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Politique - Sanctions

La France passe à l’acte, sans les Européens...

Jean-Yves Le Drian annonce la mise en œuvre de mesures restrictives à l’égard des responsables libanais impliqués dans le blocage politique.

La France passe à l’acte, sans les Européens...

Gebran Bassil durant sa conférence de presse hier à Moscou. Photo tirée de la page Instagram du chef du CPL

Au moment où le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil plaidait sa cause à Moscou, la France est passée hier subitement à la vitesse supérieure, en annonçant qu’elle a commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités impliquées dans le blocage politique au Liban ou dans la corruption. « Nous avons à titre national commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités impliquées dans le blocage politique en cours, ou impliquées dans la corruption », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, selon le texte d’une déclaration qu’il a faite lors d’une visite à Malte, et transmis à la presse.

« Les responsables du blocage doivent comprendre que nous ne resterons pas inactifs », a-t-il prévenu lors d’un point de presse aux côtés de son homologue maltais, Evarist Bartolo, en précisant qu’il n’était pas exclu que la France adopte « des mesures supplémentaires à l’encontre de tous ceux qui entravent la sortie de crise (...) en coordination avec (ses) partenaires internationaux ».

Aucune précision n’a été fournie par M. Le Drian sur la nature des restrictions qui ont commencé à être adoptées, ni surtout sur l’identité des responsables touchés par ces mesures. À Beyrouth, l’ambassade de France a distribué le texte de la déclaration du chef de la diplomatie, sans plus de précisions non plus. La France s’efforçait depuis quelques semaines d’entraîner ses partenaires de l’Union européenne dans une politique de sanctions à l’égard des responsables libanais jugés coupables de « non-assistance à pays en danger », selon les termes utilisés récemment par M. Le Drian lui-même. Mais le mécanisme de prise de décisions diplomatiques au sein de l’UE, où l’unanimité des 27 membres est nécessaire, rendait l’exercice vain, dans la mesure où certains pays membres traînaient les pieds. En visite au Liban le week-end dernier, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, qui a rencontré M. Bassil, a ainsi déclaré sans ambages que Budapest s’opposerait à tout projet de sanctions européennes visant « le plus grand parti chrétien libanais », en référence au CPL.

L’action russe

À Moscou, M. Bassil s’est entretenu d’abord avec Mikhaïl Bogdanov, représentant personnel de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, puis avec le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov. Des échanges qui ont porté sur un ensemble de sujets qui intéressent les deux parties, principalement sur la question du blocage de la formation du gouvernement. Appuyant la position française, Moscou est en faveur d’un cabinet d’experts où les équilibres politiques sont respectés, aucune partie ne pouvant détenir un veto quelconque. C’est dans ce sens, mais de manière plus nuancée que s’est d’ailleurs prononcé M. Bassil, à l’issue de sa rencontre avec M. Lavrov. Il s’est prononcé en faveur d’un « cabinet de spécialistes soutenu par les principales forces politiques et parlementaires, sans que personne ne puisse contrôler et empêcher ces réformes ».

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Il a aussi indiqué avoir demandé au ministre russe des Affaires étrangères de jouer le rôle nécessaire pour « inciter le Premier ministre désigné à boucler le dossier de la formation du gouvernement », avant de rejeter la balle de la responsabilité du blocage dans le camp haririen.

« Nous attendons tous que le Premier ministre désigné décide de procéder à la formation du gouvernement et, plus important encore, décide d’engager des réformes », a-t-il dit.

De source proche de M. Bassil, on apprenait que ce dernier a « clarifié » respectivement à MM. Bogdanov et Lavrov sa position au sujet du blocage et rectifié certaines « perceptions erronées ».

N’ayant aucune initiative à la clé pour pouvoir dénouer la crise, Moscou a cependant favorablement accueilli ces derniers mois le défilé des personnalités libanaises venues solliciter son aide dans l’espoir de rapprocher les points de vue et créer un climat de confiance entre les protagonistes. Soucieux de ne pas afficher de parti pris et ayant réussi au plan diplomatique à entretenir des relations avec plusieurs parties souvent adverses, les dirigeants russes semblent ne pas vouloir déroger à cette règle avec les protagonistes libanais.

