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Lifestyle - Un peu plus

L’entraide libanaise

L’entraide libanaise

L’équipe de Basecamp sur le terrain. Photo Emma Freiha

Nul besoin de rappeler que l’État est inscrit aux abonnés absents, plus affairé à se battre pour la meilleure part du gâteau plutôt que de trouver une solution à l’immense crise économique et sociale que nous traversons. Nul besoin de rappeler que les pouvoirs exécutif et législatif, main dans la main avec ce qu’on peut appeler le parti des banques (banque centrale incluse bien évidemment), sont à l’origine du cauchemar libanais. Nul besoin de rappeler que tant qu’ils seront à la tête des institutions et surtout aux commandes du pays, le Liban continuera à sombrer dans les ténèbres. Et nul besoin de rappeler que sans cette solidarité libanaise qui existe depuis longtemps, nous ne pourrions vraiment pas sortir la tête de l’eau de temps en temps.

Avant même le drame du 4 août, les Libanais avaient commencé à s’aider les uns les autres. Distributions de cartons alimentaires, recyclage de vêtements, aide aux plus démunis, soins médicaux gratuits, levées de fonds pour les jeunes dans l’incapacité de poursuivre leurs études, soutiens aux plus âgés… Les initiatives de la société civile ont toujours fait leur preuve. Et au lendemain du 4 août 2020, sans aucun appel officiel, les Libanais sont descendus dans la rue pour aider les centaines de milliers de personnes touchées par le meurtre de Beyrouth. Ils ont nettoyé, monté des camps de fortune, cuisiné chez eux, assisté les gens en proie au désarroi. Les Libanais de l’étranger ont envoyé des valises, des containers, de l’argent. Le Liban s’est mobilisé partout. Ici et là-bas. Ils ont, une fois de plus, pris le rôle de l’État. Cet État qui se tournait les pouces, bien content de voir des ONG reconstruire les maisons éventrées. Ravi de constater qu’il n’avait pas besoin de secourir son peuple. Preuve en est l’attitude des forces de l’ordre plus concentrées sur leur repas du jour que le désespoir de dizaines de milliers de familles.

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Un peuple en souffrance

Je le sais parce qu’avec des milliers de concitoyens, j’ai tenté l’impossible et dans la mesure de mes moyens de panser les blessures à l’âme des victimes de cette classe au pouvoir qu’on ne sait plus comment qualifier. J’ai vu autour de moi des jeunes, des moins jeunes, venus de toutes les régions, monter inlassablement des étages à la recherche des survivants. Je les ai vus emmener des blessés dans les hôpitaux détruits et débordés. Je les ai vus un balai dans une main et un plat chaud dans l’autre. Je les ai vus porter des meubles fracassés, des bâches en plastique pour recouvrir les fenêtres explosées. Je les ai vus sourire aux enfants, leur donner des vêtements neufs, changer des pansements, ouvrir leurs portes et leurs cœurs. Je les ai vus sous un soleil écrasant faire naître le Basecamp, ce lieu où j’ai passé des semaines alors que j’étais brisée de l’intérieur. Je les ai vus, malgré la fatigue, travailler de pair avec des organismes, des associations, des ONG naissantes et des ONG établies, afin de nourrir, soigner, écouter ces âmes en peine. Et jusqu’à aujourd’hui, je les vois continuer leur combat. Un combat de tous les jours. Malgré les critiques.

Parce que nous avons été, et nous le sommes encore, critiqués de toutes parts. Au lieu de s’en prendre à cet État failli, aux responsables de ce crime contre l’humanité, ces monstres sans cœur, un grand nombre de Libanais s’en sont pris à toutes ces organisations qui ont, au pied levé, enclenché un plan de sauvetage et de survie. Pourquoi donnez-vous autant de nourriture ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi n’avez-vous pas réhabilité cette maison ? Pourquoi ne vous occupez que de ce quartier ? Pourquoi ne faites-vous pas attention aux plus vieux ? Aux plus jeunes, aux autres qui ne sont pas libanais ?

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Et c’est triste. Triste de constater une fois encore que certaines personnes parmi nous se trompent de bataille. Que oui, on n’aurait jamais dû prendre la place de l’État. Oui, on lui a facilité la tâche. Oui, l’entraide des Libanais fait peut-être oublier aux gens la décrépitude du pays et ne leur donne plus envie de se battre. Oui, avoir reconstruit une grande partie de Beyrouth, avoir caché le massacre aux yeux des gens qui ne l’ont pas vécu. Mais non. Il était impossible et inhumain, abject et indécent de ne pas tendre la main. Hier, comme aujourd’hui. Et la force tout comme la beauté de ce pays, c’est son peuple. Et un pays sans son peuple n’est rien. Nous sommes les Liban.

Chroniqueuse, Médéa Azouri anime depuis plus d’un an avec Mouin Jaber « Sarde After Dinner », un podcast où ils discutent librement et sans censure d’un large éventail de sujets, avec des invités de tous horizons. Tous les dimanches à 20h, heure de Beyrouth.

L’épisode avec Maya Ibrahimchah :

https://youtu.be/zWIZffV6d5U

Nul besoin de rappeler que l’État est inscrit aux abonnés absents, plus affairé à se battre pour la meilleure part du gâteau plutôt que de trouver une solution à l’immense crise économique et sociale que nous traversons. Nul besoin de rappeler que les pouvoirs exécutif et législatif, main dans la main avec ce qu’on peut appeler le parti des banques (banque centrale incluse bien...

commentaires (5)

Le Liban ne peut compter que sur les Libanais, les vrais! Merci à tous ceux qui ont contribué à adoucir les souffrances d'un peuple torturé!

Politiquement incorrect(e)

16 h 56, le 27 août 2021

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Commentaires (5)

  • Le Liban ne peut compter que sur les Libanais, les vrais! Merci à tous ceux qui ont contribué à adoucir les souffrances d'un peuple torturé!

    Politiquement incorrect(e)

    16 h 56, le 27 août 2021

  • POURQUOI S'ATTAQUENT ILS AUX ONG? QUI LES ATTAQUENT ? tres simple, ces sont des jaloux qui ont souvent entendu raconter que les ONG payaient des $ frais pimpants non pas des miserables Lolars OU LL>> Mais je ne suis pas d'accord avec Mme. Azouri, au contraire faut continuer a crier haut et fort et nommes les crapules Kellon et leurs criminelles actions contre la nation car malheureusement, pour incomprehensible que ca puisse etre, nombreux trop nombreux sont ceux qui crient encore en ces memes crapules.

    Gaby SIOUFI

    15 h 52, le 27 août 2021

  • On rêvait d’un gouvernement qui représente le peuple et qu’il soit formé de la cette jeunesse intelligente, dynamique et patriotique, au lieu de ça nous avons des m sinistres incompétents et grabataires qui s’illusionnent dans leur inaction et leur manque de patriotisme et depuis un an ce président bloque le pays pour avoir un gouvernement a son image.

    Sissi zayyat

    11 h 53, le 27 août 2021

  • Mille merci à tous ceux qui ont aidé et continuent à soutenir leurs compatriotes, ONG cx rouge ou simple citoyens aidants. La critique est aisée mais l'art est difficile, n'est ce pas ?

    Desperados

    08 h 44, le 27 août 2021

  • "Et un pays sans son peuple n’est rien. Nous sommes les Liban."... Oui nous les sommes mais aussi on sera les bâtisseurs de ces Libbans après avoir chasser ces voleurs soi-disant responsables...

    Wlek Sanferlou

    03 h 41, le 27 août 2021

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