Au lendemain de l’annonce de mesures visant des responsables libanais accusés notamment de blocage politique, on apprend que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est attendu à Beyrouth mercredi prochain, pour une visite de 48 heures. Ce déplacement du chef de la diplomatie française, très impliqué aux côtés du président Emmanuel Macron dans le dossier libanais, a été annoncé vendredi matin, soit moins de 24 heures après ses déclarations selon lesquelles Paris avait commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités impliquées dans le blocage politique au Liban ou dans la corruption. Aucune précision n’a été fournie par le ministre sur la nature des restrictions qui ont commencé à être adoptées, ni surtout sur l’identité des personnes touchées par ces mesures. "Les responsables du blocage doivent comprendre que nous ne resterons pas inactifs", avait-il déclaré jeudi lors d’une conférence de presse conjointe à La Valette avec son homologue maltais, Evarist Bartolo. Il avait, en outre, précisé qu’il n’était pas exclu que la France adopte "des mesures supplémentaires à l’encontre de tous ceux qui entravent la sortie de crise (...), en coordination avec (ses) partenaires internationaux".
La visite de M. Le Drian s’inscrit donc dans la continuité des efforts menés par M. Macron, au lendemain de la catastrophique double explosion au port de Beyrouth, en août 2020, pour lancer un processus de sauvetage du pays. Avec l’annonce des restrictions, la France est passée à la vitesse supérieure sans attendre un appui de l’Union européenne, dont les membres ne semblent pas unanimement favorables à une telle démarche, comme l’avaient montré les propos tenus au Liban par le ministre hongrois des Affaires étrangères, en début de semaine. A l’issue d’un entretien avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, il avait déclaré que Budapest s’opposerait à tout projet de sanctions européennes visant le plus grand parti chrétien libanais, à savoir le CPL.
Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, le chef de la diplomatie française viendra mercredi à Beyrouth pour notifier les responsables libanais de la volonté de Paris de mettre officiellement sur les rails les mesures restrictives à l’encontre de ceux qui entravent le processus gouvernemental. Il doit entamer ses entretiens par une rencontre jeudi à Baabda avec le président de la République, Michel Aoun, comme l’indique à L’Orient-Le Jour un proche de la présidence. Outre M. Aoun, Jean-Yves Le Drian a notamment demandé à s'entretenir avec le président du Parlement, Nabih Berry, selon Reuters qui se base sur une note envoyée par l'ambassade. Il souhaite également rencontrer Gebran Bassil, qui est soumis à des sanctions américaines depuis novembre pour corruption présumée et en raison de ses liens avec le Hezbollah, ajoute Reuters. M. Bassil est accusé par plusieurs parties de bloquer sciemment la mise sur pied de la future équipe ministérielle pour des calculs politiques et présidentiels prématurés. Le ministre français pourrait rencontrer aussi tous les chefs de file qui avaient pris part à la réunion tenue, le 1er septembre dernier, à la Résidence des Pins, avec Emmanuel Macron. Une réunion pourrait également se tenir avec des représentants du Hezbollah.
Dossiers « à l’étude »
En attendant l’arrivée de M. Le Drian à Beyrouth, une seule question est posée dans les milieux politiques : qui sont les personnalités visées par les nouvelles mesures françaises ? Pour le moment, la réponse est entourée de flou. Une source citée par Mounir Rabih croit portant savoir qu’il s’agirait de personnes gravitant dans l’orbite du courant du Futur et du camp aouniste. A l’heure actuelle, la France étudie les dossiers des personnes qui pourraient être visées par la démarche, comme le souligne une personnalité proche du dossier sous couvert d’anonymat. Selon des sources diplomatiques citées par Reuters, Gebran Bassil pourrait être l'une des personnalités visées.
Entre-temps, le bras de fer entre le tandem Baabda-CPL d’une part, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, reste entier. Dans une interview accordée jeudi à la chaîne Russia Today, M. Bassil qui se trouvait à Moscou, a estimé que si le Premier ministre désigné avait respecté la Constitution et le Pacte national, le pays n’en serait pas là. Une source diplomatique citée par Mounir Rabih croit savoir que c'est avec le représentant personnel de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Mikhaïl Bogdanov, que Gebran Bassil a surtout évoqué la question gouvernementale. Le responsable russe aurait exprimé l'opposition de Moscou à l'approche adoptée par M. Bassil à ce sujet. Il aurait également souhaité que le chef du CPL respecte ses engagements pris à l'encontre de Moscou et facilite la formation du cabinet en contrepartie de sa visite en Russie.
La position aouniste ne semble toutefois pas sujette à modification dans un avenir proche, en dépit des pressions internationales. « Le recours aux sanctions est négatif. Ils pourrait donner un effet contraire », commente un proche de Baabda, appelant à attendre l’arrivée de M. Le Drian à Beyrouth pour se prononcer sur ce plan. A son tour, le vice-président du Futur, Moustapha Allouche, minimise l’effet des mesures françaises sur le processus gouvernemental. « Gebran Bassil n’a pas changé de position, même après les sanctions américaines à son encontre. Je ne crois qu’il le fera à la suite de mesures européennes », déplore-t-il dans une déclaration à L’OLJ, affirmant que Saad Hariri ne rencontrera M. Bassil qu’après la formation du gouvernement, et ne se rendra à Baabda que lorsque Michel Aoun se montrera prêt à faciliter la mise en place d’une équipe où personne ne détiendrait le tiers de blocage. Le nœud reste donc entier.
commentaires (9)
MR LE DRIAN MERCI POUR VOS EFFORTS MAIS ILS RESTERONT VAIN SI VOUS NE FAITES PAS LE SUIVANT: BLOQUAGE IMMEDIAT EN FRANCE ET DANS TOUTS LES PAYS QUI VOUS SUIVRONT DES BIENS MOBILIERS ET IMMOBILIERS DE TOUTES LES PERSONNES QUI SONT VENUS AU POUVOIR A PARTIR DU PREMIER JOUR DE L'INVESTITURE DE AOUN A LA PRESIDENCE , ALLIES OU OPPOSANT , ILS ONT TOUS CONTRIBUER A LA FAILLITTE DE CE PAYS ( mettons de cote peut etre des personns qui se comptent sur une ou deux mains aux maximum ) LA VERITE SI DES PROMESSES FAITES AU PRESIDENT MACRON APRES LA TERRIBLE EXPLOSION DU PORT N'ONT PAS ETE TENUES , CE N'EST PAS LES PROMESSES ET GARANTIES QU'ILS VOUS DONNERONT A VOUS QUI CHANGERONT LEUR MODE DE TRAVAIL. EN CONCLUSION AGISSEZ ET TAPER AVEC LE BATON AU LIEU DE MENACER SANS RIEN FAIRE DEPUIS 8 MOIS QUE LE PORT A EXPLOSE. MERCI D'AVOIR LU CE MESSAGE MR LE DRIAN ET ESPERONS QUE VOUS AGIREZ COMME IL LE FAUT IMMEDIATEMENT SANS TEMPORISER ENCORE SOIT UN GOUVERNEMENT EST FORME AVANT VOTRE DEPART OU LES SANCTIONS DITES CLAIREMENT ET A HAUTE VOIX TOMBENT MERCI ENCORE
LA VERITE
01 h 31, le 03 mai 2021