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Économie - Focus

Dans quel contexte la livre a repassé la barre des 15 000

Certaines banques à court de liquidités en livres se fourniraient auprès d’autres agents du marché.

Dans quel contexte la livre a repassé la barre des 15 000

La monnaie nationale campe depuis quelques jours aux environs des 15 500 livres pour un dollar sur le marché parallèle. Photo Ramzi Haidar/AFP

En pleine déconfiture depuis le début de la crise il y a près de deux ans, le taux de change de la monnaie nationale sur le marché parallèle campe depuis quelques jours aux environs des 15 500 livres pour un dollar – avant de repasser en dessous des 15 000 hier soir selon les informations publiées sur divers groupes de messagerie dédiés. Un niveau relativement stationnaire qui suit une période de forte baisse entamée début juin, après environ deux mois de flottement entre 12 000 et 13 000 livres pour un dollar.

Le marché parallèle reste aujourd’hui, malgré les tentatives des autorités de le contrôler, le principal marqueur de la valeur réelle de la livre et l’opacité qui y règne rend difficile toute collecte d’informations permettant d’identifier avec certitude les différents facteurs qui font fluctuer les taux. La seule procédure judiciaire lancée à la suite d’une série d’arrestations et d’auditions en mai 2020 d’agents illégaux, d’un banquier et d’un cadre de la Banque du Liban (BDL) pour tenter de lever le voile sur les dessous de ce marché a été très politisée et s’est conclue par la suspension de la procureure Ghada Aoun, proche du CPL, qui avait récupéré le dossier.

Un certain nombre d'éléments semblent cependant avérés, selon plusieurs sources bancaires et financières régulièrement contactées par L’Orient-Le Jour. Tout d’abord, le volume des transferts d’argent de l’étranger vers le pays ne semble pas avoir diminué et, pour certains acteurs, est même en train d’augmenter par rapport au mois précédent, pour des montants qui se comptent en dizaines de millions de dollars par mois. Une source bancaire a, pour sa part, confirmé des informations publiées dans la presse hier indiquant que certaines banques étaient en train de se fournir en dollars sur le marché parallèle en prévision de l’entrée en vigueur de la circulaire n° 158. Des comportements similaires avaient été rapportés par les mêmes sources lorsque la livre s’était effondrée en mars, sans que nous puissions formellement les confirmer.

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Enfin, les sources interrogées ont également fait état de banques qui achètent des livres auprès d’agents de change ou même de sociétés de transferts d’argent, en les échangeant contre des chèques dont la valeur serait majorée de près de 10 %. Il s’agirait la plupart du temps d’établissements qui tentent de se fournir en liquidités après avoir dépassé leurs plafonds de retraits à la BDL et qui ne veulent pas entamer les dépôts à terme qu’ils y possèdent.

De la circulaire n° 151 à la 158

Le dernier trou d’air de la livre remonte à mars : stable en-dessous des 10 000 livres pour un dollar depuis le début de l’année, le taux avait dépassé la barre des 15 000 livres en quelques jours pour se replier ensuite aux environ de 12 000 livres. Pendant ce temps, les responsables politiques et institutionnels avaient adopté certaines mesures censées leur permettre de reprendre le contrôle de la situation – comme l’annonce de l’intégration des banques à la plate-forme Sayrafa ou la « fermeture » des sites en ligne communicant les taux de change sur le marché parallèle.

Le secteur bancaire se rapprochait, lui, d’une échéance critique, à savoir la fin d’une année fiscale marquée par une crise sans précédent et au cours de laquelle la BDL lui avait demandé d’augmenter son capital ainsi que ses liquidités en devises auprès des banques correspondantes. Un contexte qui est globalement assez similaire à celui dans lequel le nouveau décrochage soudain, sans être vraiment inattendu, que connaît actuellement la monnaie nationale, a lieu.

Tout d’abord, au moment où la livre recommençait à piquer du nez début juin, le Conseil d’État, saisi d’un recours, venait d’ordonner la suspension à titre conservatoire de la circulaire n° 151 de la BDL, qui permet aux déposants de retirer en livres et à un taux de 3 900 livres – supérieur à la parité officielle de 1 507,5 livres, mais qui a toujours été inférieur à celui du marché parallèle – une partie de leurs « dollars libanais » bloqués par les restrictions illégales adoptées par les banques. Après trois jours d’attente, le texte a finalement été maintenu suite à une réunion à Baabda entre le chef de l’État Michel Aoun, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, et le président du Conseil d’État, le juge Fadi Élias, pour des raisons encore floues aujourd’hui – l’existence d’un vice de forme dans la façon dont la juridiction a notifié la suspension à la BDL.

La faculté offerte par la circulaire a été présentée par ses promoteurs comme un moyen de contourner les restrictions bancaires en atténuant l’impact de la dévaluation sur le pouvoir d’achat des déposants, alors que ses détracteurs évoquent un processus de lirification forcée – transformation en livres – des dépôts en devises pour limiter les engagements des banques dans des monnaies que la BDL ne peut pas imprimer. Peu importe où l’on place le curseur, il reste que l’ensemble des acteurs économiques du pays ont finalement intégré ce mécanisme dans la gestion de leurs finances, que ce soit dans le paiement des salaires (certaines entreprises ont commencé à payer une partie des salaires de leurs effectifs en « lollars ») ou encore du calcul des loyers (affichage des prix en « lollars ») pour ne citer que ces exemples, qui ont donc alimenté les incertitudes sur le marché.

