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Politique - Gouvernement

Les efforts de Berry face au risque d’un nouvel échec

Michel Aoun s’en prend au président de la Chambre et l’invite à « se baser sur la Constitution ».


Les efforts de Berry face au risque d’un nouvel échec

Le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, s'entretenant avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à la Maison du Centre, le 15 juin 2021. Photo tirée du compte Twitter de M. Hariri

Contrairement à des informations qui avaient circulé dans la presse, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ne s’est pas rendu mardi à Aïn el-Tiné pour rencontrer le président de la Chambre Nabih Berry. Le blocage gouvernemental demeure donc total. Et pour cause : le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, refuse de s’engager à ce que son groupe parlementaire du Liban fort accorde sa confiance au futur cabinet et insiste pour nommer les deux ministres chrétiens supplémentaires dans une équipe de 24 sans tiers de blocage, selon une source bien informée. « C’est M. Bassil qui ne veut pas d’un nouveau gouvernement et qui en retarde la formation », déplore un proche du président de la Chambre. « La question des ministères de la Justice et de l’Intérieur a été réglée », confie-t-il, en référence au différend opposant le tandem Baabda-Courant patriotique libre à la Maison du Centre autour de ces deux portefeuilles régaliens. Il n’a toutefois pas voulu donner de détails concernant la solution en question.

Sauf que pour le bloc du Liban fort, les accusations lancées contre M. Bassil sont infondées. Dans un communiqué, le bloc a révélé la teneur des discussions avec les représentants d’Amal et du Hezbollah, affirmant que Gebran Bassil a été invité à être représenté au sein du cabinet et à lui accorder sa confiance.

Quelques heures plus tôt, c’est la présidence qui s’était invitée dans la partie, par le biais d’un communiqué virulent visiblement dirigé contre Nabih Berry. Irritée par l’appui indéfectible de ce dernier à Saad Hariri, la présidence a tiré à boulets rouges sur le président du Parlement, sans le nommer, l’invitant à « se baser sur la Constitution ». Soulignant que le chef de l’État « fait tout pour faciliter » la formation du gouvernement, le bureau de presse de la présidence a critiqué les « dernières déclarations et prises de position de différentes parties qui s’impliquent dans la formation du gouvernement en ignorant, délibérément ou pas, ce que stipule la Constitution ». Selon le texte, les dispositions de la Constitution « se limitent à la nécessité d’un accord entre le président de la République et le Premier ministre désigné » pour former le cabinet et publier les décrets de formation. Baabda a dénoncé encore des « violations des règles constitutionnelles et usages » par les « parties qui se portent volontaires pour aider à la mise sur pied du gouvernement », les appelant à « se baser sur la Constitution, se conformer à ses dispositions et à ne pas élargir son interprétation pour ancrer de nouveaux usages ». Le bureau de presse de Baabda a souligné dans ce cadre que « l’élan artificiel que certains s’efforcent de donner au processus gouvernemental n’aboutira pas s’il ne passe pas par les clauses 2, 3, 4 et 5 de l’article 53 de la Constitution, qui est la seule voie possible » pour mettre sur pied l’équipe ministérielle. Ces clauses définissent les prérogatives du président pour la formation du gouvernement. Une façon pour Michel Aoun de se repositionner comme un passage obligé pour la naissance de l’équipe Hariri. « Les prises de position et ingérences qui handicapent les tractations servent-elles l’intérêt des Libanais, qui croulent sous le poids d’une crise socio-économique inédite et répondent-elles à leurs besoins humanitaires et sociaux urgents, qui ne pourront trouver de solutions sérieuses que lorsqu’un gouvernement de sauvetage sera formé ? » s’est interrogé la présidence.

La récusation, une option qui s’éloigne
Motivé par les craintes de voir les menaces de récusation brandies par M. Hariri devenir réalité, Nabih Berry est monté ces derniers jours au créneau, affichant clairement son soutien au leader du Futur. C’est dans ce cadre que M. Berry s’était demandé lundi dans un entretien accordé à al-Joumhouriya « quelle alternative crédible » à Saad Hariri avaient les détracteurs du Premier ministre désigné, critiquant « la légèreté » avec laquelle le CPL traite le dossier de la formation du gouvernement. M. Berry semble avoir d’ailleurs réussi à reporter, du moins pour le moment, une récusation de M. Hariri. L’option semble en effet s’éloigner de plus en plus, ayant pris aujourd’hui une dimension régionale et internationale, estime une source politique informée, en référence aux contacts en cours entre l’Iran et les États-Unis.

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C’est dans ce cadre que le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, proche collaborateur de M. Berry, a été reçu mardi par le Premier ministre désigné. S’exprimant à l’issue de la réunion, il a indiqué que la discussion a porté sur les efforts déployés pour sortir le pays de la situation actuelle. « Nabih Berry attend toujours les réponses aux efforts déployés récemment. Et, jusqu’à ce jour, il ne lui est parvenu que des communiqués qui portent entre leurs lignes des prises de positions négatives. » Une réponse implicite au communiqué de Baabda. Affirmant que Saad Hariri est conscient de « (sa) mission constitutionnelle », M. Ferzli a estimé que le Premier ministre ne va pas jeter l’éponge.

