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Culture - Cimaises

Raad, Rechmaoui et Zaatari, au-delà du virtuel et des frontières

Dans une dynamique d’échange, la galerie parisienne GB Agency a ouvert ses portes le 4 mars aux œuvres de Walid Raad, Marwan Rechmaoui et Akram Zaatari, dans une exposition intitulée « Substance volatile », présentée par la galerie Sfeir-Semler. Tandis que celle-ci accueillera courant mai dans son espace à Hambourg une exposition proposée par la GB Agency. La directrice de la galerie Sfeir-Semler, Lina Kyriakos, a répondu aux questions de « L’Orient-le Jour ».

Raad, Rechmaoui et Zaatari, au-delà du virtuel et des frontières

Walid Raad, "Sweet Talk: Commissions (Beirut)_1987", 1987-2019. 8 inkjet prints. Courtesy of the artist and Sfeir-Semler Beirut/Hamburg


Une vue de l’exposition « Substance volatile ». Photo Courtesy Sfeir-Semler Gallery Beirut/Hamburg



La galerie Sfeir-Semler libanaise et la GB Agency parisienne sont dans une dynamique d’échange d’expositions. Comment est né ce projet ?

L’idée était de contourner ou d’essayer de se détacher une peu de l’aspect virtuel qui s’impose aux galeries depuis un an pour cause de pandémie, en partageant les espaces physiques. Ce projet est donc né d’une proposition d’échange entre la GB Agency et la galerie Sfeir-Semler. Nasim Weiler, l’une des partenaires, ayant vécu à Hambourg, connaît bien notre galerie. De plus, Andrée Sfeir-Semler et Solène Guillier (cofondatrice de la GB Agency) sont des collègues et amies de longue date. Ce projet d’échange nous a enchantées, car il nous a permis d’une part de se reconnecter avec la scène artistique parisienne et les amis de la galerie installés à Paris et d’autre part de revenir sur une dynamique d’expositions qui nous a tant manqué ces derniers mois.

Quel est le profil de la galerie qui vous accueille ?

Créée en 2001 par Solène Guillier et Nathalie Boutin dans le 13e arrondissement, GB Agency a déménagé dans le Marais en 2010. C’est une galerie très dynamique et active sur la scène artistique internationale. Elle assure une présence dans les grandes foires internationales, comme celle de Bâle et la FIAC. Par ailleurs, c’est une galerie qui a su se forger une belle renommée auprès des institutions muséales internationales, et qui jouit d’un large réseau de collectionneurs privés. Enfin, les choix artistiques de la galerie s’inscrivent plutôt dans la lignée de l’art conceptuel et minimaliste. Elle compte parmi ses artistes de nombreux artistes des pays d’Europe de l’Est.



Quels sont les artistes et les œuvres exposées ?

L’exposition s’intitule « Substance volatile » et regroupe une sélection d’œuvres des artistes libanais Walid Raad, Marwan Rechmaoui et Akram Zaatari.

Dans une conversation autour de réflexions communes, les œuvres de l’exposition proposent une lecture multiforme des préoccupations sociopolitiques, urbaines, humaines et historiques, des thématiques au cœur des pratiques des trois artistes. Raad, Rechmaoui et Zaatari parviennent à capturer des moments fragiles en les intégrant dans des formes physiques qui à leur tour interpellent et questionnent le présent.

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De Walid Raad, nous proposons une sélection d’œuvres de différents projets dont Scratching on Things I Could Disavow, qui questionne la frénésie de nouvelles infrastructures pour l’art dans le monde arabe : Another Letter to the Reader soulève l’interprétation subjective d’une production culturelle arrachée à son contexte d’origine alors que Appendix 137 questionne l’écriture de l’histoire et la place des archives dans celle dans son projet the Atlas Group (projet qui s’est étalé sur 15 ans et à travers lequel il étudie sous différents angles les guerres libanaises des dernières décennies.)

De Marwan Rechmaoui nous avons sélectionné une série d’œuvres récentes, les Checkers (ou échiquiers) qui proposent une lecture abstraite des vues aériennes pixélisées de rues et de constructions, produits d’expérimentations mélangeant béton, plâtre et cire d’abeille à des pigments de couleur.

Enfin l’exposition rend hommage au travail de Akram Zaatari avec une série de photographies de l’artiste reproduites à partir de négatifs endommagés d’images prises en 1948 par Hashem el-Madani dans la ville de Saïda, au Sud-Liban : les Bodybuilders. Une série de petites peintures en acrylique de lutteurs prennent part à la conversation, et capturent l’intimité et la vulnérabilité des combattants. Enfin, son film, The End of Time, met en avant les thèmes centraux de ce groupe d’œuvres qui s’inscrit autour la naissance et la disparition du désir, mais aussi autour de l’aspect passager de la jeunesse et du corps humain.


Akram Zaatari, « Wrestlers », 2020, acrylique sur papier, 29,7 x 21 cm. Courtesy of the artist and Sfeir-Semler Gallery Beirut/Hamburg


Pourquoi ce choix ?

Ces trois artistes font partie des premiers ayant rejoint la galerie dans les années 2000 et continuent à faire partie de son ancrage dans le paysage libanais. Tous trois cultivent un intérêt commun pour l’histoire, les archives et la mémoire. Malgré leurs pratiques formellement très différentes, ils réussissent, chacun à leur manière, à capturer l’éphémère dans leurs œuvres, une thématique que met en avant cette exposition.

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Les exposer ensemble à Paris, c’est avant tout rendre hommage à leur travail, et proposer un clin d’œil à l’amitié qui les lie. C’est aussi une manière de connecter avec le Liban qui se trouve aujourd’hui dans un moment difficile de son histoire.


Marwan Rechmaoui, « Blue », 2019, béton, plâtre, cire d’abeille, 90 x 90 cm. Courtesy of the artist and Sfeir-Semler Gallery Beirut/Hamburg


Cela fait quoi d’exposer ailleurs que dans votre espace ?

Nous avons l’habitude d’exposer en dehors de nos espaces de galerie, et ceci notamment lors des foires auxquelles nous participons au moins quatre fois par an. Reconnecter avec la scène artistique à travers une exposition réelle est toujours un moment de grand bonheur. L’énergie qu’une exposition porte et apporte est tout autre que celle des connexions virtuelles auxquelles nous avons dû adhérer les derniers mois.

Une vue de l’exposition « Substance volatile ». Photo Courtesy Sfeir-Semler Gallery Beirut/HamburgLa galerie Sfeir-Semler libanaise et la GB Agency parisienne sont dans une dynamique d’échange d’expositions. Comment est né ce projet ?
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