Les cazas du Metn et du Kesrouan pourraient se retrouver face à une nouvelle crise des déchets dans les semaines à venir. En cause : des incidents répétitifs dans la décharge côtière de Bourj Hammoud-Jdeidé où les déchets de ces régions atterrissent, qui menacent le bon fonctionnement du système de collecte. Ces incidents, qui ont déjà été signalés à plusieurs reprises depuis le début de l’année, sont causés par des pillards et des ferrailleurs qui s’introduisent de manière quotidienne dans la décharge pour y voler des matériaux recyclables. Une pratique de plus en plus répandue en ces temps de crise, mais qui donne lieu à des accrochages avec les employés du site et entrave leur travail.
Mardi, la société Ramco, en charge de la collecte des ordures dans le Metn et le Kesrouan, avait arrêté de ramasser les poubelles pendant une demi-journée, la décharge étant devenue inaccessible ce jour-là à cause de la présence massive de pillards. « Nous avions arrêté de travailler de 9h à 13h. Nous ne pouvions pas faire entrer nos camions tellement il y avait de ferrailleurs. Ils sont au moins une centaine chaque jour, de tous les âges. L’un d’eux a tenté d’agresser un de nos chauffeurs », confie à L’Orient-Le Jour Walid Bou Saad, directeur de Ramco. « Dès que nous essayons d’entrer dans le dépotoir, nos véhicules sont assaillis de toutes parts. Nous n’arrivons pas à décharger les poubelles et nous avons peur que les ferrailleurs ne se fassent écraser par nos véhicules, vu la manière dont ils se jettent sur les camions », ajoute-t-il.
« Besoin d’être protégés »
La décharge a déjà été fermée pendant à peu près une semaine, en juin dernier, par l’entrepreneur Dany Khoury dont la société gère le site, après un afflux massif de ferrailleurs et plusieurs agressions subies par les employés des lieux. La collecte des ordures avait alors été interrompue par Ramco, et les rues du Metn et du Kesrouan ont été inondées par les ordures. La collecte a repris quelques jours plus tard, après la promesse que des agents de sécurité seraient postés sur place. Des membres de la police municipale de Jdeidé et de la fédération des municipalités du Kesrouan se sont alors relayés pendant un moment pour effectuer des rondes dans le dépotoir. Sauf que la surveillance semble s’être relâchée ces derniers jours.
« Je ne sais pas pourquoi les rondes se sont arrêtées. Personne n’a pu nous fournir de réponse claire, déplore Walid Bou Saad. Nous ne savons plus à qui nous adresser. Il faut mettre un terme aux agressions répétées dont nos employés sont victimes, sinon nous ne pourrons plus travailler et ce sera le citoyen qui en paiera le prix. Nous continuons de ramasser les ordures pour l’instant, mais nous ne savons pas jusqu’à quand nous pourrons continuer à le faire. Nous avons besoin d’être protégés. » En juin dernier, le Courant patriotique libre (CPL) – dont l’entrepreneur Dany Khoury est réputé être proche – avait accusé une personne originaire de Roueissate, une localité chiite du Metn, affiliée au mouvement Amal, d’être responsable de l’irruption des ferrailleurs. Une information démentie à L’OLJ par un cadre de la formation berriste.
« Le ministre doit agir »
Contacté par L’OLJ, un responsable au sein du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) n’a pas non plus de réponse claire quant à l’arrêt de la surveillance de la décharge. « Je pense que ce relâchement est tout simplement dû au laxisme des employés », déplore ce responsable qui a requis l’anonymat. « La surveillance avait été bien respectée au départ, puis elle s’est relâchée. La situation a alors dérapé ces derniers jours, lorsque de nombreux ferrailleurs ont fait irruption sur les lieux. C’est absolument désolant que l’État ne puisse pas assurer la sécurité d’un site qui lui appartient », soupire-t-il.
Ce responsable révèle par ailleurs que le CDR a adressé jeudi une lettre officielle au ministre sortant de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, dans laquelle il l’appelle à prendre les mesures nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du site. « Le ministre doit agir », lance-t-il, excédé. Dans cette lettre, que L’OLJ a pu consulter, le CDR explique que « l’entrepreneur (Dany Khoury, qui gère la décharge) pourrait être forcé de s’arrêter de travailler après le départ des forces de sécurité et de la police municipale qui s’étaient chargées de protéger les lieux pendant un moment ».
Dany Khoury avait déjà averti le CDR dans un courrier daté du 2 août du vol de trois pompes par les ferrailleurs ainsi que de matériel permettant d’assurer l’étanchéité de la décharge. « Nous avons besoin d’une intervention sécuritaire urgente », avertit l’entrepreneur dans ce document que le CDR a joint à la lettre adressée au ministère de l’Intérieur. Le CDR révèle en outre qu’il s’était déjà adressé en mai au ministère, en vain. Il avait également alerté le mohafez du Mont-Liban, Mohammad Mekkaoui, en avril dernier, mais tous ces appels à l’aide sont restés lettre morte.
commentaires (9)
Il faut transformer leurs lieux d’habitation et leurs accès à une déchèterie sauvage, peut être comprendront ils le sens de vivre dans une poubelle à ciel ouvert à cause de leur dévouement à transformer notre pays en un état insalubre et puant à leur image. Et s’ils ne sont pas contents il faut brûler les déchets sous leurs fenêtres. Il faut que ces malotrus vivent les mêmes conséquences de leurs trahison pour ce pays et son peuple. Il faut que les bennes à ordure leur servent de logis.
Sissi zayyat
12 h 50, le 12 août 2021