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Politique - Crise au Liban

Mikati écarte la possibilité d'un gouvernement avant le 4 août

Le président Aoun et le Premier ministre désigné se réuniront à nouveau lundi, pour commencer à discuter des noms des ministrables. 

Mikati écarte la possibilité d'un gouvernement avant le 4 août

Le Premier ministre libanais désigné, Nagib Mikati, à Baabda, le 26 juillet 2021. Photo Nabil Ismaïl

Le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, a écarté jeudi soir la possibilité qu'un gouvernement soit formé d'ici le 4 août, date qui marquera la première commémoration de la tragique double-explosion dans le port de Beyrouth qui avait poussé le cabinet de Hassane Diab à démissionner, soulignant dans le même temps ne se fixer aucun délai pour mener à bien sa mission. M. Mikati a fait ces déclarations lors de l'émission Sar el-Wa't du journaliste-vedette Marcel Ghanem, sur la MTV, quelques heures après son troisième entretien en trois jours avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, concernant la mise sur pied du cabinet. Les deux hommes vont se revoir lundi, comme l'a annoncé le député de Tripoli à son départ de Baabda, et devraient alors commencer à évoquer les noms des ministrables de la future équipe Mikati, après des tractations jusque-là principalement concentrées sur la répartition confessionnelle des portefeuilles dans une équipe de 24.

Au cours de ses trois réunions avec le président, la question des noms des ministres n'avait en effet pas été abordée, mais elle le serait à partir de lundi, a ainsi confirmé le Premier ministre désigné sur la MTV. Il a estimé dans ce contexte qu'il n'y aurait pas de nouveau cabinet avant le 4 août, comme cela avait été rapporté dans la presse tout de suite après sa désignation, soulignant dans le même temps qu'il ne se fixait aucun délai pour finaliser son équipe "ni en jours, ni en semaines, ni en mois". Les trois rencontres ont été l'occasion, a-t-il indiqué, de "présenter des propositions et entendre des commentaires (de la part du président) qui sont importants pour former un gouvernement homogène". "Jusqu'à présent, il y a une compréhension et une coopération totales entre le chef de l'Etat et moi, nous sommes d'accord sur les critères à respecter et sur le fait de laisser les points de divergence de côté jusqu'à ce que toute la répartition soit finalisée", a-t-il affirmé. Et d'affirmer, en réponse à une question du journaliste, qu'il n'avait pour le moment "aucune raison de se récuser".

Concernant l'attribution des portefeuilles de l'Intérieur, disputé, et de la Justice, "qui sont essentiels étant donné les échéances électorales de l'année prochaine", M. Mikati a estimé qu'ils devaient être tenus par des personnes qui n'ont aucune affiliation politique pour assurer "la crédibilité" des scrutins municipaux, législatifs et présidentiel. Il a encore estimé que les ministres de l'Economie et des Finances, qui devront négocier un plan de sauvetage avec le Fonds monétaire international (FMI), ne devront pas être "opposés" l'un à l'autre. Il a ajouté accorder également de l'importance à la nomination du ministre de l'Energie, ce ministère ayant constitué "une des plus grandes sources de gaspillage financier au cours des dernières années". "Personne ne pourra m'imposer le nom d'un ministre, mais je ne proposerai pas de mon côté de nom considéré comme provocateur", a-t-il poursuivi, précisant être contre l'attribution de plusieurs portefeuilles à un seul ministre. Répondant à une question du journaliste sur le tiers de blocage, que le tandem Aoun-CPL est accusé par ses détracteurs de vouloir obtenir, Nagib Mikati a demandé : pourquoi le chef de l'Etat "qui est le chef de tous les pouvoirs" au Liban "se réduirait et se limiterait à un tiers de blocage?".

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Par ailleurs, le Premier ministre désigné a déclaré qu'il ne "protège pas le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé", affirmant être en faveur d'un audit juricomptable des comptes de la banque centrale ainsi que de toutes les institutions de l'Etat "sans exception" tel que cela a été approuvé par le Parlement. 

Plus tôt dans la journée, M. Mikati s'était entretenu avec le président Aoun et avait quitté Baabda sans faire de déclaration. A son arrivée au palais présidentiel, il avait annoncé aux journalistes présents sur les lieux qu'il ne s'exprimerait pas à son départ, appelant toutefois à ne pas y voir un signe négatif concernant l'avancée des concertations. 

Dans un communiqué, Baabda avait de son côté souligné que MM. Aoun et Mikati avaient "échangé leurs points de vue concernant la proposition de répartition des portefeuilles entre les différentes confessions" et que l'atmosphère "positive" de la réunion "reflète une avancée dans les tractations". Cela devrait permettre, selon le bureau de presse de la présidence, "une naissance rapide" du gouvernement.

Davantage de concertations
Selon des sources au fait des discussions, citées par notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, plusieurs points de la mouture nécessitent davantage de concertations, notamment en ce qui concerne la répartition des portefeuilles régaliens - les Affaires étrangères, la Défense, les Finances et l'Intérieur - qui sont traditionnellement répartis de manière équitable entre chrétiens (un maronite et un grec-orthodoxe) et musulmans (un sunnite et un chiite). La mouture discutée est composée de 24 membres : le président du Conseil, le vice-président et vingt-deux ministres chacun chargé d'un seul ministère. 