Actions de la BDL, réactions des banques

D’autant plus que les agents étaient déjà refroidis par deux autres échéances majeures et lourdes de conséquences pour une économie dont la taille a été divisée par un facteur supérieur à deux depuis le début de la crise. La rationalisation, voire la suppression des mécanismes de subvention ouverts par la BDL aux importateurs de certains produits (blé, carburant, médicaments, matériel médical et certaines denrées alimentaires), et qui était annoncée comme imminente par les autorités, a commencé à être mise en œuvre de manière indirecte via la baisse du nombre de dossiers validés par la Banque centrale.

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Ensuite, l’intégration des banques à la plate-forme Sayrafa, annoncée en mars comme un moyen de renforcer l’offre de dollars sur le marché et de limiter l’influence des agents parallèles sur le taux dollar/livre, n’a pas eu la portée que beaucoup de Libanais espéraient. Si la BDL a bien commencé à vendre dès fin mai des dollars via Sayrafa à un taux légèrement supérieur à 12 000 livres pour un dollar, plusieurs sources bancaires ont indiqué que le mécanisme était limité aux importateurs de denrées alimentaires et de médicaments non subventionnés.

Au cours de la première quinzaine de juin, la BDL a révélé son complexe mécanisme annoncé un mois plus tôt pour contraindre les banques à décaisser une partie des « lollars » de leurs déposants encore bloqués par les restrictions en « dollars frais ». Un dispositif décrit par la circulaire n° 158 que les banques doivent mettre en œuvre dès la fin du mois et qui soulève plus de questions qu’il n’apporte de garanties de succès. Outre la faiblesse des montants dont il autorise les retraits – soit 400 dollars « frais » par mois, ainsi que leur équivalent en livres au taux de la plate-forme de change Sayrafa, pour un total de maximum 50 000 dollars décaissables en cinq ans –, le flou règne sur la capacité des banques et de la BDL à trouver suffisamment de devises pour répondre aux demandes des titulaires de comptes concernés – que la Banque centrale estime à plusieurs centaines de milliers.

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Enfin, plusieurs sources bancaires ont réduit les plafonds de retraits en livres imposés à leurs clients, comme cela avait été le cas en octobre 2020. Dans les deux cas, les établissements ont réagi à un resserrement par la BDL des modalités de retraits de liquidités en livres qu’elle les autorise à effectuer à partir de leurs comptes courants – et qui les contraint à ponctionner leurs comptes à terme à la BDL qui sont rémunérés. Si la Banque centrale ne s’est pas exprimée sur le sujet, son objectif pourrait être de limiter la masse monétaire en livres en circulation, qui a explosé depuis le début de la crise.

Dernier épisode, mais dont l’impact est sans doute plus faible : les députés de la commission des Finances et du Budget ont adopté début juin une mouture de proposition de loi instaurant un contrôle des capitaux devant légaliser les restrictions bancaires. Un projet encore très inégal et qui arrive beaucoup trop tard pour être bénéfique, comme l’a sous-entendu le Fonds monétaire international.

En pleine déconfiture depuis le début de la crise il y a près de deux ans, le taux de change de la monnaie nationale sur le marché parallèle campe depuis quelques jours aux environs des 15 500 livres pour un dollar – avant de repasser en dessous des 15 000 hier soir selon les informations publiées sur divers groupes de messagerie dédiés. Un niveau relativement stationnaire qui...

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Très rares celles et ceux qui en parlent quand à certains médias Silence Radio Vols sur Beyrouth en provenance de l étranger sont pleins pleins pleins à craquer ... Que DIEU Protège les nouveaux arrivants au quotidien qui sont heureux de venir passer les plus beaux moments tout heureux au Liban parmi les leurs .... Les mauvais plaisants continuent à enfoncer de jours en jours surtout certains Médias dans la sinistrose ... Les devises circulent chaque arrivant dépensera au moins 3000 dollars en moyenne durant le séjour ... 3000 X 800 000 pax attendus cet été = 2,5 a 3 Milliards de US Dollars en circulation sur le territoire ... Restons calme afin de bien recevoir les nouveaux venus avec le sourire .... Ils auraient put et avaient l occasion d aller ailleurs ... Respectons les ... Antoine Menassa Association HALFA (Hommes d Affaires Libanais de France)

Menassa Antoine

14 h 29, le 18 juin 2021

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Commentaires (1)

  • Très rares celles et ceux qui en parlent quand à certains médias Silence Radio Vols sur Beyrouth en provenance de l étranger sont pleins pleins pleins à craquer ... Que DIEU Protège les nouveaux arrivants au quotidien qui sont heureux de venir passer les plus beaux moments tout heureux au Liban parmi les leurs .... Les mauvais plaisants continuent à enfoncer de jours en jours surtout certains Médias dans la sinistrose ... Les devises circulent chaque arrivant dépensera au moins 3000 dollars en moyenne durant le séjour ... 3000 X 800 000 pax attendus cet été = 2,5 a 3 Milliards de US Dollars en circulation sur le territoire ... Restons calme afin de bien recevoir les nouveaux venus avec le sourire .... Ils auraient put et avaient l occasion d aller ailleurs ... Respectons les ... Antoine Menassa Association HALFA (Hommes d Affaires Libanais de France)

    Menassa Antoine

    14 h 29, le 18 juin 2021

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