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Politique - Décryptage

Berry maintient sa médiation... en dépit de la querelle Baabda-Aïn el-Tiné

Le président de la Chambre Nabih Berry a beau multiplier, ces derniers jours, les déclarations sur la poursuite de sa médiation, les Libanais croient de moins en moins à la possibilité d’avoir de sitôt un nouveau gouvernement, notamment avec la reprise de la guerre verbale entre Baabda et Aïn el-Tiné.

Pour une grande partie d’entre eux, les nouvelles du gouvernement en gestation sont devenues comme les fluctuations de la Bourse pour quelqu’un qui n’a pas d’argent. Ils ne s’y intéressent pas vraiment, mais écoutent quand même au cas où...

Dans les faits, après la réunion entre les émissaires du mouvement Amal et du Hezbollah, d’une part, et le chef du Courant patriotique libre d’autre part, il y a une semaine, les fuites avaient évoqué un climat relativement positif et plusieurs propositions élaborées pour régler la question des deux ministres chrétiens. Toutefois, ce climat avait été vite dissipé par un communiqué violent du courant du Futur, suivi de plusieurs déclarations de personnalités proches du Premier ministre désigné accusant Gebran Bassil, et à travers lui le chef de l’État, de refuser de faire la moindre concession et par conséquent d’entraver la formation du gouvernement.

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Les proches du chef du CPL ont immédiatement riposté, et l’adjoint politique du président de la Chambre, l’ancien ministre Ali Hassan Khalil, est intervenu pour accuser à son tour Gebran Bassil d’entraver le processus. Il est ainsi apparu qu’au cours de la rencontre entre ce dernier et Ali Hassan Khalil, Hussein Khalil et Wafic Safa, il avait été convenu de ne rien dévoiler à la presse pour protéger les progrès enregistrés et pouvoir en discuter tranquillement avec le Premier ministre désigné. Or, quelle n’a été la surprise de Saad Hariri et de ses proches de découvrir tous les détails de cette fameuse rencontre dans les médias. Ils ont donc estimé qu’il s’agissait d’une tentative de saboter le processus en mettant Saad Hariri au pied du mur. Ils ont rendu Gebran Bassil et ses proches responsables de ces fuites, mais en même temps, ils ont adressé des reproches aux émissaires chiites. Le ton est immédiatement monté au niveau des déclarations, et la trêve médiatique si difficilement conclue entre le CPL et le courant du Futur a volé en éclats.

Des rumeurs sur une éventuelle récusation de Saad Hariri ont commencé à circuler ; la rue sunnite a même bougé, des routes ont été fermées par des manifestants en colère... et le « pompier » Nabih Berry est revenu sur le devant de la scène, multipliant les déclarations pour rassurer les Libanais sur le maintien de sa médiation. Mais que ce soit dans ses déclarations ou dans celles de Ali Hassan Khalil, les accusations d’entraver le processus sont restées dirigées contre Gebran Bassil et le camp présidentiel. De plus, Nabih Berry a contacté Saad Hariri pour lui demander de ne pas renoncer à la présidence du Conseil, comme ses proches le laissaient entendre. Ce dernier a cédé à sa demande et s’est rendu à Dar el-Fatwa pour expliquer aux dignitaires religieux sunnites les développements au sujet de la formation du gouvernement. Il a ainsi reçu un appui inconditionnel de la part des dignitaires religieux sunnites et des anciens chefs de gouvernement, instaurant une nouvelle procédure pour les Premiers ministres désignés (celle d’obtenir la bénédiction des dignitaires religieux de la communauté) et coupant la voie à toute personnalité sunnite qui déciderait de tenter l’aventure. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le cheikh choisi pour lire le communiqué de Dar el-Fatwa est originaire du Liban-Nord comme l’ancien ministre Fayçal Karamé, qui avait multiplié les visites politiques au cours des derniers jours, donnant l’impression d’une candidature non officielle à la succession de Saad Hariri.

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Nabih Berry maintient en principe sa médiation, mais il n’a pas encore rencontré Saad Hariri pour discuter des idées avancées pendant la rencontre des émissaires chiites avec Gebran Bassil. Entre-temps, la guerre des déclarations a repris entre le CPL et le courant du Futur, puis entre Baabda et Aïn el-Tiné. Un nouveau problème s’ajoute désormais à ceux qui existent déjà. Il se résume comme suit : pour être efficace, une médiation ne devrait-elle pas être à égale distance des protagonistes ?

