Rechercher
Rechercher

Lifestyle - This is America

46 présidents et un même Bureau ovale

Si Washington a mérité le surnom de « Capitale mondiale des décisions », ces dernières sortent du Bureau ovale, le bureau du président des États-Unis d’Amérique, un lieu tout en symbole, tant dans le fond que sur la forme.

46 présidents et un même Bureau ovale

Le président Reagan au travail. Photo sous licence creative commons/Collection White House

Depuis le 20 janvier dernier, dans un exercice presque quotidien, Joe Biden, 46e président américain, construit, et surtout déconstruit, moult décisions promulguées par son prédécesseur Donald Trump. Il le fait de son nouveau lieu de travail, le mythique Bureau ovale que le temps n’a nullement ébranlé. La forme de ce bureau ne relève pas d’une question d’esthétique architecturale mais d’un choix sciemment fait par le premier président du pays, George Washington, alors qu’il ne siégeait pas encore à la Maison-Blanche, inaugurée après son investiture en 1789. Dans sa résidence officielle, qui se trouvait alors en Philadelphie, il avait conçu une pièce aux deux extrémités arrondies pour recevoir des dignitaires qui se retrouveraient ainsi dans un espace à égale distance de lui, où qu’il se trouve dans la pièce. À travers le choix de cette forme, son intention était clairement de témoigner d’une expression symbolique de la démocratie.

Lorsque la Maison-Blanche fut inaugurée en 1800, le concept d’un bureau présidentiel ovale a été repris par le président William Howard Taft en 1909. Délaissant la salle rectangulaire utilisée par Theodore Roosevelt, il a d’abord déplacé le bureau présidentiel au centre de l’aile ouest puis opté pour cette forme spécifique. Ce faisant, il voulait être plus impliqué que ses prédécesseurs dans le fonctionnement quotidien de sa présidence, et imprimer sa vision d’un président moderne.

Le Bureau ovale qui accueille le président Joe Biden depuis le 20 janvier 2021. Photo Jonathan Ernst/Reuters

Un grand symbole de partage et de force

Toujours est-il qu’au fil du temps, les Américains ont développé un attachement sentimental au Bureau ovale à travers des moments immortalisés par des clichés mémorables, parmi lesquelles celui de John Kennedy, Jr. et sa sœur Caroline, deux enfants espiègles observant la pièce à travers le panneau avant du bureau de leur père ; ou celui du président Nixon parlant au téléphone avec des astronautes après un voyage réussi. Les émissions de télévision, comme le discours du président Reagan après l’explosion de la fusée Challenger, ont laissé des impressions durables dans l’imaginaire collectif américain en ce qui concerne le bureau présidentiel et son occupant. C’est ainsi que ce lieu, au fil des événements et du temps, est devenu un symbole de partage et de force. On se souvient du soir du 11 septembre 2001, lorsque le président George W. Bush a prononcé des paroles visant à apporter un certain réconfort, en des heures tragiques, lors d’une allocution télévisée du Bureau ovale. Moins de six mois plus tard, le président George W. Bush accueillait le chef de l’Autorité intérimaire afghane Hamid Karzai en ce même lieu. Cette réunion avait été le symbole de progrès significatifs dans la guerre contre le terrorisme.

Barack Obama et Hillary Clinton réunis dans le Bureau ovale. Photo sous licence creative commons/ Pete Souza/ Official White House

Des goûts et des couleurs

Traditionnellement, les présidents élus font appel au décorateur de leur choix pour déposer leurs touches dans cet espace de travail pas comme les autres. Le plus souvent, ils puisent dans les anciennes possessions de la Maison-Blanche rangées dans un dépôt spécial. Plus tard, s’ils désirent renouveler certains détails décoratifs, ils peuvent toujours le faire. Ces dépenses sont généralement couvertes par des donations ou par la White House Historical Association.

Dans la même rubrique

Doug Emhoff, époux de Kamala Harris et premier « Second Gentleman »

Le président Biden et la First Lady Jill Biden n’ont pas encore officiellement nommé leur décorateur. En attendant, le bureau du conservateur de la Maison-Blanche et d’autres membres du personnel les ont aidés à choisir les draperies qu’avaient installées les Clinton en poste de même que le grand tapis bleu décoré du sceau présidentiel. « Ce lieu doit être le Bureau ovale du nouveau président dès l’heure de son investiture », a précisé au Washington Post Ashley Williams, directrice adjointe des opérations du bureau ovale, ajoutant : « Il était important que le président Biden puisse entrer de plain-pied dans ce qui sera son bureau et qui doit être un reflet de l’Amérique, tout en laissant présager le président qu’il sera. »

La même table de travail, cadeau de la reine Victoria

C’est ce qu’a fait Joe Biden qui a déjà installé dans son bureau des images de dirigeants et d’icônes américaines. À commencer par un grand portrait de Franklin D. Roosevelt dans un clin d’œil évident à cet ancien président qui avait aidé le pays à traverser des crises importantes, un défi auquel Biden est également confronté. Il a aussi sciemment jumelé les portraits de l’ancien président Thomas Jefferson et de son secrétaire au Trésor, Alexander Hamilton, qui étaient souvent en désaccord, mais avec lequel aussi il a eu une bonne collaboration. Il les a rapprochés pour qu’ils illustrent les avantages découlant souvent de points de vue divergents.

Dans la même rubrique

Amanda Gorman, une apparition qui a volé la vedette au nouveau président

Les bustes du révérend Martin Luther King Jr. et de Robert F. Kennedy trônent sur la cheminée car Biden se réfère souvent à l’impact que ces deux hommes ont eu sur le pays dans le cadre du mouvement des droits civiques. Mais il a enlevé le portrait de l’ancien président Andrew Jackson que Trump avait accroché aux murs de son bureau car les deux hommes avaient en commun une grande veine populiste. Il a aussi, dit-on, annulé le fameux Coca-Cola button, le bouton spécial que Donald Trump aurait, selon un journaliste de l’agence Associated Press, fait installer pour pouvoir commander son soda préféré. Enfin, rien n’a changé côté table de travail du président. Ce bureau derrière lequel se sont installés tous les chefs d’État du pays, nommé Resolute Desk, qui avait été offert au président Rutherford Hayes par la reine Victoria d’Angleterre en 1880.

Depuis le 20 janvier dernier, dans un exercice presque quotidien, Joe Biden, 46e président américain, construit, et surtout déconstruit, moult décisions promulguées par son prédécesseur Donald Trump. Il le fait de son nouveau lieu de travail, le mythique Bureau ovale que le temps n’a nullement ébranlé. La forme de ce bureau ne relève pas d’une question d’esthétique architecturale...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut