
Le sénateur américain Chris Murphy (au centre) entouré de deux de ses collègues, lors d'une conférence de presse sur le tarmac de l'Aéroport international de Beyrouth, le 1er septembre 2021. Photo Dalati et Nohra
Le sénateur démocrate américain Chris Murphy, qui se trouvait en visite au Liban à la tête d'une délégation du Sénat US, a dénoncé mercredi la "calamité" que vit le Liban, en pleine crise depuis presque deux ans, affirmant que la paralysie politique actuelle dans le pays était "inacceptable", alors qu'un cabinet est attendu depuis près de 13 mois.
S'exprimant lors d'une conférence de presse à son départ de Beyrouth après une visite-express, le sénateur Chris Murphy a déclaré avoir eu "le cœur brisé" face à la situation actuelle au pays du Cèdre, citant notamment les files d'attente devant les stations-service et les pénuries d'électricité. "Nous sommes venus pour étudier de nouvelles façons dont les Etats-Unis peuvent aider les Libanais", a-t-il ajouté, faisant part de la volonté de Washington d'augmenter ses aides fournies au peuple et à l'armée.
Il a par ailleurs qualifié "d'inexcusable" la paralysie politique dans le pays, appelant les dirigeants à former à tout prix un nouveau cabinet pour résoudre la crise. Il a toutefois souligné que la mise sur pied de la nouvelle équipe ne serait "que le début" et que les responsables devraient ensuite engager les réformes tant attendues par la communauté internationale. Il a évoqué parmi les projets que devra mener le futur exécutif l'adoption d'une loi sur le contrôle des capitaux, étudiée depuis près de deux ans par les responsables, et l'organisation des législatives de 2022. "Il faut que les citoyens aient la possibilité de voter en toute sécurité", a-t-il indiqué.
D'après Richard Blumenthal, un des sénateurs de la délégation, l'arrivée de pétroliers iraniens au Liban "sera assortie de conditions" pour Beyrouth. "Le Liban est en chute libre. Nous avons déjà vu ce scénario et c'est celui d'une histoire d'horreur", a-t-il ajouté, estimant toutefois que cette éventualité "peut et doit être évitée".
De son côté, le sénateur Chris Van Hollen a indiqué que Washington "cherche des moyens" de contourner la difficulté posée par le transport via la Syrie du gaz ou de l'électricité en provenance de Jordanie dans le cadre du projet sur lequel planchent les Etats-Unis. En effet, en 2019, les Etats-Unis avaient promulgué la loi César, qui impose de lourdes sanctions à toute personne, société, institution ou tout gouvernement qui commercialise avec le pouvoir en place à Damas ou contribue à la reconstruction de la Syrie.
Les sénateurs ont exprimé leur "inquiétude" face à la situation actuelle qualifiée de véritable "calamité" que vivent les Libanais. Ils ont également eu des mots très forts à l'égard du Hezbollah, supplétif de l'Iran, bête noire de Washington, qu'ils ont qualifié de "cancer qui se répand" dans le pays.
Optimisme de Aoun
Les quatre sénateurs US, qui appartiennent tous à la commission des Affaires étrangères du Congrès américain avaient entamé dans la matinée leur visite au palais de Baabda, où ils avaient été reçus par le président de la République Michel Aoun. Ce dernier a exprimé l’espoir que le gouvernement du Premier ministre désigné Nagib Mikati sera formé cette semaine.
Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, le chef de l’Etat a assuré à ses visiteurs que le processus de formation du gouvernement a déjà "bien avancé" et que "beaucoup d’obstacles ont été levés". Il a souligné que ce gouvernement aura pour mission de "mener des réformes et de lancer le processus de redressement économique" du pays. Les déclarations optimistes du chef de l’Etat interviennent alors que le Premier ministre désigné a déjà rencontré à treize reprises le président de la République depuis sa désignation le 26 juillet pour s’entendre sur la formation du cabinet, sans annoncer de date pour la formation du gouvernement.
