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Politique - Conférence internationale de soutien

Biden et Macron somment les dirigeants d'agir pour sortir le pays de l'ornière

La communauté internationale promet une nouvelle aide d'urgence de 370 millions de dollars au profit de la population.

Biden et Macron somment les dirigeants d'agir pour sortir le pays de l'ornière

Le président français Emmanuel Macron prenant la parole à l'ouverture de la Conférence internationale de soutien à la population libanaise, qui réunissait les représentants d'une quarantaine d'Etats et d'organisations internationales en distanciel, le 4 août 2022. Photo by Christophe SIMON / POOL / AFP

La communauté internationale, Joe Biden et Emmanuel Macron en tête, a sommé mercredi, un an jour pour jour après l'explosion du port de Beyrouth, les dirigeants libanais d'agir pour extirper le pays de la pire crise économique de son histoire et promis une nouvelle aide d'urgence de 370 millions de dollars au profit de la population.

"Aucune aide ne sera jamais suffisante si les responsables politiques du Liban ne s'engagent pas à faire le dur mais nécessaire travail de réformer l'économie et combattre la corruption", a averti le président américain en promettant une nouvelle aide de près de 100 millions de dollars lors de la troisième "Conférence internationale de soutien à la population libanaise". Son homologue français Emmanuel Macron, qui présidait cette visioconférence, a fustigé pour sa part des "dysfonctionnements injustifiables" de la classe politique libanaise.

Le Liban est sans gouvernement depuis l'explosion, qui a tué plus de 200 personnes, défiguré une partie de la capitale et traumatisé les libanais, le 4 août 2020. Les dirigeants libanais, prisonniers d'intérêts personnels et clientélistes, sont restés jusqu'ici sourds à toutes les pressions internationales pour trouver un compromis politique susceptible de sortir le pays de l'ornière. "Ils semblent faire le pari du pourrissement (..)", a lancé le président Macron, déplorant une "faute historique et morale" et agitant une nouvelle fois la menace de sanctions.

"Pas de chèque en blanc"
La communauté internationale conditionne l'aide structurelle de plus de 11 milliards de dollars nécessaire au redressement économique du pays à la formation d'un gouvernement et à la mise en œuvre de réformes.  En attendant, cette nouvelle conférence a permis d'obtenir un engagement d'aide de 370 millions de dollars pour couvrir les besoins immédiats de la population dans les domaines alimentaire, de l'éducation, de la santé et de l'assainissement de l'eau, a annoncé l'Elysée dans un communiqué.

La France a annoncé de son côté "près de 100 millions d'euros" d'aide sur les 12 prochains mois, après 85 millions d'euros en 2020, et l'envoi de 500.000 doses de vaccins anti-Covid. Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a promis 40 millions d'euros, y compris pour les réfugiés syriens. Et l'UE un engagement de 5,5 millions d'euros pour faire face à la pandémie de Covid-19.

Pour mémoire

La France "prête à accroître les pressions sur les responsables libanais"

Une aide de 280 millions d'euros avait déjà été réunie lors des deux premières conférences internationales organisées par la France, ex-puissance mandataire, en 2020 pour répondre aux besoins les plus urgents. L'argent va directement à des associations, sous les auspices des Nations unies, et non à l'Etat libanais pour éviter corruption et incurie, les deux maux récurrents de la classe politique aux yeux des libanais.

Le Fonds monétaire international (FMI) devrait pour sa part allouer 860 millions de dollars au Liban au titre des droits de tirages spéciaux (DTS), a indiqué la Directrice générale de l'institution, Kristalina Georgieva, en exhortant le pays à les utiliser à bon escient. "Il n'y aura aucun chèque en blanc au bénéfice du système politique libanais", a averti pour sa part le président français.

"Pas de temps à perdre"
La France, qui a déjà restreint l'accès de son territoire à certains responsables libanais, s'est dite prête à aller plus loin. "Les dirigeants libanais ne doivent pas douter une seule seconde de notre détermination", a souligné Emmanuel Macron. L'UE agite aussi la menace de sanctions ciblées au niveau des Vingt-Sept. "Nous espérons que nous ne serons pas obligés d'en arriver là", a dit le président du Conseil européen, Charles Michel. "Il n'y a pas de temps à perdre. Le soutien international en dépend", a renchéri Heiko Maas.

Le Liban fait face à une triple crise politique, économique - l'une des pires à l'échelle mondiale depuis 1850, selon la Banque Mondiale - et sanitaire liée au Covid-19. Un an après la tragédie du port, provoquée par l'explosion de centaines de tonnes de nitrate d'ammonium stockées dans un entrepôt délabré, aucun responsable n'a été traduit en justice et l'enquête piétine, obstruée par les interventions politiques. "Les dirigeants libanais sont redevables de la vérité, la transparence, à l'égard de leur population", a insisté Emmanuel Macron.

