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Nos Lecteurs ont la Parole

L’heure du bilan du sunnisme et du chiisme politiques a sonné

Le bien commun doit être le but ultime recherché par les gouvernants. Or, alors que le Liban est plongé dans l’une des pires crises financières dans le monde de toute l’histoire, ces gouvernants semblent insensibles à la situation d’une population qui a tout perdu, et notamment la situation des plus jeunes et des plus âgés.

Ces gouvernants semblent penser qu’ils ne sont pas responsables. Ils restent sourds aux messages des enfants et aux appels des jeunes. Pourtant, la plupart sont des parents eux-mêmes et devraient donc réaliser la situation et y être sensibles. La richesse d’un pays se mesure à ses cerveaux, notamment ceux des nouvelles générations qui innovent, entreprennent et ont des ambitions et des projets. On se demanderait si les gouvernants vivent dans le même pays que leurs administrés. Quel décalage, quel fossé, quel gouffre les séparent désormais ! D’un côté, des gouvernants cherchant à préserver leurs intérêts, de l’autre des administrés qui n’ont plus rien.

Le maronitisme politique a été décrié puis combattu et enfin vaincu par ses adversaires locaux, régionaux et internationaux. S’il avait échoué à bâtir un État-nation et une citoyenneté libanaise, il avait quand même réussi à créer un État reposant sur le principe de la liberté et à développer une expérience démocratique dans un océan arabe non démocratique ne tolérant pas de libertés.

Lui ont succédé le sunnisme et le chiisme politiques. Le sunnisme politique, représenté par le club des anciens Premiers ministres, perçu comme affairiste, s’est arrogé la direction du pouvoir exécutif, a mis la main sur la direction du pouvoir judiciaire pénal et a imposé son candidat à la tête de la Banque centrale. Le chiisme politique représenté par le tandem chiite, perçu comme milicien, s’est arrogé la direction du pouvoir législatif, s’est doté d’une véritable armée parallèle mieux équipée et plus expérimentée que l’armée nationale et s’est accaparé le ministère des Finances.

L’heure du bilan a sonné et le constat est terrible : le Liban n’a plus d’État, les Libanais n’ont plus accès à leur argent, la livre libanaise s’effondre chaque jour, les écoles et les hôpitaux ferment, les jeunes émigrent, il n’y a pas de véritables secteurs productifs (agricole et industriel) et innovatif. Il n’y a plus que des banques-zombies et des pauvres (les trois quarts de la population).

Ces riches gouvernants du sunnisme et du chiisme politiques et leurs amis banquiers veulent qu’on s’apitoie sur leur sort alors qu’ils n’ont que faire de celui des Libanais puisque ce sont eux-mêmes qui ont fait échouer le seul plan accepté par le Fonds monétaire international (FMI), le plan du gouvernement sortant.

Il ne s’agit pas ici de tenir un discours confessionnel ou de stigmatiser telle ou telle communauté mais de faire un bilan factuel et chiffré du règne sunnito-chiite. D’ailleurs, certains chrétiens, arrivistes ou idiots-utiles, figurent à la « Cour » : dans les directions des banques, à la Banque centrale, au gouvernement, au Parlement et notamment à la commission parlementaire du Budget et des Finances, et même dans les partis ou tout du moins sur les listes dirigées par les figures du sunnisme et du chiisme politiques. Certains vont même jusqu’à défendre des puissances régionales (qui les espionnent) ou à minimiser la question des droits des chrétiens parce qu’elle est soulevée par leurs rivaux.

Un véritable changement doit s’opérer : il faut un chef de l’État disposant de prérogatives et/ou une rotation confessionnelle des postes de président de la République, de Premier ministre et de président du Parlement et surtout impliquer davantage les Libanais dans les décisions politiques. En effet, otages du sunnisme et du chiisme politiques, le Liban et les Libanais ne se relèveront qu’en réalisant les réformes politiques et économiques nécessaires à leur salut : le rééquilibrage du partenariat entre chrétiens (actuellement lésés) et musulmans, l’indépendance du pouvoir judiciaire en conformité avec la Commission de Venise, le régionalisme ou à défaut la décentralisation, la neutralité positive et permanente reconnue internationalement, la laïcisation à commencer par l’unification du statut personnel dans le Code civil, le monopole de la violence légitime (aucune arme en dehors de l’armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure), le départ des réfugiés syriens et palestiniens, l’adoption du scrutin majoritaire sur la base de la circonscription uninominale, la reconnaissance des pertes, la restructuration du secteur bancaire public (Banque centrale) et privé (banques), le passage d’une économie rentière intenable à une économie reposant sur la production et l’innovation, le démantèlement des monopoles, le retrait des exclusivités et une véritable liberté d’entreprendre.

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Le bien commun doit être le but ultime recherché par les gouvernants. Or, alors que le Liban est plongé dans l’une des pires crises financières dans le monde de toute l’histoire, ces gouvernants semblent insensibles à la situation d’une population qui a tout perdu, et notamment la situation des plus jeunes et des plus âgés.
Ces gouvernants semblent penser qu’ils ne sont pas...

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Rectifier " ARROGER" au lieu de " ABROGER " ... Merci.

paznavour

13 h 37, le 19 août 2021

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Commentaires (1)

  • Rectifier " ARROGER" au lieu de " ABROGER " ... Merci.

    paznavour

    13 h 37, le 19 août 2021

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