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Mercredi, à l'issue de sa réunion à Baabda, le Premier ministre désigné avait annoncé avoir fait des "propositions" concernant la mouture gouvernementale au chef de l'Etat que ce dernier avait semblé "accepter", affirmant avoir "pris en considération les commentaires" du président. Et dans la soirée, lors d'un entretien téléphonique avec l'agence de presse américaine Bloomberg, Nagib Mikati avait affirmé avoir "le soutien international nécessaire de la part de l'Union européenne et en particulier de la France" dans sa mission et avoir "confiance dans le fait que les États-Unis seront prêts à (le) soutenir également". Mais jusque-là, les capitales occidentales ont fait preuve de prudence dans leurs réactions à la désignation de M. Mikati.

"Nécessité et urgence" 
A l'issue d'un entretien avec son homologue saoudien Fayçal ben Farhan, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s'est ainsi contenté de rappeler en ce qui concerne la situation au Liban "la nécessité et l'urgence que les dirigeants permettent la formation d'un gouvernement capable de réformer le pays", réitérant la mobilisation de la France concernant l'envoie d'une "aide directe à la population libanaise".

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De son côté, le représentant personnel du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a appelé dans la journée le Premier ministre désigné. Au cours de leur entretien, M. Bogdanov a espéré une formation rapide d'un "gouvernement de mission capable d'obtenir le soutien des forces politiques et confessionnelles" libanaises.

Mardi, à l'issue de concertations avec les différents groupes parlementaires et députés indépendants concernant le programme et la composition de son équipe, le PM désigné avait encore dit souhaiter la mise sur pied d'une équipe "purement technocrate", dans les plus brefs délais.

Nommé déjà deux fois Premier ministre par le passé, le riche homme d'affaires a été nommé pour reprendre le flambeau de la formation du cabinet une dizaine de jours après la récusation de Saad Hariri. Il s'agit depuis fin août 2020 et la démission du gouvernement de Hassane Diab, du troisième Premier ministre désigné pour former un gouvernement de "mission" réclamé à l'international, notamment par la France, qui a proposé en septembre dernier un plan de réformes économiques et de lutte anticorruption en contrepartie d'un déblocage d'une aide financière cruciale pour sortir le pays de la crise sans précédent qu'il traverse.

Le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, a écarté jeudi soir la possibilité qu'un gouvernement soit formé d'ici le 4 août, date qui marquera la première commémoration de la tragique double-explosion dans le port de Beyrouth qui avait poussé le cabinet de Hassane Diab à démissionner, soulignant dans le même temps ne se fixer aucun délai pour mener à bien sa mission. M. Mikati a...

commentaires (4)

"Concernant l'attribution des portefeuilles de l'Intérieur, disputé, et de la Justice, (...) M. Mikati a estimé qu'ils devaient être tenus par des personnes qui n'ont aucune affiliation politique". Mais n'est-ce pas le cas de TOUS les portefeuilles, puisque Mikati nous a promis un gouvernement purement technocrate? Mais il nous a aussi promis de s'efforcer de former un gouvernement avant le 4 août, et maintenant, il considère que rien ne presse et s'accorde des semaines voire des mois!

Yves Prevost

07 h 24, le 30 juillet 2021

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Commentaires (4)

  • "Concernant l'attribution des portefeuilles de l'Intérieur, disputé, et de la Justice, (...) M. Mikati a estimé qu'ils devaient être tenus par des personnes qui n'ont aucune affiliation politique". Mais n'est-ce pas le cas de TOUS les portefeuilles, puisque Mikati nous a promis un gouvernement purement technocrate? Mais il nous a aussi promis de s'efforcer de former un gouvernement avant le 4 août, et maintenant, il considère que rien ne presse et s'accorde des semaines voire des mois!

    Yves Prevost

    07 h 24, le 30 juillet 2021

  • Prenez votre temps puisque qu’avec ou sans gouvernement les libanais ne voient pas de différence. Mais ce qu’on constate c’est une répétition du scénario Hariri Aoun qui consiste à multiplier les navettes, maison du futur Baada, à encenser Aoun pour le ramener à la raison jusqu’au moment où il  se retranche dans son entêtement de mulet et là, n’en pouvant plus de ses caprices enfantins on le balance pour mauvaise foi et entrave à toute solution pour des raisons personnelles et mercantiles. Et bla bla bla et Aoun qui rejettera la faute sur l’autre et on en a ras le c.. la casquette de ces bons à rien qui nous balade jusqu’à l’enfer promis, parce qu’ils se prennent pour les propriétaires du pays et se servent de son peuple shooté et assommé par des promesses bidons.

    Sissi zayyat

    22 h 51, le 29 juillet 2021

  • Le Liban est prospère, il lui faut 24 ministres qui vont bien s’empiffrer, en France pour 67 millions d’habitants il y a 16 ministres, 14 ministres délégués et un secrétaire d’état …le Liban n’a aucun problème économique ou social, le premier ministre prend le luxe d’attendre lundi pour revoir le président…on le comprend, le peuple attend depuis presque 1 an ce gouvernement…à quoi sert-il d’accélérer ?

    mokpo

    20 h 10, le 29 juillet 2021

  • On va voir s’ils accepteront une équipe technocrate …

    Eleni Caridopoulou

    20 h 06, le 29 juillet 2021

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