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Politique - Décryptage

Les manifestations des deux derniers jours, une colère populaire à coloration politique ?

Après « le lundi de la colère » et le mardi de la fermeture des routes, l’armée a décidé, à l’aube mercredi, d’ouvrir toutes les artères principales du pays. Rapidement et pratiquement simultanément, les pierres, les blocs de béton, les pneus et les tentes qui avaient été installés sur les autoroutes du Sud, du Nord et de la Békaa ont été retirés et les automobilistes ont pu circuler d’une région à l’autre sans problème. Tout s’est passé dans un calme étonnant après deux jours de colère et d’appels aux Libanais à descendre dans la rue pour « faire chuter le pouvoir et la classe politique ».

Comment les gens, dont la colère semblait ne pas devoir se calmer avant l’obtention de résultats concrets, ont-ils pu si rapidement accepter de se retirer? Les interprétations divergent selon les options politiques. Mais quelques éléments méritent d’être mentionnés : d’abord, selon des sources sécuritaires, il n’y avait pas plus de 800 personnes pour bloquer les rues sur l’ensemble du territoire. D’ailleurs, sur les chaînes de télévision qui retransmettaient les protestations en direct, plusieurs manifestants ont lancé des appels aux Libanais pour qu’ils les rejoignent dans la rue, reconnaissant ainsi que la mobilisation était faible. Ensuite, plusieurs groupes du mouvement de protestation ne se sont pas joints aux manifestations de lundi et mardi, estimant que celles-ci ne les représentaient pas. D’ailleurs, les slogans lancés ces deux derniers jours étaient essentiellement politiques, dirigés principalement contre le chef de l’État Michel Aoun et contre les armes du Hezbollah, ainsi qu’en faveur de l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité par exemple.

Si la colère populaire est certainement justifiée et compréhensible, les protestations des derniers jours semblent toutefois ne pas s’inscrire dans le même schéma que les précédentes. Certains analystes en déduisent qu’elles auraient été favorisées, à défaut d’être initiées, par des partis politiques, chacun pour son agenda propre.

Il faut rappeler que les protestations des derniers jours se sont déroulées après l’annonce de l’échec de la dernière initiative de compromis gouvernemental proposée par le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui avait été acceptée par le chef de l’État, sans toutefois parvenir à faire son chemin vers le Premier ministre désigné. Elles ont aussi eu lieu dans un climat de chute dramatique de la livre libanaise par rapport au dollar américain, sans la moindre perspective de solution ou de redressement, même partiel.

Face au blocage politique, et à l’aggravation de la crise économique et financière, il était donc normal, voire prévisible, que les Libanais descendent dans la rue, ne serait-ce que pour exprimer leur colère. Malgré cela, il n’y avait pas foule, de l’avis même des manifestants qui ont plus ou moins dévoilé des affinités politiques, chacun dans son secteur. Il s’agit essentiellement des partisans du courant du Futur, des Forces libanaises et du mouvement Amal. Certes, les trois partis concernés ont catégoriquement démenti avoir participé officiellement aux manifestations des deux derniers jours. Mais selon les entrevues réalisées par les journalistes qui couvraient en direct les événements, les sympathies des manifestants étaient décelables.

Ainsi, dans les régions à majorité sunnite, il est clair que les manifestants étaient dans la mouvance du courant du Futur. Que celui-ci ait ou non poussé ses partisans ou ceux qui évoluent dans son orbite à descendre dans la rue, on ne peut donc occulter le fait que ces manifestations accompagnées de fermeture de routes soient intervenues après le refus de Saad Hariri de la nouvelle proposition faite par le directeur de la Sûreté générale. C’est un peu comme s’il s’agissait de faire oublier ce refus. En même temps, ces manifestations et la fermeture des routes ont créé un désordre dans le pays qui pourrait justifier que Saad Hariri fasse un pas en arrière par souci de la population et de sa colère, sans être amené à perdre la face. Face donc au blocage total dans le dossier gouvernemental, les dernières protestations qui ont pratiquement paralysé l’ensemble du pays pourraient être suffisantes pour déclencher une nouvelle dynamique et permettre aux médiations pour la formation du gouvernement d’être relancées. C’est d’ailleurs ce que l’on a commencé à percevoir hier, avec la visite du directeur de la Sûreté générale à Bkerké et la déclaration du vice-président du courant du Futur, Moustafa Allouche, qui a laissé entendre que le Premier ministre désigné pourrait reprendre prochainement le chemin de Baabda.

