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Politique - Frontière maritime

Reprise des négociations indirectes entre le Liban et Israël

Une source à la présidence libanaise a affirmé que "les pourparlers commenceraient au point où ils s'étaient arrêtés, c'est-à-dire pour nous à la ligne 29. Nous n'accepterons pas la ligne qu'ils proposent et ils n'accepteront pas la nôtre. Nous verrons donc ce que le médiateur va proposer (...) pour arriver à des points communs".
Reprise des négociations indirectes entre le Liban et Israël

Un convoi de la Finul, le 4 mai 2021 dans le village libanais de Nakoura, à la frontière avec Israël. Photo REUTERS/Aziz Taher

Pour la première fois depuis leur suspension en décembre dernier, les négociations indirectes entre le Liban et Israël autour de la délimitation de leur frontière maritime ont repris mardi, alors que l'émissaire américain en charge du dossier, John Desrocher, arrivé lundi à Beyrouth, s'est entretenu avec la délégation libanaise peu avant le début de la séance.

Ce cinquième round de pourparlers a repris à 10h ce matin dans le village libanais de Naqoura, sous les auspices des Nations unies et par l'intermédiaire de la médiation américaine, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), en référence aux locaux de l'ONU dans cette localité du sud du Liban frontalière d'Israël, où s'étaient tenues les réunions précédentes. Les pourparlers se sont terminés vers 15h30. La délégation libanaise était dirigée par le général Bassam Yassine, qui occupe le poste de chef d’état-major adjoint pour les opérations, et comprend le colonel Mazen Basbous, qui a occupé le poste d’adjoint du commandant des forces maritimes, Wissam Chbat, président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA, principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures off-shore au Liban) et Nagib Massihi, un expert en droit international et spécialiste du dossier des frontières maritimes qui collaborait avec le commandement de l’armée dans le domaine de la cartographie.

Le commentaire d'Anthony Samrani

Frontière maritime : des négociations, mais pour quoi faire ?

Cette reprise des négociations après plusieurs mois de suspension intervient alors que la superficie de la zone de litige continue de constituer une importante pierre d'achoppement.  Les pourparlers avaient en effet démarré en octobre 2020 sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km² à partager entre les deux pays (la ligne 23 qui délimite le triangle des 860 km2, adoptée par le gouvernement en 2011). La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frederic Hof qui a joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55 % de cette zone contre 45 % à Israël. Mais après l’imposition de sanctions américaines contre le chef du Courant patriotique libre et gendre du chef de l’État, Gebran Bassil, le Liban avait fait monter les enchères, réclamant une zone supplémentaire de 1.430 km² dans le tracé de la frontière maritime avec Israël (la ligne 29), et les négociations avaient fini par être suspendues en décembre. Dans un entretien avec L'Orient-Le Jour, M. Hof s’était déclaré "très surpris" par la nouvelle demande libanaise.

Les revendications du Liban
Mardi matin, une source à la présidence libanaise a affirmé à l'AFP que "les pourparlers commenceraient au point où ils s'étaient arrêtés, c'est-à-dire pour nous à la ligne 29", qui confère au Liban la zone supplémentaire. "Nous n'accepterons pas la ligne qu'ils proposent et ils n'accepteront pas la nôtre. Nous verrons donc ce que le médiateur va proposer (...) pour arriver à des points communs", a-t-elle ajouté, sous couvert d'anonymat. A l'issue de la séance de pourparlers, la délégation libanaise a été reçue par le président Michel Aoun afin de l'informer de la tenue des discussions. Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, aucune date n'a encore été fixée pour la prochaine réunion. Les Américains ont insisté à limiter les pourparlers à la zone disputée des 860 Km2, donc à la ligne Hof, mais la délégation libanaise a demandé un délai de réflexion car elle a d'autres revendications basées sur des documents qui lui donnent le droit à une superficie plus large. La partie libanaise, toujours selon Hoda Chedid, mènera des contacts avec les médiateurs américains pour poursuivre les négociations "sans conditions préétablies" et conformément au droit international, suivant les directives de M. Aoun.

Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, les Américains veulent finaliser le dossier dans le courant du mois et les Israéliens veulent également accélérer le processus pour lancer les travaux d'exploitation du champ Karish. La partie libanaise veut profiter de cette volonté américano-israélienne d'aboutir rapidement à un compromis pour arracher des concessions et renforcer la position du Liban, ajoute notre chroniqueur. Selon des sources proches de la délégation, la partie libanaise est consciente du fait que la ligne 29 ne sera pas acceptée par les Israéliens. Elle veut donc protéger la ligne 23 sur base de laquelle les négociations se déroulent voire même essayer d'obtenir une superficie plus large que la totalité des 860 km2. Selon des informations obtenues par notre chroniqueur, le Liban est en position de négocier un accord sur une zone allant au-delà des 860 Km2, afin de protéger le champ Cana (qui part de la ligne 23 et s’étend plus au sud). La partie libanaise veut obtenir une reconnaissance israélienne de la libanité de ce camp et d'autres camps similaires qui pourraient se trouver dans la zone. Si la partie libanaise réussit à obtenir gain de cause, elle aurait réalisé une victoire, ajoute Mounir Rabih citant les mêmes sources, dans le sens où elle aurait obtenu la totalité des 860 Km2 (contrairement à la répartition Hof qui attribuait au Liban 55% de cette zone) et réussi à protéger les champs gaziers qui se trouveraient au-delà de cette zone.