"Le Liban compte sur vous"
Prenant la parole lors de la conférence, le président libanais Michel Aoun a pour sa part appelé la communauté internationale à ne pas laisser tomber le Liban et à lui fournir des aides, alors que le pays fait face à des "répercussions dévastatrices" à tous les niveaux, un an après le drame du port. "Aujourd’hui, la quête de la vérité et l’accomplissement de la justice sont exigés à juste titre par chacun d’entre nous et notamment par les familles des victimes", a-t-il lancé. "Je me suis déjà engagé devant mon peuple à ce que justice soit faite et que tous ceux qui sont impliqués soient punis", a affirmé le chef de l'Etat, qui avait plaidé pour une enquête locale et promis après la déflagration des résultats dans les "cinq jours". "Je réitère aujourd'hui encore mon engagement et assure que personne n'est au-dessus de la loi, quel que soit son rang", a encore martelé M. Aoun.

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Le président de la République a dit "espérer la formation d'un gouvernement qui puisse mettre en œuvre les réformes nécessaires, préparer les prochaines élections législatives et, en parallèle, instaurer la confiance avec nos partenaires internationaux et mener les négociations avec le Fonds monétaire international". Il a remercié la communauté internationale pour sa solidarité et l'a appelée à fournir "une assistance humanitaire, sociale et sanitaire", à garantir "les services de base indispensables notamment pour le système de santé et pour l'entretien des infrastructures d'eau et d’électricité", et à poursuivre son soutien à l'armée libanaise et aux forces de sécurité. Le chef de l'Etat a également réclamé une aide internationale pour "réhabiliter complètement le port de Beyrouth, artère vitale de l'économie libanaise". "Le Liban compte sur vous, ne le laissez pas tomber !", a-t-il conclu.

Elections de 2022
Lors du discours de clôture, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a déclaré que la mobilisation internationale aujourd’hui "démontre à nouveau, s’il en était besoin, notre détermination à rester, en toutes circonstances, aux côtés de la population du Liban". Il a remercié les organisations de la société civile libanaise présentes lors de la conférence. "Elles accomplissent au quotidien un travail remarquable pour soutenir les Libanais, elles incarnent l’espoir et l’avenir du Liban. Et elles doivent savoir qu’elles pourront continuer à compter sur nous", a-t-il lancé. Et de poursuivre : "Le soutien direct que nous apportons ensemble à la population du Liban ne se substitue en rien aux responsabilités des autorités libanaises, auxquelles il revient de prendre les décisions nécessaires pour permettre enfin une sortie de crise. Cela implique avant toute chose la formation, sans délai, d’un gouvernement compétent ; puis le lancement urgent de discussions crédibles en vue de la mise en place d’un programme du FMI ; et parallèlement, la mise en œuvre de premières réformes indispensables, que chacun connaît, sur la résolution de la crise du secteur bancaire, la régulation des flux de capitaux, le secteur de l’électricité et la lutte contre la corruption. Cela correspond à l’engagement que les dirigeants libanais ont pris devant leur population. Personne ne peut le tenir à leur place". Au-delà des premières réformes urgentes, qui conditionneront toute aide économique et financière structurelle, les autorités libanaises "doivent permettre aux aspirations de la population de s’exprimer, de manière pluraliste et démocratique, dans le cadre des élections prévues en 2022, a poursuivi le ministre français. Le prochain gouvernement sera donc responsable d’organiser la tenue du scrutin selon le calendrier prévu et de manière transparente et impartiale".

La communauté internationale, Joe Biden et Emmanuel Macron en tête, a sommé mercredi, un an jour pour jour après l'explosion du port de Beyrouth, les dirigeants libanais d'agir pour extirper le pays de la pire crise économique de son histoire et promis une nouvelle aide d'urgence de 370 millions de dollars au profit de la population."Aucune aide ne sera jamais suffisante si les...

commentaires (6)

Le Liban a besoin d’un Etat de DROIT et LAIC

JiJii

23 h 48, le 04 août 2021

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Commentaires (6)

  • Le Liban a besoin d’un Etat de DROIT et LAIC

    JiJii

    23 h 48, le 04 août 2021

  • Et si vous Mr. Aoun, les ministres.......le peuple !!!!!! Au lieu de quémander (c'est la seule chose que vous savez faire tous)

    Nayla Francis

    21 h 20, le 04 août 2021

  • "Je me suis engagé devant mon peuple" dixit Michel Aoun, 10ème paragraphe ... C'est une erreur de traduction, ou il pense que le peuple aussi lui appartient ?

    Hovsepian Ani

    21 h 04, le 04 août 2021

  • Et si vous, les ministres et les députés aidaient de votre propre argent (qui est effectivement le nôtre) le peuple !!!!!!

    Nayla Francis

    20 h 34, le 04 août 2021

  • Donc, le président de la République a appelée la communauté internationale à "fournir une assistance humanitaire, sociale et sanitaire, à garantir les services de base indispensables notamment pour le système de santé, et pour l'entretien des infrastructures d'eau et d'éléctricité..." Nous, on se pose la question: à quoi servent chez nous exactement les différents ministères censés s'occuper de ces infrastructures...??? - Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 45, le 04 août 2021

  • "aucun engagement n'a été tenu". Évidemment! A quoi s'attendait-il? Que les politiciens libanais tiennleurs promesses ? Peut-on vraiment être aussi naïf ?

    Yves Prevost

    16 h 00, le 04 août 2021

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