Au lendemain d’une violente campagne de dénigrement lancée par des partisans et alliés du Hezbollah contre lui sur les réseaux sociaux, le patriarche maronite, Béchara Raï, qui a critiqué le chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, dans son homélie de dimanche, a reçu le soutien de plusieurs figures politiques du pays qui ont exprimé leur indignation.
Face à un pouvoir plongé dans une apathie chronique, le patriarche maronite a de nouveau pointé du doigt les dérives résultant de l’affaiblissement de l’État central et de la montée en puissance du Hezbollah, qui s’est substitué aux autorités constitutionnelles dans la prise de décisions stratégiques qui engagent le sort du pays et des Libanais. Dans son homélie d’hier, le chef de l’Église maronite a dénoncé ces dérives et s’est attelé à déconstruire l’argumentation développée samedi par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pour tenter de justifier les tirs de roquettes contre Israël. De ce fait, le prélat a surtout recentré le débat sur la décision de guerre et de paix que s’arroge la formation chiite depuis des années. Il a aussi rappelé aux responsables libanais que Beyrouth est "officiellement engagé par l’accord d’armistice de 1949" avec Israël et, plus encore, que les Libanais ont aujourd’hui d’autres priorités, en rapport avec leur propre survie, que d’entrer en guerre contre l'Etat hébreu.
Les propos du chef de l’Église maronite détonaient hier avec le silence qui s’est manifesté au niveau officiel, après les tirs de roquettes survenus mercredi depuis le Liban contre la partie nord d’Israël, alors que le pays du cèdre commémorait dans la douleur le premier anniversaire de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Les autorités n’ont réagi que pour dénoncer les bombardements israéliens qui ont suivi, puis de nouveau les raids israéliens de vendredi alors qu’une nouvelle salve de roquettes tirées à partir de Chouaya, dans le caza de Hasbaya, s’abattait sur le plateau occupé du Golan.
Le soutien de Joumblatt et Hariri
Les critiques du patriarche Raï contre Hassan Nasrallah n'ont pas plu aux partisans du Hezbollah, qui ont lancé tout genre d'accusations à l'encontre du chef de l'Eglise maronite sur les réseaux sociaux. Mais lundi, le prélat maronite a bénéficié d'une vague de soutien de la part de plusieurs figures et formations politiques ainsi que sur les réseaux sociaux où le mot-dièse "Ne vous taisez pas" arrivait en tête des tendances sur Twitter au Liban.
"Je m'interrogeais sur le +crime+ qu'aurait commis le patriarche Raï lorsqu'il a évoqué l'accord d'armistice (de 1949 avec Israël, ndlr) avant qu'une pluie d'insultes ne s'abatte sur lui", a ainsi ironisé le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, dans une critique aux partisans du Hezbollah. "Je rappelle la stratégie de défense que nous avions discuté avec le président Michel Sleiman et qui a été par la suite avortée. Il semble qu'il est interdit de discuter de tout, si cela ne se fait pas à la manière du groupe de la moumanaa ( l’axe Damas-Téhéran). Une ambiance démocratique par excellence", a encore raillé M. Joumblatt dans un tweet.
L'ex-Premier ministre Saad Hariri a pour sa part estimé que "l'insulte à l'égard des figures religieuses (...) constitue une atteinte à la dignité des Libanais qui est rejetée (...)". "L'appel à respecter l'accord d'armistice et la résolution 1701 n'est pas nouveau sur le plan du discours national, de même que les propos sur le droit de l'Etat à défendre sa souveraineté et refuser qu'il soit entraîné dans des aventures dont les conséquences sont inconnues", a ajouté le député sunnite. "La plupart des Libanais sont d'accord avec cela, notamment nos proches dans le Sud et la Békaa-ouest", a estimé M. Hariri. "Ce qu'a dit le patriarche Raï à ce sujet reflète l'opinion de la majorité des Libanais et ne nécessite, en aucun cas, des réactions contraires à l'intérêt du Liban", a conclu le chef du Courant du Futur.
"Bkerké est l'épée qui défend le Liban", a pour sa part affirmé l'ex-député Nadim Gemayel, membre du parti Kataëb. "Bkerké est le fer de lance de toute occupation, qu'il s'agisse de l'empire ottoman, des Palestiniens, des Syriens, en arrivant aux Iraniens", a-t-il ajouté. "L'attaque d'aujourd'hui provient de l'axe du terrorisme et de la destruction du Liban (...)", a ajouté M. Gemayel.
Le député sunnite de Beyrouth, Fouad Makhzoumi, a lui aussi pris la défense du patriarche, affirmant "rejeter toute attaque contre lui". Quant au rassemblement de Saydet al-Jabal, il a menacé de "prendre des mesures" si cette campagne ne s'arrête pas. "Nous tiendrons des conférences de presse dans différentes régions", a expliqué le mouvement souverainiste dans un communiqué.
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a lui aussi apporté son soutien au patriarche. "Ce qu'a dit le patriarche reflète l'avis de tout Libanais honnête et fidèle à sa patrie, celui qui n'accepte qu'une souveraineté totale du Liban sur son territoire", a affirmé le dignitaire chrétien. "Notre problème au Liban, c'est que certains Libanais n'ont pas une pleine et claire allégeance à leur pays uniquement. Le patriarche Raï exprime l'inquiétude de tout le pays, et non seulement celle d'une région ou d'une catégorie de personnes. Il ne mérite que le respect", a-t-il ajouté.
Le comité épiscopal pour les médias et le centre catholique de l'information ont eux aussi dénoncé la campagne de dénigrement contre le patriarche, estimant que ses auteurs "ne croient pas en l'Etat libanais".
Dénigrer, pleurnicher et se lamenter ne sert plus a rien et ni les élections ni personnes ne pourra sortir le pays de la mouise dans laquelle le Hezbollah nous a mis sans lui retirer ses armes et cela par n'importe quels moyens même si ceux la se traduisent par de la guérilla urbaine contre les intérêts Hezbollahi. Pour toute action du parti de Dieu et de ses alliés il faut qu'il y ait une contre action similaire. Ils s'en prennent a des opposants, des opposants doivent se défendre et s'en prendre a eux. Il faut instaurer des lieux de non droit a ces gens la tout comme ils en ont instauré eux même aux autres. Tout comme ils cherchent a terroriser le peuple, celui ci doit aussi le lui rendre en terrorisant ses voyous. Malheureusement, l'histoire du pays nous démontre que contre les tyrans et les oppresseurs, pour remettre les pendules a l'heure, seule la guerre est la solution. Il n'y a pas de révolution sans qu'il n'y ai du sang. La fronde de 2019 doit se transformer en révolution avec un grand "R" et pour cela la majorité silencieuse a besoin des ... ... partis souverainistes ne leur en deplaisent.
09 h 47, le 10 août 2021