Un médecin, premier Libanais vacciné contre le Covid à Beyrouth

Les premiers vaccins contre le coronavirus, arrivés samedi soir à Beyrouth, ont été administrés dimanche matin à l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, en présence du Premier ministre sortant, Hassane Diab, qui y effectuait une tournée en compagnie notamment du ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan.

Mahmoud Hassoun, le chef de l'unité des soins intensifs à l'hôpital Rafic Hariri, principal établissement public mobilisé dans la lutte contre le coronavirus, devient ainsi le premier Libanais à recevoir le vaccin Pfizer/BioNTech. "Nous espérons que ce sera le début de la fin de cette épidémie dans le pays", a-t-il déclaré, selon l'AFP.

Hassane Diab, qui a inspecté ce matin le centre de vaccination contre le Covid-19 à l'hôpital Rafic Hariri, a été reçu par le chef du comité national de vaccination, le Dr Abdel Rahman el-Bizri, et le directeur de l'hôpital, le Dr Firas Abiad. "Le Premier ministre sortant a visité les départements liés au coronavirus et a été informé du lancement du processus de vaccination après l'arrivée du premier lot de vaccins samedi", écrit son bureau de presse.

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Il s'est ensuite adressé aux médecins, infirmières et infirmiers, ainsi qu'au personnel de santé en disant : “Je suis venu aujourd’hui pour inspecter le centre et vérifier que tout va bien. Vous êtes les soldats inconnus qui portez un lourd fardeau depuis un an, et vous avez été à la hauteur des responsabilités. Vous avez fait beaucoup de sacrifices et certains d'entre vous ont même payé de leur vie leur mission de protection de la population contre cette épidémie mortelle".

"Vous avez la priorité sur nous"

"Conformément au programme et au calendrier du Comité national du vaccin, je ne me ferai pas vacciner aujourd'hui. Car la priorité est accordée à vous, au personnel de santé qui doit être protégé contre ce danger pour qu'il puisse remplir sa mission. Vous passez avant moi; vous avez la priorité sur nous, tout comme toute autre personne répondant aux critères de priorité selon le programme établi par le comité. Que Dieu vous bénisse! Que Dieu bénisse les personnes âgées et tous les Libanais!”, a ajouté le PM sortant, âgé de 61 ans.

Hassane Diab a également assisté à la première série de vaccinations qui a ciblé, outre le chef de l’unité des soins intensifs à l’hôpital, le Dr Mahmoud Hassoun, le célèbre acteur Salah Tizani, alias " Abou Salim ", ainsi que le Dr Firas Abiad.

Le Premier ministre sortant, Hassane Diab (2e de droite), en compagnie de l'acteur Salah Tizani (c) qui est l'un des premiers à recevoir le vaccin anti-Covid au Liban, le 14 février 2021. Photo Bureau de presse de Hassane Diab

"Les actes valent souvent mieux que les paroles. Faisons nous vacciner pour nous protéger et protéger notre société", a plaidé le Dr Abiad, dans une vidéo sur Twitter.

Le ministre sortant de la Santé a pour sa part indiqué, que, comme Hassane Diab, il n'allait pas recevoir le vaccin aujourd'hui, n'étant pas prioritaire, et rappelant qu'il avait récemment contracté le coronavirus, ce qui lui accorderait une certaine immunité temporaire. Sur Twitter, Hamad Hassan a encouragé la population à s'inscrire en masse sur la plateforme électronique prévue pour les personnes souhaitant recevoir le vaccin, alors qu'environ 500.000 l'ont déjà fait, un chiffre insuffisant pour atteindre les 80% d'une population totale d'environ six millions d'habitants.

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Le Centre médical universitaire – hôpital Saint-Georges et le Centre médical de l’Université américaine de Beyrouth (AUBMC) ont eux aussi lancé ce matin leur campagne de vaccination où les premières personnes concernées sont les membres du corps soignant et les individus âgés de 80 ans et plus. Les vaccinations se poursuivront lundi et auront lieu également dans plus de 10 autres hôpitaux, selon le ministère de la Santé.

Un groupe de personnes faisant la queue pour recevoir le vaccin anti-Covid-19, le 14 février 2021 à l'entrée du Centre médical de l’Université américaine de Beyrouth (AUBMC). Photo AFP / ANWAR AMRO

Le Liban a reçu samedi ses 28.500 premières doses du vaccin anti-Covid-19 développé par Pfizer/BioNTech, à la veille du lancement de la campagne officielle de vaccination. Pendant la première phase de la campagne, le personnel médical et les personnes âgées de plus de 75 ans doivent être vaccinés. Le vaccin était très attendu dans l'espoir de freiner la propagation galopante du virus. Le vaccin sera administré gratuitement, aussi bien aux Libanais qu'aux ressortissants étrangers. Des doses du vaccin britannique AstraZeneca/Oxford et du russe Spoutnik V devraient également être réceptionnées dans les prochaines semaines.

"Pas de wasta"

Vendredi soir, la Banque mondiale (BM) et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) ont signé un accord de partenariat, qui courra jusqu'en décembre 2021 aux fins de superviser de manière indépendante la campagne de vaccination au Liban. C'est la BM qui finance l'importation de vaccins. Cette initiative de contrôle international a été prise alors que les autorités libanaises ont perdu la confiance d'une grande partie des Libanais, qui craignent que la campagne de vaccination ne soit soumise au clientélisme, largement répandu. Dans un communiqué publié dimanche et qui reprend des propos tenus par visioconférence, Farid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique, a insisté une nouvelle fois sur la transparence du processus de vaccination au Liban. "La crédibilité et la transparence sont les deux éléments fondamentaux de tous les programmes financés par la Banque mondiale à travers la planète, sans aucune exception. Permettez moi de le dire clairement : Il n'y aura pas de wasta", a insisté M. Belhaj, en utilisant l'équivalent libanais du terme "piston".

Lors d'une cérémonie officielle organisée au Grand sérail, en présence de plusieurs responsables libanais et de la communauté internationale, Hassane Diab s'est félicité des efforts déployés par son cabinet pour lutter contre la pandémie, appelant la population à se faire vacciner sans plus tarder. Il a également affirmé que "le Liban passe du stade de la peur à celui de la protection par la vaccination".

Sur le plan des contaminations, le pays a enregistré durant les dernières 24h 32 décès et 2.130 nouveaux cas. Le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués au cours des 14 derniers jours est de 20%. Ces chiffres relativement bas sont dus au fait que la plupart des laboratoires du pays sont fermés durant le week-end. Au total, 339.122 personnes ont contracté le virus depuis février 2020, au nombre desquelles 3.993 sont décédées et 239.293 guéries. Parmi les cas toujours actifs, 2.250 personnes sont hospitalisées, dont 926 en soins intensifs.

Le Pays du Cèdre a entamé lundi son déconfinement progressif, après trois semaines de bouclage strict. Dans ce cadre, le couvre-feu total reste en vigueur, mais certains secteurs ont pu rouvrir leurs portes, notamment les magasins d'alimentation et les banques. Ce déconfinement progressif s'étendra sur quatre phases de deux semaines chacune, alors que les statistiques de contamination ne semblent pas vraiment baisser.