La France maintient la pression
Outre l’appui de Nabih Berry, Saad Hariri s’est vu bénéficier du soutien de la communauté sunnite qui, par la voix du Conseil supérieur chérié, réuni samedi dernier, a mis en garde contre une atteinte aux « prérogatives du Premier ministre désigné ». Une position à laquelle se sont ralliés les anciens Premiers ministres Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam.

De son côté, la France, dont le président Emmanuel Macron est directement impliqué dans le dossier libanais, poursuit son forcing pour la formation d’une nouvelle équipe dans les plus brefs délais. C’est dans ce cadre que l’on pourrait inscrire l’entretien tenu mardi à Aïn el-Tiné entre Nabih Berry et l’ambassadrice de France à Beyrouth, Anne Grillo. L’occasion pour cette dernière d’exprimer le soutien de Paris aux efforts menés par M. Berry pour accélérer le processus gouvernemental. Mme Grillo s’est également entretenue avec Saad Hariri. Selon une source bien informée, la France a elle aussi appelé le Premier ministre désigné à écarter l’option d’une récusation. La tournée de Mme Grillo intervient à l’heure où, selon des informations rapportées par la presse locale, les sanctions françaises contre des personnalités politiques libanaises jugées corrompues et responsables du retard à mettre en place un nouveau cabinet sont déjà entrées en vigueur. Toujours selon les mêmes sources, la liste des personnalités visées par ces mesures ne sera pas rendue publique. Ces dernières en auraient été toutefois notifiées.

Contrairement à des informations qui avaient circulé dans la presse, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ne s’est pas rendu mardi à Aïn el-Tiné pour rencontrer le président de la Chambre Nabih Berry. Le blocage gouvernemental demeure donc total. Et pour cause : le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, refuse de s’engager à ce que son groupe parlementaire du...

commentaires (6)

Suivant la constitution le gouvernement est forme en accord entre le president de la republique et le premier ministre designe. Berri na rien a faire dans ce processus.

Mikael Hiram Abdelnoor

09 h 56, le 16 juin 2021

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Commentaires (6)

  • Suivant la constitution le gouvernement est forme en accord entre le president de la republique et le premier ministre designe. Berri na rien a faire dans ce processus.

    Mikael Hiram Abdelnoor

    09 h 56, le 16 juin 2021

  • Baabda attaque Ain El Tineh, le CPL attaque la Maison du Centre, Berri et Hariri affichent leur solidarité, Bassil veut nommer tous les ministres chrétiens….. on ne lit que ce genre de c…..depuis plusieurs mois. Mais vous nous emm….vous tous réunis dans le bloc des incompétents et corrompus jusqu’à la moelle. Un conseil : retirez vous rapidement avant que n’y soyez contraints par la rue en furie

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 32, le 16 juin 2021

  • Toujours selon les mêmes sources, la liste des personnalités visées par ces mesures ne sera pas rendue publique. Ces dernières en auraient été toutefois notifiées. BIZARRE DE NE PAS VOULOIR NOMMER LES PERSONNES CONCERNES PAR LES SANCTIONS LA VERITE LE PEUPLE A LE DROIT DE SAVOIR QUI SONT LES PERSONNES QUE LA FRANCE JUGE ETRE RESPONSABLE DU BLOCAGE DU GOUVERNEMENT ET QUI ENTRAINENT LE PAYS A LA FAILLITTE TOTALE. POURQUOI CETTE POSITION BIZARRE? UNE EXPLICATION AU MOINS S'IMPOSE

    LA VERITE

    00 h 18, le 16 juin 2021

  • Je n’y connais rien, mais il suffirait que Berry donne le bon exemple en renonçant au portefeuille des Finances pour que Gendrillon ne puisse plus s’accrocher à ses "prérogatives" de choisir tous les mini-stres chrétiens…

    Gros Gnon

    22 h 36, le 15 juin 2021

  • QUI PARLE DE CONSTITUTION ? CELUI QUI L,A VIOLEE MILLE FOIS ET LA VIOLE CONSTAMMENT AUJOURD,HUI EN S,ATTRIBUANT DES PREROGATIVES QU,ELLE NE LUI DONNE PAS ET EN RENIANT LES PREROGATIVES DU P.M. SUNNITE QUE LA CONSTITUTION LUI DONNE. TREVE DE MENSONGES. PERSONNE NE GOBE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 08, le 15 juin 2021

  • Ce président se plaint de bafouer la constitution alors qu’il a ouvert le bal et répété le déni de cette même constitution pour satisfaire des intérêts personnels et familiaux. Allons d

    Sissi zayyat

    21 h 24, le 15 juin 2021

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