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Politique - Liban-Sud

Raï affronte Nasrallah et recentre le débat sur la décision de guerre et de paix

Le chef de l’Église maronite rappelle l’accord d’armistice de 1949 et demande à l’armée d’empêcher les tirs de roquettes à partir du territoire libanais.

Raï affronte Nasrallah et recentre le débat sur la décision de guerre et de paix

Dans son homélie, hier, à Dimane, le patriarche a dénoncé le réchauffement de la frontière sud et souligné l’aspiration des Libanais à vivre en paix. Photo ANI

Face à un pouvoir plongé dans une apathie asthénique chronique, c’est encore une fois le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, qui a pointé du doigt les dérives résultant de l’affaiblissement de l’État central et de la montée en puissance d’un groupe armé, le Hezbollah, qui s’est substitué aux autorités constitutionnelles dans la prise de décisions stratégiques qui engagent le sort du pays et des Libanais. Dans son homélie d’hier, le chef de l’Église maronite a dénoncé ces dérives et s’est attelé à déconstruire l’argumentation développée la veille par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, pour tenter de justifier les tirs de roquettes contre Israël. En ce faisant, il a surtout recentré le débat sur la décision de guerre et de paix que s’arroge la formation chiite depuis des années.

À la logique de « la préservation des règles d’engagement » avec Israël et du « maintien de l’équilibre de la terreur » défendue samedi par Hassan Nasrallah, Mgr Raï a opposé, textes juridiques et constitutionnels à l’appui, celle de « la primauté des décisions de l’État central en fonction des intérêts du Liban ». Son discours lui a valu d’être la cible d’une violente campagne de dénigrement lancée par des partisans et alliés du Hezbollah contre lui sur les réseaux sociaux.

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Les propos du chef de l’Église maronite détonaient hier avec le vide sidéral qui s’est manifesté au niveau officiel, après les tirs de roquettes survenus mercredi, en pleine commémoration de l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, contre la partie nord d’Israël. Les autorités n’ont réagi que pour dénoncer la riposte israélienne qui a suivi, puis de nouveau les raids israéliens de vendredi alors qu’une nouvelle salve de roquettes tirées à partir de Chouaya, dans le caza de Hasbaya, s’abattait sur le plateau occupé du Golan.

Les priorités des Libanais

Quant à la responsabilité première au niveau du réchauffement à la frontière, elles l’ont complètement ignorée, comme si elles trouvaient normal que le Hezbollah décide du timing et du lieu pour bombarder Israël. Et cette anomalie, le patriarche l’a relevée, dans une démarche inhabituelle, en rappelant aux responsables libanais que Beyrouth est « officiellement engagé par l’accord d’armistice de 1949 » et, plus encore, que les Libanais ont aujourd’hui d’autres priorités, en rapport avec leur propre survie, que d’entrer en guerre contre Israël. « Nous nous tenons aux côtés de nos compatriotes au Sud pour dénoncer la tension (à la frontière), eux qui ont en assez, et ils ont parfaitement raison, des guerres, des morts, des exodes et des destructions », a d’emblée affirmé le patriarche. « Nous dénonçons les violations israéliennes répétées au Liban-Sud et les violations de la 1701, mais nous dénonçons le réchauffement de la frontière à partir des zones résidentielles », a-t-il encore dit, avant d’affirmer « ne pas pouvoir accepter au nom de l’égalité de tous devant la loi, qu’une partie s’arroge la décision de guerre et de paix en dehors du cadre de la légalité nationale que représente le Conseil des ministres, conformément à l’article 65 de la Constitution ». Et de poursuivre : « Il est vrai que le Liban n’a pas signé un accord de paix avec Israël, mais il est tout aussi vrai qu’il n’a pas décidé de lui faire la guerre et reste engagé par l’accord d’armistice de 1949. » Ces propos en particulier ont entraîné une série de réactions violentes.

