La communauté internationale multiplie les signes de son impatience de voir le Liban, en plein effondrement, se doter d’un gouvernement qui remettrait le pays sur les rails, alors que les protagonistes concernés font la sourde oreille à ce genre d’appels, se noyant davantage dans les guéguerres politiciennes.
Hier, le Groupe international de soutien au Liban (GIS) a publié un communiqué dans lequel il a déclaré que « l’aggravation rapide de la crise prouve l’urgence de former un gouvernement (…) capable de répondre aux besoins du peuple libanais, de mettre sur les rails les réformes dont a besoin le pays et de paver la voie à l’aide internationale ». Et le GIS d’appeler « tous les protagonistes à œuvrer pour atteindre cet objectif sans plus tarder ».
Mais ces derniers ne semblent pas pressés et s’offrent le luxe du temps pour s’entendre sur le futur cabinet. Contrairement à ce qu’avait annoncé la présidence de la République sur son compte Twitter jeudi, le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, ne s’est pas rendu hier à Baabda pour un nouvel entretien avec le président de la République, Michel Aoun. Les deux hommes s’étaient réunis jeudi à la suite d’un appel téléphonique et se sont contentés, selon une source au courant de la teneur des discussions, de « briser la glace » à la suite de leur mésentente au sujet des noms de certains ministrables et du partage de quelques portefeuilles jugés importants dans la prochaine phase.
Cette réunion est intervenue peu après la publication d’un communiqué dans lequel Michel Aoun s’est montré soucieux de montrer qu’il facilite la tâche au Premier ministre désigné, assurant vouloir « coopérer ouvertement et positivement » avec ce dernier. Le chef de l’État a, par ailleurs, déclaré avoir « respecté, lors de ses réunions avec le Premier ministre désigné, les points sur lesquels ils s’étaient mis d’accord depuis leur premier entretien, ainsi qu’au préalable avec les autres parties concernées (…) ». Soucieux de préserver ce qu’il estime être son rôle de partenaire à part entière dans le processus gouvernemental, Michel Aoun a, une fois de plus, tenu à rappeler (son) « droit » de formuler ses commentaires concernant les ministrables proposés par le chef du gouvernement désigné. Affirmant ne pas avoir nommé de personnalités partisanes et politiques pour prendre en charge les portefeuilles du futur cabinet, il a indiqué que les personnes proposées sont des technocrates qui ont de l’expérience dans les domaines concernés. « Il est du droit du président de la République et du Premier ministre désigné d’échanger des remarques sur les noms proposés qu’ils ou que les autres groupes parlementaires proposent et il est tout à fait naturel de s’opposer à certains noms », ajoute le texte. Le locataire de Baabda renouvelait ainsi sa détermination à avoir voix au chapitre au sujet de l’attribution de certains portefeuilles et du choix des noms de futurs ministres.
Le tiers de blocage
Michel Aoun a surtout voulu répondre aux accusations lancées contre lui par ses détracteurs selon lesquelles il œuvrerait pour obtenir le tiers de blocage, dans la perspective de calculs politiques futurs. Le président a assuré qu’« il n’a jamais cherché à détenir le tiers de blocage ». « Les informations qui circulent quant à une demande avancée par le président concernant la nomination de 9 ou 10 ministres de son camp sont incorrectes », peut-on lire dans le communiqué de la présidence. « La quote-part du président est de huit ministres. Point final », commente de son côté à L’Orient-Le Jour un proche de Baabda. Sauf qu’une éventuelle intégration d’un ministre druze relevant du chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, au lot présidentiel permettrait à Michel Aoun et son camp d’obtenir le tiers de blocage (neuf ministres dans une équipe de 24).
Si Nagib Mikati s’est félicité du communiqué présidentiel, celui-ci ne semble pas avoir calmé les appréhensions des détracteurs de Baabda, notamment le courant du Futur. « C’est un communiqué vide », lance le numéro deux du parti, Moustapha Allouche, rappelant que la présidence tenait les mêmes positions quand Saad Hariri était Premier ministre désigné. « Rien n’a changé. Ce qui bloque les tractations, c’est la volonté du président d’obtenir le tiers de blocage, dans l’intérêt de (son gendre et leader du Courant patriotique libre) Gebran Bassil », dit-il à L’OLJ.
commentaires (14)
Briser la Glace ? Pourquoi ils ont le projet de vendre des boissons fraîches en cette fournaise qu’ils ont eux-mêmes installée ? Ou alors ils ont le projet **enfin un ** de refroidir puis de congeler le peuple pour le rigidifier ad vitam aeternam. Un peu d’humour pour changer de la morosité ambiante.
Le Point du Jour.
19 h 23, le 22 août 2021