Vingt-neuf décès et seulement 642 cas en 24h, le Liban confiné pour la Pâques orthodoxe

Le Liban a enregistré 29 décès et 642 nouveaux cas de coronavirus au cours des dernières 24 heures, selon le rapport publié lundi soir par le ministère de la Santé. Ce bilan quotidien porte à 521.581 le nombre cumulé des cas enregistrés depuis février 2020, parmi lesquels figurent 7.171 décès et 451.167 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, on dénombre 1.465 patients hospitalisés, dont 660 en soins intensifs. Le taux de propagation par rapport au nombre de tests effectués au cours des 14 derniers jours est de 11,8 %, un chiffre qui continue de baisser depuis plusieurs semaines.

En dépit de la baisse des contaminations quotidiennes au coronavirus, le Liban sera totalement confiné à l'occasion de la fête de Pâques orthodoxe, du 1er au 3 mai inclus, a indiqué à notre publication soeur L'Orient Today Petra Khoury, coprésidente de la commission nationale chargée du suivi du Covid-19. Un tel confinement avait déjà été décrété pendant trois jours début avril pour la Pâques catholique. Des mesures similaires doivent être prises pour la fête du Fitr qui marque la fin du mois de ramadan et sera célébrée aux alentours du 12 mai. Cette décision doit encore être validée par le comité interministériel chargé de lutter contre la pandémie de coronavirus.

Actuellement, pour éviter une recrudescence des contaminations pendant le mois de ramadan, un couvre-feu de 21h30 à 5h est maintenu dans tout le Liban. Il est par ailleurs interdit d'installer des tentes et d'organiser des banquets pour l'iftar, et les instances religieuses doivent limiter la fréquentation des lieux de culte à 30% de leur capacité d'accueil. Les restaurants restent ouverts jusqu'à 21h30, tandis que les bars et boîtes de nuit demeurent fermés et les rassemblements sociaux prohibés. L'obtention d'une  autorisation sur la plateforme "Impact" est toujours requise pour certains déplacements, notamment pour se rendre dans des lieux considérés "à risque" comme les supermarchés, les banques et les centres commerciaux.

Vaccinations reportées

Sur le plan de la vaccination, le ministère libanais de la Santé a annoncé dimanche soir que certains centres de vaccination ne pourraient pas administrer le vaccin AstraZeneca comme prévu en raison du retard dans l'arrivée de nouvelles doses. Les vaccinations prévues dans les centres n'ayant pas reçu de nouvelles doses sont donc reportées. "Ce problème sera résolu avec la réception d'une quantité double de vaccins lors de la première semaine du mois de mai" a assuré le ministère. Une liste de dix hôpitaux qui ne pourraient pas recevoir les personnes ayant un rendez-vous pour se faire vacciner a été publiée sur le site du ministère.

Le Liban, qui a lancé il y a plus de deux mois sa campagne de vaccination, a réceptionné depuis mi-février 439.920 doses du vaccin Pfizer/BioNTech, en plus des lots du sérum produit par AstraZeneca/Oxford et du chinois Sinopharm. Le vaccin russe Spoutnik V est pour sa part importé par le secteur privé, mais des livraisons prévues se font toujours attendre. La campagne de vaccination a été ouverte dernièrement aux journalistes, enseignants et personnes âgées de 55-64 ans sans comorbidités, qui sont désormais éligibles pour se faire vacciner avec AstraZeneca. Le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, avait confirmé dernièrement que les autorités avaient décidé d'administrer le vaccin AstraZeneca aux personnes de plus de 30 ans. Vendredi, il a fait savoir dans un entretien à Radio Liban qu'"en mai et juin prochains, environ deux millions de vaccins Pfizer et AstraZeneca doivent arriver pour être administrés à un million de personnes".

Pour atteindre plus rapidement l'immunité collective, le ministère du Travail a demandé lundi à ce que les étrangers soient aussi vaccinés, insistant particulièrement sur l'inoculation du vaccin aux travailleurs migrants et aux employés de maison. "Nous demandons aux employeurs d'encourager leurs employés de maison à recevoir le vaccin contre le Covid-19, pour leur sécurité et celle de leur entourage (...) afin d'atténuer les effets sanitaires, sociaux et économiques du virus", a dit le ministère. Il recommande également que les noms des travailleurs soient inclus sur la plateforme en ligne d'inscription pour le vaccin.

Lors d'une réunion consacrée au développement du programme de la "campagne de vaccination de masse" qui devrait commencer en juin, le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, a espéré que cette campagne permettrait de cibler des régions plus périphériques et de vacciner plus de 5.000 personnes par jour. "Pour parvenir à une immunisation la plus complète possible, il faut aller vers les gens et pas attendre que les gens viennent à nous", a-t-il estimé. 

"Effondrement du système de santé"

Sur un autre plan, le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, le docteur Firas Abiad, a mis en garde lundi contre un effondrement potentiel du système de santé libanais, et ce, en dépit de la baisse des cas de contamination.

"En dépit des bonnes nouvelles sur le front du coronavirus, le système de santé est sur le point de s'effondrer. La pandémie a accru la demande sur les hôpitaux alors que la crise financière a engendré des patients toujours plus pauvres et un coût accru des fournitures importées", a-t-il jugé. "Cette situation a été aggravée par la perte de personnel médical et infirmier qui quitte le pays", a-t-il affirmé.

"Pour le moment, le secteur de la santé tient, mais tout juste. Un nouveau défi, comme une nouvelle recrudescence de coronavirus ou la levée des subventions sur les fournitures médicales importées, peut précipiter l'effondrement. Le syndicat des hôpitaux a tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises" sans succès, a encore estimé le médecin.