Le patriarche a ensuite rappelé que le Liban est « aujourd’hui engagé dans des négociations avec Tel-Aviv autour de la prospection gazière et pétrolière off-shore ». « Il est en quête de paix, d’issues à ses crises et ne veut pas être impliqué dans des opérations militaires suscitant des ripostes israéliennes destructrices », a-t-il fait valoir, avant de demander à l’armée et à la Finul de prendre le contrôle de l’ensemble du territoire méridional, d’appliquer strictement la résolution 1701 (adoptée en 2006 pour rétablir une cessation des hostilités entre Israël et le Liban), et, surtout, d’empêcher le lancement de roquettes depuis le territoire libanais, non pas tant pour préserver la sécurité d’Israël mais plutôt celle du Liban. « Nous voulons en finir avec la logique de la guerre au profit de celle de la paix et de l’intérêt du Liban et des Libanais », a-t-il encore plaidé.

Considérations géographiques

Dans son discours samedi soir, le chef du Hezbollah avait accusé Israël de chercher à modifier les règles d’engagement au Liban-Sud, expliquant en substance que son parti ne laissera pas faire et laissant entendre par la même occasion que le Hezbollah ne cherche pas une confrontation ouverte avec l’État hébreu. Il a expliqué par cette équation le fait que ses combattants aient choisi de bombarder une région israélienne « ouverte ». « Si nous pouvions lancer des roquettes de nos villages chiites pour atteindre les zones ouvertes non habitées des hameaux (de Chebaa), nous l’aurions fait. Ce sont les considérations géographiques et militaires qui nous ont imposé le choix du site », a-t-il expliqué, en allusion à Chouaya, qui est un village druze, tout en multipliant les menaces à l’encontre d’Israël.

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Anticipant les réactions locales aux tirs de roquettes, il avait mis en garde contre toute « tentative de miser sur un clivage autour de la Résistance ». « De toute façon, ce clivage est vieux. Il n’y a jamais eu d’unanimité nationale autour de la Résistance », a-t-il observé. Le déchaînement d’internautes contre le patriarche sur les réseaux sociaux et les contre-réactions tout aussi violentes en sont la preuve.

Quoi qu’il en soit, venant de la plus haute autorité chrétienne, dans un contexte de clivage politique aigu et alors que certains font assumer au Hezbollah la responsabilité du stock de nitrate d’ammonium qui a pulvérisé Beyrouth, les critiques de Bkerké ne peuvent qu’embarrasser une formation chiite soucieuse de maintenir la couverture chrétienne que lui assure son alliance avec le Courant patriotique libre, le parti fondé par le président Michel Aoun. Elles embarrassent aussi un chef de l’État qui semble s’accommoder de plus en plus de la spoliation de la décision de guerre et de paix au profit d’un groupe armé, certes libanais, mais transnational et dont la stratégie militaire est dictée essentiellement par les intérêts de l’Iran, son parrain, et auxquels le Liban demeure étranger.

Face à un pouvoir plongé dans une apathie asthénique chronique, c’est encore une fois le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, qui a pointé du doigt les dérives résultant de l’affaiblissement de l’État central et de la montée en puissance d’un groupe armé, le Hezbollah, qui s’est substitué aux autorités constitutionnelles dans la prise de décisions stratégiques...

commentaires (16)

Je ne suis pas surpris de voire le public Hezbollahis recourir a ces methodes. Elles refletent finalement les vraies valeures de ce public: l'insulte, la violence, le refus de l'autre etc... tout cela est prouvé. je suis par contre EXTREMEMENT SURPRIS par le manque de reaction du president de la republique ! le patriarche maronite se fait insulter de la sorte et "fakhémto" est aux abonnés absent ?!? je suis surpris, mais a un degré moindre, par le manque de reaction de Nabih Berri. Quand aux Chiites hezbo-Irano-resisto-machin il est de plus en plus en clair que les "autres" libanais ne peuvent plus vivre avec eux.

Lebinlon

10 h 35, le 10 août 2021

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • Je ne suis pas surpris de voire le public Hezbollahis recourir a ces methodes. Elles refletent finalement les vraies valeures de ce public: l'insulte, la violence, le refus de l'autre etc... tout cela est prouvé. je suis par contre EXTREMEMENT SURPRIS par le manque de reaction du president de la republique ! le patriarche maronite se fait insulter de la sorte et "fakhémto" est aux abonnés absent ?!? je suis surpris, mais a un degré moindre, par le manque de reaction de Nabih Berri. Quand aux Chiites hezbo-Irano-resisto-machin il est de plus en plus en clair que les "autres" libanais ne peuvent plus vivre avec eux.

