnelle et une pensée bien mûrie, leur liberté n’est pas altérée. Mais un doute très fort me taraude. Ces jeunes ne sont pas issus de la guerre. Déjà que ceux nés à la fin des années 80 ne sont pas totalement au courant de la réalité des évènements et ont suivi, sans doute aveuglément, les idées de leurs parents qui, pour une cause ou une autre, se sont ralliés à certaines factions. Ces derniers, à la limite, nous ne pouvons pas leur en vouloir. Ils ont été éduqués dans l’optique qu’il y a des méchants et des gentils et que l’évidence est que les gentils c’est toujours et incontestablement, une vérité indéniable, ceux auxquels on porte un culte. Mais les autres, n’ont-ils pas eu le temps, une fois éveillés au monde et à la politique, de réaliser qui est dans le juste et qui est dans le faux ? Où est l’erreur ? Les parents ont-ils nécessairement raison en tout ?

Qu’on ne me dise pas qu’une nymphette d’une vingtaine d’années ou qu’un barbu à peine plus âgé ait eu le temps de se constituer une réelle idée du leader qu’ils désirent suivre ! Ce serait se moquer de soi-même. Ils ne réalisent pas qu’ils conduiront le pays vers un nouvel échec.

Il y en a qui continuent à mettre en avant les représentants de la société civile. Excellente pensée ! Optimiste aussi ! Pourquoi ne pas voir de nouvelles idées et oublier les rancunes de nos parents ? Savez-vous qui a réellement tort ou qui a raison ? C’est simple : tout le monde.

Pensez à bâtir autre chose. La jeunesse est assez éclairée pour faire table rase du passé et reconstruire sur les débris d’un temps révolu. Et non pas mettre de l’engrais sur la mauvaise herbe afin qu’elle repousse.

Peine perdue ! Personne n’a rien compris, une fois de plus.

D’ailleurs, une dernière question : qui sera encore au Liban lors des élections ? Lequel d’entre vous, à la moindre opportunité, ne sautera pas dans le premier avion pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs ? À ce moment, le patriotisme et l’esprit politicien à deux balles tomberont dans les oubliettes de votre esprit.

Enfin, pour paraphraser les poètes incompris d’un de nos journaux télévisés, je dirai : « N’oubliez pas de les réélire ! »

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