Chers lecteurs,
2020 aura été une année éprouvante pour les Libanais, et dévastatrice pour l’économie du pays. Pour les médias locaux, la pression subie cette année trouve peu d’équivalent dans notre histoire récente. Frappés de plein fouet dans notre modèle économique par la dévaluation et l’effondrement de la publicité, mis sous pression par le Covid et les confinements successifs, atteints profondément par la terrible explosion du 4 août au port de Beyrouth : l’impact est colossal.
Et pourtant, 2020 a été une année porteuse de promesses pour le groupe L’Orient-Le Jour et ses trois titres (L’Orient-Le Jour, Le Commerce du Levant et L’Orient Today). En attestent les développements stratégiques, la montée en gamme de la production éditoriale ainsi que la réussite du modèle numérique, tirée par la croissance des abonnements.
Plus encore, nous avons préservé, avec succès, notre indépendance éditoriale – principe crucial en cette période charnière et incertaine de l’histoire du Liban. Car c’est également dans ces moments-là que notre mission prend tout son sens. Informer, en insistant sur la vérification et sur l’analyse ; investiguer la faillite multiple de notre système ; et enfin susciter le débat d’idées : quel Liban voulons-nous à l’avenir ?
Aussi objectifs que nous puissions être, notre message, lui, n’est pas neutre : il porte en lui la défense de valeurs : la liberté – à commencer par la liberté d’expression –, la démocratie et les droits de l’homme, la tolérance, l’égalité entre les citoyens, mais aussi une exigence de transparence et de redevabilité de la part des responsables. Nous voulons également servir de pont entre le Liban, sa diaspora et le monde.
Trois axes principaux : développements numériques, investissements dans l’humain et diversification vers l’anglais
Avril 2020 aura vu la naissance du nouveau L’Orient-Le Jour, un site web épuré, plus fluide, intégrant la production du Commerce du Levant, afin de servir au mieux nos lecteurs et développer les abonnements. Deuxième priorité : la mise en valeur des femmes et des hommes qui portent notre groupe, et l’importance donnée au recrutement. