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Cycle infernal

La course à la déraison meurtrière et au suicide collectif… Il est vrai que la guerre a souvent des raisons que la raison ne connaît pas. Certes. Mais le déchaînement démentiel de ces derniers jours entre Israël et les deux formations palestiniennes retranchées à Gaza – le Hamas et le Jihad islamique – dépasse tout entendement.

Cette nouvelle guerre israélo-palestinienne reflète une réalité amère : l’existence de part et d’autre d’une volonté insensée de saboter tout effort de paix véritable entre Israël et les Palestiniens. Pour s’en convaincre, il faut remonter au processus d’Oslo de 1993. Un processus torpillé par la droite israélienne et le Hamas. Les mêmes parties qui se livrent bataille aujourd’hui ! À l’époque, l’extrême droite israélienne et les organisations fondamentalistes palestiniennes avaient fait feu de tout bois pour saboter l’occasion historique d’ouvrir une nouvelle page entre Israël et le peuple palestinien.

De fait, à la faveur de la conférence de paix de Madrid (1991), les dirigeants israéliens et palestiniens, plus précisément le leader de l’OLP Yasser Arafat et l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et son ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, avaient eu l’extraordinaire courage d’initier des discussions ultrasecrètes en Norvège menées par une poignée de leurs plus proches conseillers. Au total, une quinzaine de réunions s’étaient tenues en divers endroits de la Norvège, notamment à Oslo, loin des feux de la rampe, entre janvier et août 1993.

L’initiative avait été marquée par une démarche peu coutumière qui reflétait une volonté réelle d’instaurer la paix des braves : les premières rencontres avaient d’abord eu lieu dans le cadre d’une villa propice à la création d’un climat convivial ; avant que les réunions de travail ne débutent sérieusement, les délégués palestiniens et israéliens avaient d’abord entrepris pendant plusieurs jours et dans la plus grande discrétion de faire plus ample connaissance, partageant ensemble les repas et effectuant de petites marches entre eux dans les jardins afin de se livrer à des échanges sur des sujets divers, l’objectif étant de bâtir une atmosphère de confiance afin de faciliter par la suite les pourparlers sur les problèmes de fond.

La démarche avait effectivement porté ses fruits et avait abouti aux fameux accords d’Oslo qui avaient posé les jalons d’un véritable processus de paix. Ces accords avaient été signés à la Maison-Blanche le 13 septembre 1993 au cours d’une cérémonie solennelle parrainée par le président Bill Clinton et qui avait été marquée par l’historique et incroyable poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. C’était le coup d’envoi de ce qui devait être une longue marche vers une paix réelle. Mais c’était sans compter la déraison destructrice. En 1994 et 1995, le Hamas effectuait une série d’attentats-suicide dans plusieurs villes israéliennes, principalement à Tel-Aviv et Jérusalem, ébranlant ainsi le processus fraîchement enclenché. Et comme les extrêmes se rencontrent, un étudiant israélien de la droite radicale assassinait en novembre 1995 Yitzhak Rabin qui était sans doute le seul leader israélien à avoir toute la légitimité, l’autorité et le prestige requis pour appliquer les termes des accords d’Oslo. Avec l’assassinat de Rabin débutait le déclin du processus de paix, d’autant qu’un an plus tard, la droite conduite par Benjamin Netanyahu – hostile aux accords d’Oslo – arrivait au pouvoir.

Et pour couronner le torpillage de l’initiative de paix déjà chancelante, une politique de colonisation rampante était menée par la droite israélienne. Le cycle de violence de ces derniers jours est précisément la conséquence de cette colonisation sauvage dont a été récemment le théâtre le quartier palestinien de Cheikh Jarrah. Les propos d’un autre monde tenus par un colon à cette occasion illustrent l’ampleur du problème qui se pose sur ce plan. À un correspondant de presse qui lui demandait s’il n’avait pas le sentiment d’être un occupant, il devait répondre d’un air satisfait : « Oui, je n’ai pas d’inconvénient à être un occupant. Les Américains ont bien occupé les terres des Indiens ! »