Dans les régions à majorité chrétienne, les sympathisants des Forces libanaises étaient les plus présents en dépit du démenti officiel du parti d’avoir envoyé ses partisans dans la rue. Les manifestants interrogés ont toutefois exprimé leur colère envers le chef de l’État tout en réclamant des élections législatives anticipées et le désarmement du Hezbollah, rejoignant en cela les positions des FL... En tout cas, ce qui s’est passé ne dessert pas cette formation qui montre ainsi son pouvoir sur la rue et l’augmentation du nombre de ses sympathisants face à ceux du Courant patriotique libre.

Dans les régions chiites, on peut supposer que le mouvement Amal n’était pas loin des manifestants, même s’il n’y a eu aucune injonction officielle de sa part pour que ses partisans descendent dans la rue. Soit le mouvement a laissé faire les manifestants pour permettre aux gens de se défouler en l’absence de solution, soit il les a encouragés à descendre et à bloquer les rues pour détourner l’attention générale de l’exigence de l’audit juricomptable et pour canaliser la colère populaire contre une partie en particulier, Aoun et le CPL. Certes, le mouvement Amal a démenti avoir joué le moindre rôle dans les manifestations des deux derniers jours, mais leur extension aux zones à majorité populaire chiite suscite des interrogations.

Selon cette approche, il apparaît ainsi que ces partis politiques ne voyaient pas d’un mauvais œil le déroulement des dernières manifestations... qui se sont terminées brusquement par le déploiement de l’armée à l’aube de mercredi. Par souci de la population, surtout après la mort des deux jeunes gens à Chekka ? Par crainte d’affrontements avec l’armée ? Ou plus simplement parce que plusieurs groupes de la révolution n’ont pas suivi ?

Après « le lundi de la colère » et le mardi de la fermeture des routes, l’armée a décidé, à l’aube mercredi, d’ouvrir toutes les artères principales du pays. Rapidement et pratiquement simultanément, les pierres, les blocs de béton, les pneus et les tentes qui avaient été installés sur les autoroutes du Sud, du Nord et de la Békaa ont été retirés et les...

commentaires (4)

Le mieux est de ne plus lire ses articles ni de les commenter. Je zappe dès que je vois sa signature et comme ça elle comprendra qu’elle fait partie des gens qu’on n’a pas envie d’entendre ni de lire jusqu’à ce qu’elle se reprend et qu’elle arrête ses provocations juste pour avoir des commentaires qui devraient la flatter même s’ils sont insultants.

Sissi zayyat

13 h 54, le 12 mars 2021

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Commentaires (4)

  • Le mieux est de ne plus lire ses articles ni de les commenter. Je zappe dès que je vois sa signature et comme ça elle comprendra qu’elle fait partie des gens qu’on n’a pas envie d’entendre ni de lire jusqu’à ce qu’elle se reprend et qu’elle arrête ses provocations juste pour avoir des commentaires qui devraient la flatter même s’ils sont insultants.

    Sissi zayyat

    13 h 54, le 12 mars 2021

  • A quand le hashtag # scarlett .... suite à cet article à charge contre tout ce qui bouge au Liban en dehors du cpl .... la partialité de cet article n'honore pas le journal qui a, théoriquement, la réputation d'être indépendant . Cette dame devrait prendre le pouls de la rue plutôt que de rester perchée dans sa tour de verre avec ces propos pour le mieux décalés et pour le pire, totalement irrationnels

    C…

    16 h 50, le 11 mars 2021

  • entre autre analyse, celle qui veut que les 17 Octobristes dits" serieux" ne suivent pas les manifestants actuels. est ce pour ne pas augmenter les atouts des FL et je ne sais quel autre "parti" ? est ce pour confirmer le probleme libanais courant qui dit que ""chaque Coq veut chanter sur sa propre poubelle "" ?- et donc impossible de s'unir a d'autres coqs ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 35, le 11 mars 2021

  • Quelle conclusion tirer d’un tel article ? Rien du tout. Du bla bla habituel sans aucune consistance juste écrit pour prendre La Défense du CPL et du Hezbollah.

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 50, le 11 mars 2021

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