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Société - Développement

Une seconde vie pour les céréales du port de Beyrouth...

Vingt à trente mille tonnes de grains en putréfaction seront compostés ou recyclés d’ici à quatre mois.

Une seconde vie pour les céréales du port de Beyrouth...

Le ministre Franck Riester et l'ambassadrice Anne Grillo sur le site du sinistre du 4 août 2020, hier matin. Reuters/Mohamed Azakir

Presque un an après la double explosion au port de Beyrouth, le traitement des céréales qui se sont échappées des gigantesques silos à grains partiellement détruits est enfin lancé. Entre 20 000 et 30 000 tonnes de grains mêlés aux gravats et aux déchets accumulés dans le port devraient être recyclés d’ici à quatre mois grâce à Recygroup International, une entreprise française d’ingénierie environnementale qui a mis en place la procédure de tri. Le projet, qui bénéficie d’un financement public des autorités françaises à hauteur de 1,4 million d’euros, a été officiellement lancé hier en présence de Franck Riester, ministre français délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, qui effectuait une courte visite dans le pays (lire par ailleurs).

C’est dans une atmosphère marquée par une odeur nauséabonde, dégagée par les céréales en putréfaction, que le tri des grains a commencé il y a quelque temps, en vue d’un éventuel recyclage. « Nous sommes en train de séparer les grains du béton et de la ferraille. Nous étudions les possibilités de revalorisation des céréales récoltées. Elles seront soit compostées, soit transformées en technosols, c’est-à-dire des sols sur lesquels on peut marcher ou cultiver des plantes non destinées à la consommation », explique à L’Orient-Le Jour Christophe Deboffe, cofondateur de Recygroup. « Nous réfléchissons également à la revalorisation énergétique du carton, du bois ou du plastique que nous pourrions retrouver. Même le béton est réutilisable, il pourra servir à reconstruire les quais », ajoute M. Deboffe, qui toutefois met en garde contre la présence d’amiante parmi les gravats.

Pour mémoire

Recygroup étudie les moyens de réinsérer les déchets du port dans l’économie

Le ministre Franck Riester, accompagné de l’ambassadrice Anne Grillo, a effectué une brève visite d’inspection du projet sur le site toujours détruit du port. Il s’est félicité de l’action française, tout en appelant les autorités libanaises à réhabiliter le terminal de conteneurs au plus vite. « La France est aux côtés des Libanais, mais les autorités libanaises doivent assumer leurs responsabilités (…) Aujourd’hui, seulement 5 grues sur 16 sont opérationnelles. Il y a besoin d’un certain nombre de décisions sur la gouvernance du port », a-t-il lancé. « Les autorités libanaises doivent prendre les décisions qui s’imposent, à commencer par lancer un appel d’offres pour le terminal de conteneurs qui est la porte d’entrée pour les matières premières et les marchandises dont les Libanais ont besoin. Il y a une menace que le terminal cesse de fonctionner à court terme », a-t-il encore dit. Concernant l’enquête en cours sur la catastrophe du port, le ministre a insisté sur le fait que « justice doit être rendue ».

Marwan Rizkallah, directeur chez Mondis, l’entreprise libanaise qui se charge du tri mécanique des céréales, avant que celles-ci ne soient recyclées. Reuters/Mohamed Azakir

Odeurs nauséabondes et insectes

Sur le terrain, c’est l’entreprise libanaise Mondis, affiliée au groupe Man Entreprises, qui se charge du tri mécanique des céréales, avant que celles-ci ne soient recyclées. « Les habitants du secteur se plaignent des odeurs et des insectes, au fur et à mesure que les céréales pourrissent, explique Marwan Rizkallah, directeur chez Mondis. Il y a encore des grains à l’intérieur des silos non soufflés par l’explosion de nitrates, ainsi que tout autour. Nous travaillons à séparer les matières organiques, qui se sont échappées des silos, des gravats », ajoute-t-il. Les ouvriers devront trier plus de 12 000 m² carrés de grains pendant 3 à 4 mois, précise-t-il à L’Orient-Le Jour.

Lire aussi

Les silos du port de Beyrouth pourraient s’effondrer

Pour garantir la sécurité du chantier, les réservoirs à grains sont surveillés en permanence, car ils sont menacés d’effondrement. L’ONG Suisse SinA (Scan in Action), dirigée par Emmanuel Durand, ingénieur basé à Genève, avait installé gratuitement des détecteurs qui examinent les vibrations sur les silos toutes les deux minutes. Cette opération avait eu lieu avec le support de pompiers de Beyrouth et aussi l’équipe de Spéléo Liban. « Ces structures s’inclinent de 1 à 2 mm par jour », avertit Christophe Deboffe. Une situation qui aurait poussé les autorités à accélérer le déblaiement de ces imposants réservoirs de 48 mètres de haut et d’une capacité de stockage de plus de 100 000 tonnes, selon un diplomate français qui a requis l’anonymat. « Les silos pourraient s’effondrer, ce qui a accéléré la volonté des autorités libanaises de vouloir déblayer les lieux, en vue de les démolir ensuite », indique-t-il. Le diplomate révèle en outre que la France a dépensé 800 000 euros pour financer une étude sur les déchets du port ainsi que 550 000 euros pour une autre étude visant à doter l’espace portuaire d’un système électrique hybride avec recours à l’énergie solaire. Toujours selon ce diplomate, la France offrira bientôt au service des douanes du port un scanner dont le coût s’élève à 800 000 euros et se chargera de former les employés qui devront l’utiliser.

Franck Riester : Nous sommes là pour rappeler aux dirigeants libanais les engagements qu’ils ont pris

Franck Riester, ministre français délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, a déclaré hier que sa brève visite au Liban, entamée la veille au soir, avait notamment pour objectif de « rappeler aux dirigeants libanais les engagements qu’ils ont pris » pour former rapidement un cabinet capable de lancer des réformes, condition sine qua non au déblocage d’aides financières au pays en pleine crise.

« La France est à la hauteur de ses responsabilités et tient les engagements » que le président Macron a pris lorsqu’il est venu au Liban, a déclaré le responsable français lors d’une visite au port de Beyrouth (voir part ailleurs). « Mais force est de constater que les engagements des autorités libanaises ne sont pas tenus, pour un certain nombre d’entre eux », a-t-il déploré, citant notamment la formation du gouvernement et les réformes nécessaires face aux crises. « La France est aux côtés des Libanais et répondra à toutes leurs demandes pour les aider, mais les autorités libanaises doivent assumer leurs responsabilités », a-t-il insisté.

« Étant donné l’absence de décision (au niveau libanais) depuis maintenant onze mois, la France a décidé de prononcer un certain nombre de sanctions individuelles », a-t-il confirmé, soulignant que ces mesures impliquent notamment des limitations de déplacement de responsables et des gels d’avoirs. Ces sanctions visent à envoyer un « signal d’urgence », parce que « nous ne pouvons pas continuer comme ça ici au Liban », a ajouté le responsable français qui rappelle que, comme cela avait été annoncé hier à Bruxelles, « l’Europe est sur la même longueur d’onde » que Paris en ce qui concerne l’imposition de telles mesures contre les personnes qui « bloquent » les réformes.

Avant de quitter le port pour se rendre à Baabda, Franck Riester s’est rendu sur le terminal conteneurs de Beyrouth où il a rencontré des responsables de CMA CGM, groupe français du transport maritime et de la logistique, qui lui ont dressé un état des lieux des conditions de travail sur cette infrastructure toujours non réparée depuis le drame.

Au palais de Baabda, il a réitéré devant le président Michel Aoun « l’urgence que les responsables libanais forment un gouvernement crédible et efficace qui travaille à la réalisation des réformes nécessaires », selon un communiqué français. Il a également souligné « la volonté de la France d’agir avec ses partenaires régionaux et internationaux (…) sur la mise en place d’un régime de sanctions, pour faire pression sur les responsables du blocage politique et obtenir une sortie de crise ».

Presque un an après la double explosion au port de Beyrouth, le traitement des céréales qui se sont échappées des gigantesques silos à grains partiellement détruits est enfin lancé. Entre 20 000 et 30 000 tonnes de grains mêlés aux gravats et aux déchets accumulés dans le port devraient être recyclés d’ici à quatre mois grâce à Recygroup International, une entreprise...

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Les capteurs sur les silos ont été installés par Emmanuel Durand, ingénieur basé à Genève qui suit l’évolution de la structure depuis Septembre 2020 en forme volontaire et totalement gratuite. Emmanuel a réalisé par ailleurs 5 scans laser de haute précision à intervalles réguliers et identifié les mouvements structurels du bloc Nord. Ces activités sont réalisées par l’ONG Suisse SinA (Scan in Action) qui n’a aucun lien avec Recygroup. SinA a le soutien technique de l’USJ, de AUB, de l’ETH Zürich (universités), le support moral de l’ambassade de Suisse au Liban et accompagne l’équipe opérationnelle Libanaise des silos du port encadrée par son Directeur Assaad Haddad. Les capteurs ont été installés avec le support de pompiers de Beyrouth et aussi l’équipe de Spéléo Liban. SinA n’est aucunement liée à Recygroup ni à l’ambassade de France. Merci de corriger votre article. SinA donne du support structurel (génie civil) depuis l’explosion du 4 août, forme des étudiants (AUB, USJ-ESIB) aux techniques decision en 3D, collabore avec La Croix Rouge et des ONGs locales telles que Offre Joie ou Beirut Heritage Initiative, et produit des données technique sur les silos qui sont mises à disposition des différents acteurs locaux. (Insta @sina_ngo_geneva) Nous sommes également abonnés à l’OLJ : ) Merci

Emmanuel Durand

14 h 45, le 14 juillet 2021

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  • Les capteurs sur les silos ont été installés par Emmanuel Durand, ingénieur basé à Genève qui suit l’évolution de la structure depuis Septembre 2020 en forme volontaire et totalement gratuite. Emmanuel a réalisé par ailleurs 5 scans laser de haute précision à intervalles réguliers et identifié les mouvements structurels du bloc Nord. Ces activités sont réalisées par l’ONG Suisse SinA (Scan in Action) qui n’a aucun lien avec Recygroup. SinA a le soutien technique de l’USJ, de AUB, de l’ETH Zürich (universités), le support moral de l’ambassade de Suisse au Liban et accompagne l’équipe opérationnelle Libanaise des silos du port encadrée par son Directeur Assaad Haddad. Les capteurs ont été installés avec le support de pompiers de Beyrouth et aussi l’équipe de Spéléo Liban. SinA n’est aucunement liée à Recygroup ni à l’ambassade de France. Merci de corriger votre article. SinA donne du support structurel (génie civil) depuis l’explosion du 4 août, forme des étudiants (AUB, USJ-ESIB) aux techniques decision en 3D, collabore avec La Croix Rouge et des ONGs locales telles que Offre Joie ou Beirut Heritage Initiative, et produit des données technique sur les silos qui sont mises à disposition des différents acteurs locaux. (Insta @sina_ngo_geneva) Nous sommes également abonnés à l’OLJ : ) Merci

    Emmanuel Durand

    14 h 45, le 14 juillet 2021

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