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Nos Lecteurs ont la Parole

Jusqu’à quand doit-on s’adapter au pas « normal » ?

Le peuple libanais a cette force innée de s’adapter à toute circonstance et à continuer à vivre comme si de rien n’était.

Pour beaucoup de gens cette adaptation rapide et cette sortie du pétrin que le Libanais a eu l’habitude de tracer par lui-même et pour lui-même, sans attendre une initiative ou une solution de l’État, est un atout et une qualité.

Pour d’autres, c’est cette même adaptation du Libanais qui est une des raisons pour laquelle le pays se trouve dans le chaos aujourd’hui :

Le Libanais s’est habitué à payer deux factures d’électricité.

Le Libanais s’est habitué à reconstruire ses villages et ses villes détruits par « l’ennemi ».

Le Libanais s’est habitué à voir mourir son prochain devant les portes des hôpitaux par manque d’argent, par manque de lit à l’hôpital, par manque de sécurité sociale.

Le Libanais s’est habitué à faire la queue pendant des heures devant les stations-service.

Le Libanais s’est habitué à la hausse des prix dans les supermarchés et fait la course après le dollar pour le convertir au meilleur taux.

Cette adaptation pour laquelle nous avons opté, dans un autre pays, et face à de pareilles conditions de vie, aurait été synonyme de manifestations quotidiennes, d’une révolution toute l’année et même d’un coup d’État.

Un an après le 4 août 2020, rien ne s’est passé :

Le gouvernement est toujours absent,

La justice est toujours absente,

Nos jeunes ont reconstruit Beyrouth,

Nos jeunes et les ONG sont venus en aide à ceux qui étaient sans toit et sans abri.

Mais pour beaucoup d’entre nous, la vie a repris son chemin habituel.

Un an après cette explosion qui a été classée mondialement comme étant la 3e plus puissante explosion au monde, on ne peut plus se permettre de mener une vie normale, on ne peut plus se permettre de s’adapter encore une fois à une nouvelle situation difficile.

Pour ces 218 personnes mortes ce jour-là, pour les 6 000 blessés qui doivent vivre au quotidien avec un bras en moins, une jambe non fonctionnelle, un visage mal cicatrisé ou tout simplement un trauma psychologique, on ne peut plus rester assis à ne rien faire et à attendre une aide voire une solution d’un certain pays étranger.

Le 4 août, ne doit pas être une date banale dans nos têtes.

C’est une date qui doit nous rappeler à quel point notre gouvernement est corrompu, à quel point nos politiciens sont des vendeurs d’âmes ; à quel point nos députés, pour lesquels nous avons voté, sont des voleurs, à quel point ils sont assassins, à quel point ils sont inutiles et bons à rien.

À quel point nous n’avons pas besoin d’une classe politique pareille !

Aucune structure de l’État n’est fonctionnelle :

Aucune municipalité.

Aucun ministère.

Aucune école publique.

Aucun hôpital public.

Le changement est nécessaire,

Notre façon de penser et notre façon de voter doit changer.

Sans ce changement le Liban serait condamné à mourir et à prendre fin.

Ces jeunes dans les rues de Beyrouth, de toutes communautés et de toutes religions, sont notre seul espoir.

Arrêtons de les critiquer.

Arrêtons de se demander : d’où est-ce qu’ils ont ramené tous ces fonds financiers pour organiser une telle manifestation ?

Pendant plus de 30 ans, nous avons suivi un leader politique :

Qui a mis notre pays en guerre plus d’une fois.

Qui nous a volé plus d’une fois.

Qui a tué les personnes qui nous sont le plus chères plus d’une fois.

Ne peut-on pas au moins une fois dans notre vie avoir confiance en notre jeunesse, lui venir en aide, mettre la main dans la main pour que ensemble nous puissions aboutir à un changement, aboutir à la justice, mettre ces criminels derrière les barreaux, reconstruire un nouveau Liban dont nous rêvons tous ?

Cette jeunesse libanaise qui excelle partout dans le monde, son propre pays a besoin d’elle aujourd’hui, ne la démotivons pas, ne la décourageons pas !

Ces têtes libanaises sont capables de ce changement, elles sont pleines de bonne volonté, arrêtons de les bombarder de critiques, arrêtons d’être négatifs et inutiles (un peu comme nos politiciens).

Faisons-leur confiance, ce ne sont que nos frères et sœurs, nos fils et nos filles, nos petits-enfants et à chaque manifestation on les retrouve au premier rang.

Ils se font pulvériser d’eau par les milices du Parlement,

Ils respirent des bombes lacrymogènes à chaque manifestation,

Ils se font arrêter par ces même milices à la fin de la manifestation et subissent des violences corporelles et morales.

Et malgré tout cela, ils sont toujours là, ils ne perdent pas espoir et n’arrêtent pas de rêver en un meilleur avenir pour le Liban.

Ces jeunes viennent du monde entier, ils ont vécu en Europe, en Amérique, c’est parce qu’ils ont vu comment les autres pays fonctionnent qu’ils ont soif de changement dans leur propre pays.

C’est parce qu’ils ont vu qu’à l’étranger un ministre, un député, un président qui ne travaille pas pour son peuple, qui vole l’argent public, qui n’améliore pas les conditions de vie de ses propres citoyens : il est éliminé, il est remplacé, il est mené en justice.

Nos jeunes ne demandent pas grand-chose, ils essaient tout simplement de faire de ce pays un vrai pays digne de ce nom.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Le peuple libanais a cette force innée de s’adapter à toute circonstance et à continuer à vivre comme si de rien n’était.
Pour beaucoup de gens cette adaptation rapide et cette sortie du pétrin que le Libanais a eu l’habitude de tracer par lui-même et pour lui-même, sans attendre une initiative ou une solution de l’État, est un atout et une qualité.
Pour d’autres, c’est...

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