Le président de la République Michel Aoun a demandé lundi à l'émissaire américain en charge du dossier des négociations indirectes entre le Liban et Israël sur la démarcation de la frontière maritime, John Desrocher, de déployer des efforts avec les nouveaux dirigeants israéliens pour relancer ces pourparlers mais il a affirmé que l’Etat hébreu ne pouvait pas imposer son point de vue de manière unilatérale.
M. Desrocher, arrivé au Liban pour une visite qui n’avait pas été annoncée à l’avance, a été reçu en matinée au palais de Baabda par le président Aoun avec lequel il a évoqué "les développements liés au processus de négociations après leur interruption il y a plusieurs semaines".
Négociations "justes et honnêtes"
Aucune date n'a été fixée pour une nouvelle session de négociations avec Israël, un processus qui piétine alors qu'il est crucial pour que le Liban puisse entamer l'exploration et l'exploitation de ses réserves d'hydrocarbures. Le dernier round de négociations indirectes entre le Liban et Israël s'était déroulé au quartier général de la Finul le 4 mai à Nakoura en présence de M. Desrocher, mais n’avait abouti à aucun progrès.
« Le président Aoun a informé l’émissaire américain du souhait du Liban de voir les négociations indirectes de Nakoura se poursuivre (..) dans le but de parvenir à une entente susceptible de préserver les droits des parties concernées sur la base des lois internationales », a affirmé la présidence libanaise dans un communiqué repris par l’Agence nationale d’information (officielle).
Il a demandé au diplomate américain « d’exercer son rôle pour pousser vers des négociations justes et honnêtes sans préconditions ». Le chef de l’Etat a cependant souligné « qu’Israël ne pouvait pas imposer son point de vue unilatéral sur le processus de négociation ».
M. Aoun a exprimé l’espoir que les efforts que déploierait l’émissaire avec les responsables israéliens aboutiront à une telle reprise et que le changement de gouvernement en Israël ne retarderait pas le processus.
Le chef de l’Etat a assuré que le Liban était « ouvert aux idées proposées dans le cadre de l’entière souveraineté maritime et terrestre libanaise », mais qu’il se réservait « d’autre options si les Israéliens ne répondaient pas favorablement aux efforts déployés pour relancer les négociations ».
John Desrocher s'est également entretenu lundi avec le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, ainsi que la délégation libanaise en charge des négociations.
Demandes maximalistes
Les pourparlers avaient repris en mai après plusieurs mois de suspension alors que la superficie de la zone de litige continue de constituer une importante pierre d'achoppement. Les pourparlers avaient en effet démarré en octobre 2020 sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km² à partager entre les deux pays (la ligne 23 qui délimite le triangle des 860 km², adoptée par le gouvernement en 2011).
La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frederic Hof qui a joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55 % de cette zone contre 45 % à Israël. Mais après l’imposition de sanctions américaines contre le chef du Courant patriotique libre et gendre du chef de l’État, Gebran Bassil, le Liban avait fait monter les enchères, réclamant une zone supplémentaire de 1.430 km² dans le tracé de la frontière maritime avec Israël (la ligne 29), et les négociations avaient fini par être suspendues en décembre.
Le chef de l’État Michel Aoun avait fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille, avant de faire volte-face et de s’abstenir de signer le décret amendant la superficie de la zone réclamée par le Liban. Face aux revendications libanaises jugées maximalistes, l’État hébreu avait pour sa part menacé le Liban d’un tracé maximaliste de son cru qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation.
Au cours de sa visite à Beyrouth, l’émissaire américain doit notamment rencontrer également le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a négocié l’accord-cadre ayant permis le lancement de ces négociations et qui ne voit pas d’un bon œil le changement de la position libanaise.
commentaires (4)
Le pauvre Aoun ( alzeimer ) il ne sait pas avec qui il a faire , la remiere puissance du moyen orient ....
Eleni Caridopoulou
18 h 11, le 14 juin 2021