L’optimisme du chef de l’Etat a cependant été tempéré par les milieux des anciens Premiers ministres –dont M. Mikati lui-même—qui ont répondu mercredi à des informations dans les médias attribuées à des sources proches de Baabda et critiquant le Premier ministre désigné. Les anciens chefs de gouvernement sunnites ont estimé que "le processus de formation du gouvernement tourne toujours dans le cercle d’obstruction bien connu, malgré les efforts déployés par le président Mikati", dans une allusion au président Aoun. Selon ces sources, les anciens Premiers ministres estiment qu’il est "inacceptable de continuer à épuiser le temps crucial dans de vaines querelles", expriment l’espoir qu’un "gouvernement sera formé au plus tôt conformément aux usages constitutionnels".
Renouvellement de l’Exécutif et du Législatif
Le président Aoun a par ailleurs assuré à cette délégation au cours de l’entretien que les élections législatives se tiendront à temps "au printemps" 2022. "Nous veillerons à ce qu’elles se déroulent dans une atmosphère de liberté et d’intégrité, car la vie démocratique au Liban nécessite un renouvellement des pouvoirs législatif et exécutif", a-t-il affirmé.
Les prochaines élections législatives, sur lesquelles beaucoup de Libanais fondent leurs espoirs pour faire accéder au parlement des personnalités qui ne seraient pas issues de la classe politique traditionnelles, devraient se tenir le 8 mai 2022 selon un document du ministère de l’Intérieur qui a fuité dans les médias. M. Aoun a également remercié les Etats-Unis pour l’aide fournie à l’armée libanaise, soulignant le besoin urgent du pays pour l’aide humanitaire.
La délégation américaine était arrivée mardi au Liban pour "œuvrer à une solution à la crise politique et économique" dans le pays avant de se rendre en Israël, avait annoncé le sénateur Chris Murphy.
Exceptions à la loi César
Après sa réunion à Baabda, elle s'est rendue à Aïn el-Tiné pour s'entretenir avec le président du Parlement Nabih Berry. Ce dernier a déclaré lors de la réunion qu'il "espère que le nouveau gouvernement sera très bientôt formé". Il a par ailleurs estimé qu'il était "essentiel pour le Liban de bénéficier d'exceptions de la part de Washington concernant les imports et exports via la frontière syrienne, ce qui permettrait d'aider à résoudre de nombreuses crises" que subit actuellement le pays. En 2019, les Etats-Unis avaient promulgué la loi César, qui impose de lourdes sanctions au régime syrien et à toute personne, société, institution ou tout gouvernement qui commercialise avec le pouvoir en place à Damas ou contribue à la reconstruction de la Syrie. Toutefois, Washington planche actuellement sur un projet d'importation de gaz égyptien et d'électricité en provenance de Jordanie, via le territoire syrien, ce qui présuppose que des exemptions à la loi César soient accordées à Beyrouth.
La délégation du Sénat américain reçue par Nabih Berry à Aïn el-Tiné, le 1er septembre 2021. Photo Hassan Ibrahim / Parlement libanais
La délégation américaine s'est également entretenue avec le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, avec lequel elle a évoqué "la situation de l'armée dans les circonstances que traverse le Liban et les moyens de la soutenir pour qu'elle puisse continuer à accomplir sa mission', selon le compte twitter de la troupe. Depuis 2006, les Etats-Unis ont fourni une aide de plus de 2,5 milliards de dollars à l'armée libanaise. Les responsables américains ont également été reçus par Nagib Mikati à son domicile.
Le sénateur démocrate américain Chris Murphy, qui se trouvait en visite au Liban à la tête d'une délégation du Sénat US, a dénoncé mercredi la "calamité" que vit le Liban, en pleine crise depuis presque deux ans, affirmant que la paralysie politique actuelle dans le pays était "inacceptable", alors qu'un cabinet est attendu depuis près de 13 mois.S'exprimant lors d'une conférence...
commentaires (10)
MOI AUSSI, VOUS AUSSI ESPEREZ N'EST CE PAS ! GRACE AU CIEL NOUS SOMMES LES ALLIES NATURELS DE M AOUN ( pt't un peu moins allies de son tout pti gendre)
Gaby SIOUFI
15 h 54, le 02 septembre 2021