Après avoir reçu le 15 mars dernier une délégation du Hezbollah, Moscou a accueilli le 14 avril Saad Hariri qui cherchait à obtenir un appui dans le bras de fer qui l’oppose au camp aouniste. De même, la visite de M. Bassil en Russie, qu’il a lui-même sollicitée, est surtout destinée à briser son isolement. Moscou s’apprête à accueillir prochainement le chef des Marada, Sleiman Frangié, le chef du PSP, Walid Joumblatt, ainsi que son adversaire politique, Talal Arslane.

Échanges parisiens

Les entretiens de M. Bassil à Moscou avaient été précédés d’une visite de M. Bogdanov à Paris lundi et mardi derniers. Lors de ses échanges avec notamment son homologue français, Patrick Durel, le sujet libanais a figuré en première ligne. De source diplomatique proche de ces entretiens, on apprenait que MM. Bogdanov et Durel sont convenus du fait que la mouture de 24, sans possibilité de blocage, était la plus appropriée pour une sortie de crise.

La partie française aurait fait part de son étonnement de voir M. Hariri persister dans sa rigidité. D’un autre côté, le responsable russe aurait insisté, devant son interlocuteur, sur la nécessité, pour M. Bassil, de ne pas s’obstiner sur la question de la nomination des deux ministres chrétiens comptés dans la quote-part de Saad Hariri et qu’il devait par conséquent lui laisser cette marge de manœuvre. C’est probablement cette recommandation qu’a dû entendre hier M. Bassil lors de ses entretiens à Moscou.

La bataille entre le camp aouniste et Premier ministre désigné s’est poursuivie autour de la question de la nomination des ministres chrétiens que le camp du chef de l’État souhaite monopoliser au nom du droit supposé des chrétiens à placer leurs propres ministres.

Un argument de façade qui cache en réalité un jeu d’équilibre du pouvoir au sein du futur cabinet. Si le chef de l’État devait nommer tous les ministres chrétiens en plus du ministre druze relevant de la part du député Talal Arslane, le camp du président obtiendrait ainsi dix ministres sur les 24. On reviendrait ainsi à la case de départ et au tiers de blocage auquel les aounistes s’étaient pourtant engagés à renoncer.

Au moment où le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil plaidait sa cause à Moscou, la France est passée hier subitement à la vitesse supérieure, en annonçant qu’elle a commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités impliquées dans le blocage politique au Liban ou dans la corruption....

commentaires (15)

Sans hésitations, il faut inclure leurs enfants et leur proches, meme s'ils sont a l 'école ou l'université, etc...qu'ils plient baguage, ca fait plus mal et du sens!

Jack Gardner

17 h 25, le 30 avril 2021

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • Sans hésitations, il faut inclure leurs enfants et leur proches, meme s'ils sont a l 'école ou l'université, etc...qu'ils plient baguage, ca fait plus mal et du sens!

    Jack Gardner

    17 h 25, le 30 avril 2021

  • Mais tout ca c'est de la foutaise. Qui est concerne? Quels sont les nom des personnes interdites de sejour? Un flou qui ne veut absolument rien dire. Encore une fois la France ne fait absolument RIEN.....

    IMB a SPO

    17 h 06, le 30 avril 2021

  • Les russes se marrent . Ha ha ha

    Eleni Caridopoulou

    17 h 00, le 30 avril 2021

  • Allez y sans hesitation! Ils meritent bien plus!!!!

    Sabri

    15 h 10, le 30 avril 2021

  • L'histoire ne dit pas si gé-brain fût offert un thé assaisonné à la russe...

    Wlek Sanferlou

    14 h 39, le 30 avril 2021

  • J’ai relever quelque chose de bizarre tout le monde vas visiter tout le monde, je veux dire certains chefs de partie et autres ont visiter la Russie, la France, etc .... MAIS QU’EN EST IL DES FAMEUX LF .... ONT ILS VISITER D’AUTRE PAYS? SEUL LES LF POURRONT NOUS SAUVER

    Bery tus

    14 h 06, le 30 avril 2021

  • C’est qui déjà ce Gebran Bassil..??