À la lumière de ces développements, les milieux proches du CPL sont de plus en plus convaincus du fait que Saad Hariri ne veut pas et ne peut pas former un gouvernement. Pour ces mêmes milieux, le scénario est devenu classique : chaque fois que Gebran Bassil propose des idées qui ne donnent l’avantage à aucun des deux protagonistes (comme le choix des deux ministres chrétiens par une tierce partie parmi des personnalités de la société civile ou des fonctionnaires de haut rang), le courant du Futur hausse le ton pour les balayer. D’ailleurs, dans les réunions internes du CPL, certaines voix s’élèvent proposant de laisser Saad Hariri choisir les deux ministres chrétiens. Les partisans de cette option sont convaincus qu’il « s’arrangera alors pour trouver une autre exigence, comme il le fait depuis près de huit mois ». Le Premier ministre désigné s’est pas exemple obstiné pendant des mois pour proposer un gouvernement de 18 membres, soi-disant par respect pour une demande formulée par le chef druze Walid Joumblatt. Or, lorsque ce dernier a lui-même déclaré qu’il ne tenait pas à un cabinet de 18 membres, il a avancé l’histoire du tiers de blocage. La présidence ayant officiellement déclaré qu’elle n’en voulait pas, il a lancé le problème des deux ministres chrétiens. Si cet obstacle venait à être surmonté, une autre question conflictuelle surgirait aussitôt (comme son exigence d’obtenir la confiance préalable du groupe parlementaire aouniste), et ainsi de suite jusqu’aux élections législatives ou jusqu’à ce qu’un feu vert régional se précise, selon ces mêmes milieux.

De son côté, le courant du Futur dément totalement cette approche et rejette toute la responsabilité du blocage sur le chef de l’État et Gebran Bassil qui chercheraient, selon lui, à travers leurs revendications, à regagner leur popularité chrétienne perdue et à éviter ainsi une débandade aux prochaines élections législatives.

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Nabih Berry, lui, continue d’affirmer que le problème est purement interne et que le fait de pousser Saad Hariri vers le départ serait une catastrophe pour le pays, car cela provoquerait un malaise au sein de la communauté sunnite qui pourrait se traduire par des frictions sur le terrain. Cela sans parler de l’aggravation de la crise économique et monétaire qu’une telle situation pourrait provoquer. C’est pourquoi il estime qu’il est de son devoir de faire tout son possible pour l’empêcher de renoncer à la présidence du Conseil. Sa médiation semble aujourd’hui compromise, compte tenu de la violence des échanges avec la présidence de la République, mais cela ne veut pas dire qu’elle est morte. Face à ces approches contradictoires, il devient de plus en plus probable que le Liban n’aura pas de nouveau gouvernement avant que les contours de la situation régionale se précisent. Ce qui pourrait prendre des mois...

Le président de la Chambre Nabih Berry a beau multiplier, ces derniers jours, les déclarations sur la poursuite de sa médiation, les Libanais croient de moins en moins à la possibilité d’avoir de sitôt un nouveau gouvernement, notamment avec la reprise de la guerre verbale entre Baabda et Aïn el-Tiné.
Pour une grande partie d’entre eux, les nouvelles du gouvernement en gestation sont...

commentaires (4)

Cet article relate les événements qui se sont déroulés avec la mauvaise foi habituelle de l’auteure. Exemple : 18 lignes pour trouver toutes sortes de défauts Saad Hariri qui empêche le gouvernement d’être formé et 4 lignes pour mettre la faute sur Gebran Bassil. Un peu d’objectivité et de lucidité Mme Haddad, les deux sont aussi nuls et incompétents comme tous leurs pairs des politiciens libanais

Lecteur excédé par la censure

17 h 18, le 17 juin 2021

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Commentaires (4)

  • Cet article relate les événements qui se sont déroulés avec la mauvaise foi habituelle de l’auteure. Exemple : 18 lignes pour trouver toutes sortes de défauts Saad Hariri qui empêche le gouvernement d’être formé et 4 lignes pour mettre la faute sur Gebran Bassil. Un peu d’objectivité et de lucidité Mme Haddad, les deux sont aussi nuls et incompétents comme tous leurs pairs des politiciens libanais

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 18, le 17 juin 2021

  • AH OUI ? C,EST DONC HARIRI QUI D,APRES VOUS A LANCE LA TORPILLE. ET QUE PEUT-ON ATTENDRE DE VOS ARTICLES MESQUINS D,AUTRE QUE DE LA MESQUENERIE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 46, le 17 juin 2021

  • Encore des querelles d’epiciers, Michel aoun qui s’est mis tout le monde a dos est oblige’ de renforcer sa totale dependence de l’unique parrain qui lui reste, le hezbollah. Malgre les fanfaronnades actuelles de Bassil, le hezbollah, veritable maitre d’orchestre de cette pitoyable caste politique, fait ce qui lui plait, les differents comparses l’ayant laisse’ faire pour couvrir leur vol caracterise’ des ressources du pays durant des decennies. Le jour ou le hezbollah , et son donneur d'ordres, l’Iran, voudront d’un gouvernement, tout le monde s’applatira, michel aoun en premier.

    Goraieb Nada

    08 h 45, le 17 juin 2021

  • Tout ceci est ridicule comme ce pays ridicule Nous ne le meritons pas On ne sait vivre qu avec un haut commissaire bientot il arrivera et sera ........ syrien !! Comme avant Honte à tous ces mafieux

    Elime 11

    08 h 26, le 17 juin 2021

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