Une carte détaillant les enjeux des négociations sur la démarcation des frontières maritimes. Mark Mansour

Le chef de l’État, Michel Aoun, avait fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille pendant plusieurs semaines. Pourtant, après paraphe d’un amendement au décret 6433/2011 qui donne au Liban un droit supplémentaire sur 1.430 km² par les ministres concernés, le président de la République avait refusé d’y apporter son approbation exceptionnelle, conditionnant toute signature à un consensus en Conseil des ministres. Le cabinet sortant de Hassane Diab est cependant uniquement chargé de la gestion des affaires courantes et ne peut pas donc se réunir normalement. Dans un entretien publié dans le quotidien Nida’ el-Watan, le chef de l’État avait estimé que promulguer l’amendement du décret 6433/2011 reviendrait à "mettre un terme aux négociations" avec Israël. Face aux revendications libanaises jugées maximalistes, l’État hébreu avait menacé le Liban d’un tracé maximaliste de son cru qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation. Mais les détracteurs du chef de l’État l’accusent d’utiliser ce dossier comme une arme de négociations avec les États-Unis pour les pousser à revoir leur position par rapport à son gendre, Gebran Bassil, des accusations que ce dernier dément. Dans un discours prononcé il y a une dizaine de jours, le chef du CPL avait proposé un compromis entre les limites de la zone disputée et la ligne 29 qui représente les revendications maximalistes du Liban. Mais cette proposition n’a pas manqué de susciter une nouvelle polémique, les détracteurs de Gebran Bassil l’accusant de vouloir instrumentaliser le dossier à des fins personnelles.

Parallèlement aux pourparlers, M. Aoun s'est entretenu au palais de Baabda avec la ministre sortante de la Défense, Zeina Acar, évoquant avec elle les négociations en cours et les directives qu'il a données la veille à la délégation libanaise. Lundi, le chef de l'Etat avait réitéré devant cette délégation "l'importance de corriger les frontières maritimes, conformément aux lois et conventions internationales".

Pour faire pression sur les autorités et réclamer du président Aoun la signature de l'amendement du décret 6433/2011, un groupe de manifestants s'est rassemblés vers 16h sur la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth. Plus tôt en journée, c'est une poignée de militants du Parti communiste libanais (PCL) qui a tenu un sit-in sur une route de Nakoura pour protester cette fois contre les négociations indirectes avec Israël, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. Ce genre de manifestations a déjà eu lieu lors des précédents rounds.

Photo fournie par notre correspondant Mountasser Abdallah

Pour la première fois depuis leur suspension en décembre dernier, les négociations indirectes entre le Liban et Israël autour de la délimitation de leur frontière maritime ont repris mardi, alors que l'émissaire américain en charge du dossier, John Desrocher, arrivé lundi à Beyrouth, s'est entretenu avec la délégation libanaise peu avant le début de la séance.Ce cinquième round de...

commentaires (4)

Une demi douzaine pathétique !

Wow

20 h 11, le 04 mai 2021

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Une demi douzaine pathétique !

    Wow

    20 h 11, le 04 mai 2021

  • Pauvre Liban il n'a pas compris avec qui il a à faire, Israel et l'Amérique ???

    Eleni Caridopoulou

    17 h 07, le 04 mai 2021

  • Concernant cette poignée qui manifeste contre les pourpalers indirects...On leur conseille de plonger dans la mer, qui est juste à leur côté. Ca leur rafraichira un peu les neurones et sans doute leur QI pourrait se renforcer avec un peu de chance. Bon sang, encore une poignée qui vit hors du temps actuel .

    LE FRANCOPHONE

    13 h 41, le 04 mai 2021

  • Fallait il faire tout ce tapage , retard et blocage pour ensuite reprendre là où ils s'étaient arrêtés?? En effet, la version de "chantage" ( ce qui est crétin parce que c'est le liban qui est perdant dans ce cas). Donc la version de "chantage diplomatique " pour désserrer l'interdiction US envers Bassil serait uniquement la cause du volte face libanais. Volte face qui a fini en queue de poisson puisque ce "stratagème" à des fins strictement personnels et non à des fins patriotiques nationaux, eh bien il n'a pas abouti

    LE FRANCOPHONE

    13 h 39, le 04 mai 2021

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