En sabotant de la sorte, depuis l’assassinat de Rabin, tout espoir de paix, la droite israélienne et les organisations fondamentalistes palestiniennes – aujourd’hui manipulées par l’Iran – se livrent au jeu de « la guerre pour la guerre », sans perspectives et sans horizons, en feignant d’ignorer que le court-circuitage de la solution des deux États – seule voie possible pour une paix juste et durable – aboutit inéluctablement à une recrudescence de la violence aveugle. Preuve en est les quelque 3 000 missiles qui se sont abattus en moins d’une semaine – fait sans précédent – sur plusieurs grandes villes israéliennes, notamment Tel-Aviv et la périphérie de Haïfa. Et dans la bande de Gaza, la destruction totale de grands bâtiments, qui se sont effondrés comme des châteaux de cartes, en dit long sur la puissance de feu de l’État hébreu. De quoi faire réfléchir les défenseurs de la théorie de « l’équilibre dissuasif de la terreur ». Car en définitive, opter pour le jeu de la déraison meurtrière finit par entraîner les populations dans un cycle infernal de violence dont les événements de ces derniers jours ne sont peut-être qu’un avant-goût très amer de drames démentiels futurs.

La course à la déraison meurtrière et au suicide collectif… Il est vrai que la guerre a souvent des raisons que la raison ne connaît pas. Certes. Mais le déchaînement démentiel de ces derniers jours entre Israël et les deux formations palestiniennes retranchées à Gaza – le Hamas et le Jihad islamique – dépasse tout entendement.Cette nouvelle guerre israélo-palestinienne reflète...

commentaires (4)

Ça n’est pour pas rien que le patriarche Raï s’époumone pour annoncer à qui veut l’entendre que le Liban doit rester à distance des problèmes complexes de la région en perpétuel conflit. Ils trouvent toujours, quand ils n’inventent pas de toutes pièces des problèmes récurants pour justifier leur barbarie et amortir les dépenses en armes et en machines de guerre depuis notre sol SVP et certains leur trouvent des excuses pour leur plan de leur propre extermination? Comment se peut il que certains soient à ce point aveugles et sourds pour ne pas dire niais pour comprendre et justifier leur barbarie et tolérer l’intolérable? Le brain washing fonctionne à merveille sous les yeux ébahis des libanais patriotiques qui eux n’aspirent qu’à une chose vivre en paix et avancer.

Sissi zayyat

12 h 07, le 20 mai 2021

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Commentaires (4)

  • Ça n’est pour pas rien que le patriarche Raï s’époumone pour annoncer à qui veut l’entendre que le Liban doit rester à distance des problèmes complexes de la région en perpétuel conflit. Ils trouvent toujours, quand ils n’inventent pas de toutes pièces des problèmes récurants pour justifier leur barbarie et amortir les dépenses en armes et en machines de guerre depuis notre sol SVP et certains leur trouvent des excuses pour leur plan de leur propre extermination? Comment se peut il que certains soient à ce point aveugles et sourds pour ne pas dire niais pour comprendre et justifier leur barbarie et tolérer l’intolérable? Le brain washing fonctionne à merveille sous les yeux ébahis des libanais patriotiques qui eux n’aspirent qu’à une chose vivre en paix et avancer.

    Sissi zayyat

    12 h 07, le 20 mai 2021

  • Mais en quoi cela regarde le Liban si la Palestine n’a pas su se débrouiller ?!?! En quoi cela concerne les libanais si des palestiniens qui faisaient des barrages au Liban même et contre les libanais se font massacrer ?!?!?

    Bery tus

    14 h 46, le 18 mai 2021

  • M. Toumas , il est vrai que le premier est soutenu par tonton Sam et le second par l'Iran. Cependant ,comment parvenir à une paix durable et définitive tant qu'Israël n'arrête pas grignoter le peu qui reste du territoire palestinien ? Un problème majeur que vous n'avez pas mentionné dans votre édito .

    Hitti arlette

    11 h 21, le 18 mai 2021

  • "opter pour le jeu de la déraison meurtrière finit par entraîner les populations dans un cycle infernal de violence..." Que c'est vrai et bien dit... En libanais on dit " les armes dans les mains des c..s blessent..." et notre monde en a trop de ses mains, qui feraient mieux, plutôt, de se serrer dans une paix durable et bénéfique...mais ...nous revoilà à rêver !

    Wlek Sanferlou

    01 h 54, le 18 mai 2021

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