L’ONG libanaise Union des déposants a annoncé, dans un communiqué diffusé lundi, avoir adressé un courrier à la Banque mondiale lui demandant de revoir les modalités de décaissement du prêt de 246 millions de dollars accordé au Liban par l’organisation pour financer le développement d’un filet national de sécurité sociale et que le Parlement doit encore approuver.
Comme d’autres voix qui l’ont exprimé dans la presse et sur les réseaux sociaux, l’Union des déposants pointe plus particulièrement du doigt les modalités de décaissement du prêt à un taux équivalant à 1,6 fois celui de 3 900 livres pour un dollar imposé par la Banque du Liban aux agents de change via l’application Sayrafa, soit 6 240 livres. Un niveau – convenu avec les autorités libanaises sur une proposition de la Banque du Liban (BDL) – bien inférieur au taux de plus de 9 000 livres auquel le dollar se négocie sur le marché parallèle aujourd’hui et que l’ONG assimile à une décote de plus de 30 % de la valeur des aides qui seront versées dans le cadre de ce programme. L’Union juge en outre que le déblocage de ce prêt, alors que les responsables libanais n’ont toujours pas lancé de réformes pour redresser le pays qui traverse de graves crises économique, financière, sociale et institutionnelle, va simplement servir à donner de l’air à la classe politique corrompue du pays, entre autres griefs.
L’Union appelle enfin la Banque mondiale à ce que les aides soient directement versées en dollars aux bénéficiaires, et l’exhorte à « arrêter de financer les institutions publiques et la BDL sans un plan de réformes qui soit clair, équitable et transparent », rappelant que la charge du remboursement de ce prêt sera au final assumée par le contribuable libanais.
L’Union des déposants est une ONG libanaise formée dans le sillage de la contestation du 17 octobre 2019 pour défendre les clients des banques libanaises qui ont mis illégalement en place depuis plus d’un an des restrictions limitant l’accès aux dépôts en devises, sur fond de crise de confiance et de liquidités. L’ONG a récemment lancé une action en justice visant les banques du pays et le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, pour faillite frauduleuse.
Les modalités d’octroi du prêt de la Banque mondiale ont également fait réagir les députés réunis en commission la semaine dernière pour étudier le projet de loi devant approuver le prêt et qui se sont notamment émus des « lacunes constitutionnelles et juridiques » concernant ce dispositif.
Ils ont encore faim et ne seront jamais rassasiés. Pourvu qu’ils s’étranglent tous avec toutes ces recettes mal acquises et le plus tôt serait le mieux. Affamés un jour, affamés toujours.
14 h 14, le 23 février 2021