    Lebinlon

    10 h 35, le 10 août 2021

  • « Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre » Le Général de Gaulle le 03/11/1959 à l’école militaire devant les 3 écoles de guerre. Idem pour le Liban: un pays comme le nôtre, s’il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre et non la guerre des autres sur son territoire.

    Un Libanais

    18 h 51, le 09 août 2021

  • Khalass disons le franchement, il n’y a plus de Liban mosaïque de communautés. Les chiites ne jurent que par l’Iran, les sunnites en majorité jurent par l’Arabie Saoudite et les chrétiens sont irréversiblement divisés entre les différents courants avec en plus un regard envieux d’émigrer vers la France, le Canada ou les USA. Arrêtons de nous mentir. Une grande partie de cette population veut la paix avec Israël à l’instar de tous les pays arabes, il n’y a que les vendus à l’Iran qui veulent fanfaronner à faire la guerre

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 43, le 09 août 2021

  • LA MAJORITÉ DES LIBANAIS EST AVEC PATRIARCHE … continuer ne faiblissez pas n’ayez crainte …. VOUS AVEZ ACCORDER LE BÉNÉFICE DU DOUTE QUAND VOUS AVEZ PRIS LA PLACE DU GRAND SFEIR … maintenant vous avez expérimenter par vous même la chose !! DITES HAUT ET FORT ET AVEC PUISSANCE CE QUE LE COMNUN DES MORTELS libanais RÊVENT DE DIRE !!

    Bery tus

    15 h 10, le 09 août 2021

  • DANS TOUS LES CAS, CE SERONT PAS LES HOMMES DE HEZB QUI IRAIENT S'ATTAQUER -PHYSIQUEMENT -A RAI , A BKERKE OU A DIMANE, MAIS BIEN LES HOMMES SUPER INTELLIGENTS DE AOUN & DE SON TOUT PTI GENDRE, COMME QUOI REEDITER LES ANNEES 1989-1990 SERAIT LE SEUL POSSIBLE SALUT DU LIBAN- EXPLOIT RATE EN CESS ANNEES -LA, DIVINES BIEN ENTENDUES.

    Gaby SIOUFI

    14 h 27, le 09 août 2021

  • La résistance n’a jamais existé ! C’était du terrorisme maquillé par l’Iran et la Syrie. Que ceux qui adhèrent au Hezbollah terroriste dégagent de notre pays puisqu’ils sont traîtres et maléfiques. Nous , les authentiques libanais voulons vivre dignement et librement dans notre patrie et assurer l’avenir de nos enfants.

    Wow

    13 h 21, le 09 août 2021

  • On veut nous faire croire qu’une organisation mafieuse et terroriste est de la résistance. Le lavage de cerveaux continue avec les derniers discours et réactions médiatiques, mais heureusement que le patriarche a parlé haut et fort. Ce jeu ne va plus.

    Cedrus Fidelis

    12 h 07, le 09 août 2021

  • Beaucoup aimeraient lire le LIVRE que s'arrachent le Voyou Politique et les Commerçants de Dieu !

    aliosha

    11 h 42, le 09 août 2021

  • Une organisation armée qui sert les intérêts d'une autre nation n'est plus nationale mais traître a sa nation. Pas besoin de rajouter que toute personne qui soutient une telle milice mafieuse et traître a son pays est complice des crimes commis a l'encontre de l’état, de sa constitution et de ses institutions. Le Hezbollah va bientôt disparaître et beaucoup de gens devront rendre des comptes mais cette fois le "3afa 3an ma ma6a" ne sera pas en vigueur et la corde aura du pain sur la planche.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 10, le 09 août 2021

  • La prise de parole par le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï apparait être empreinte de sagesse et respectueuse de la légalité. Légalité nationale, pour le Liban, mais aussi accords internationaux. Encore une fois, "la nature a horreur du vide". Le vide gouvernemental, comme les autres. Face aux provocations violentes inutiles, s'il n'y a pas de réponse gouvernementale, il fallait bien au moins donner le cap de la sagesse pour éviter un engrenage dans une escalade militariste qui n'est que trop connue.