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 51, le 30 avril 2021

  • Tout cela ne mènera à rien , sinon à encore plus de désastre !

    Chucri Abboud

    13 h 35, le 30 avril 2021

  • Si la France met en vigueur les sanctions de visite en France interdite il faut savoir que les personnes visées ne pourront plus se rendre dans aucun pays de Schengen car pour avoir un visa pour un pays de Schengen tous les pays ont un droit de véto et suite à la demande d’un visa à partir de n’importe quel ambassade la France pourra dénier ce visa .Ce sera une façon net de détourner l’accord des 27 à ce sujet LA VÉRITÉ IL EST TEMPS QUE LA FRANCE AGITÉ UN BÂTON SÉRIEUX POUR SAUVER LE PEUPLE LIBANAIS ET BLOQUE AUSSI TOUS LES AVOIRS MOBILIERS ET IMMOBILIERS DE NOS DIRIGEANTS SANS EXCEPTION AFIN DE MONTRER LE SÉRIEUX DE LA FRANCE DANS LA VOLONTÉ DE RÉSOUDRE LA QUADRATURE DU CERCLE OU BASSIL AOUN ET NASRALLAH ONT MIS LE PAYS

    LA VERITE

    12 h 42, le 30 avril 2021

  • Re BOF, BOF ET BOF ! sujet maintes fois remis sur le tapis, rien de nouveau à l’horizon, le nain de jardin gesticule se ridiculise en déformant ses propres propos pour en fin de compte se retrouver à la case départ. Sans espoir de retour. Bye bye Mister ex, va falloir vous trouver un job dans un bled lointain pour vous faire oublier, et fuir la justice internationale qui commence à vous chercher des poux dans la tête. Merci à Jeanine Jalkh pour l’article.

    Le Point du Jour.

    12 h 01, le 30 avril 2021

  • IL FAUT BIEN RÉSUMER CE QUI SE PASSE À VISAGE DÉCOUVERT AUJOURD'HUI. LE SOUSIS DE MOSCOU EST D'ESSAYER. DE RAPPROCHER LES CHEFS MAFIEUX ENSEMBLE QUI DÉFILENT CHEZ POUTIN. LE PETIT PEUPLE N'EST PAS CONCERNÉ. LES MAFIEUX PARTAGENT LE POUVOIR ET CELA QUI COMPTE POUR POUTIN.

    Gebran Eid

    11 h 26, le 30 avril 2021

  • Si tous les pays européens, russes américains ont un poil de jugeote ils détecteront le jeu du président et de son héritier qui est d’obtenir une majorité dans le gouvernement pour pouvoir bloquer le pays et continuer le plan de sape de ses institutions et du pillage de ses trésors publiques comme ils le font et l’ont fait depuis qu’ils sont majoritaires au parlement et au gouvernement. Les libanais sont les meilleurs conseillers et ils leur demandent tous ou dans leur grande majorité de couper l’herbe sous les pieds de ces fossoyeurs pour arriver enfin à sortir le pays du naufrage provoqué par ces mêmes fossoyeurs qui prétendent œuvrer pour le sauver. Nous les avons vu à l’œuvre pendant plus d’une décennie et si leurs projets visaient à sauver le pays ça se saurait. Ils eu ont tous les moyens pour le faire mais ont préféré s’enrichir et étendre leur pouvoir pour appuyer et exécuter les plans d’une milice vendue qui vont à l’encontre de l’intérêt de notre pays.

    Sissi zayyat

    11 h 00, le 30 avril 2021

  • en diplomatie, y a t il usage de dire les 4 verites a qui de droit ? Si oui, y a t il aussi usage de jeter a la face de qui de droit leur mensonges ? Ah la la dans ce cas la liste serait tellement longue que les diplomates auraient besoin de plus d'une visite de ce qui de droit pour en finir de cette liste .

    Gaby SIOUFI

    09 h 57, le 30 avril 2021

  • Et si les FL débloquaient la situation en rentrant au gouvernement ?

    Sam

    07 h 39, le 30 avril 2021

  • Sanctions fantômes.. Ne verra-t-on plus jamais le Gendre de la Ripoublique se pavaner en France ? Mystère ...

    Citoyen libanais

    07 h 05, le 30 avril 2021

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