    CODANI Didier

    10 h 38, le 09 août 2021

  • Pour tous les internautes qui montent au créneau pour défendre les actes de guerre de cette milice vendue, ils n’ont qu’à aller vivre dans ses bourgades et sous son joug pour lui servir de bouclier humain au lieu de prendre en otages des libanais qui ne voient en lui que l’agent vendu qui se cache derrière eux pour fanfaronner et crier victoire alors qu’il se cache dans un bunker sous terre. Ils lui sont fidèles et croient en ses positions de guerriers qu’à cela ne tienne mais ils ne peuvent pas imposer sa folie meurtrière à des libanais qui eux ne reconnaissent que l’autorité de leur armée et sa capacité à les protéger des vrais ennemis. Et s’ils ne veulent pas d’un pays démocratique où seule son armée est habilité à veiller sur la sécurité du pays et de son peuple alors qu’ils aillent avec armes et bagages et lui a leur tête en Iran ou en Syrie pour devenir coq sur leur poulailler. Le Liban est un pays démocratique depuis son édification et il serait temps que cette démocratie reprenne ses droits sur ceux qui ont décidé de la politique du chaos.

    Sissi zayyat

    10 h 19, le 09 août 2021

  • Comment a t-il pu offusquer notre barbu ? celui qui est sur tous les fronts, qui veut nous entrainer dans ses guerres et sa destruction du pays, celui qui vient de lancer une charge contre le juge Bitar pour le faire taire et le virer ... apparemment la vérité doit leur provoquer des cauchemars, ils sont depuis si longtemps habitués aux mensonges et aux manipulations.

    Zeidan

    09 h 34, le 09 août 2021

  • LORSQU,ON VEUT DEMANTELER UN BORDEL ON DEGAGE AVANT TOUT SA PATRONNE. C,EST LA REGLE DES BORDELS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 05, le 09 août 2021

  • Rai est le dernier espoir de recuperer le Liban. Ce qu’il prône est la logique meme. En l’abscence totale du chef de l’Etat, c’est lui qui defend l’Etat. Honte a tous les politiciens corrompus bassement soumis a la milice sectaire illegale et vendue

    Goraieb Nada

    08 h 56, le 09 août 2021

  • Cessons de tourner autour du pot. Nous avons toujours eu au Liban deux cultures différentes qui sont devenues aujourd’hui diamétralement opposées. Le Hezbollah, par ses armes et le nombre de ses partisans, considère que le Liban lui appartient. Il est, hélas, soutenu ouvertement par le CPL et son fondateur, alors qu’ils se déclarent comme défenseurs des chrétiens du Liban. Cher Patriarche, vous n’avez aucun pouvoir sur le Hezbollah, en revanche vous avez la pleine et totale autorité sur le Président et son gendre. Votre illustre prédécesseur avait exprimé librement son point de vue, ce qui lui avait valu une invasion de Bkerke en 1990 par les partisans du général Michel Aoun. Ne les craignez pas, la grande majorité de la population libanaise avec les maronites en premier lieu, attendent de votre part une position courageuse et inédite: la destitution du régime actuel qui nous a mené à la faillite et à la famine. Sinon, je crains que le clivage soit irréversible et que les chrétiens ne soient contraints à nouveau à chercher un protecteur

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 36, le 09 août 2021

  • Qu'a dit le cardinal apres le bombardement israelien au sud ? Qu'a fait le commandant en chef et avec quelles armes il peut riposter..... Les arguments sont connus de part et d'autre..... La resistance a sacrifié ses enfants pour buter l'armee israelienne dehors..... Felle n'a nulle intention de perdre son temps a ces pérégrinations..... Si le cardinal veut rejoindre la resistance ahlan wa sahlan..... Le reste c'est du baratin.

    HIJAZI ABDULRAHIM

    00 h 18, le 09 août 2021

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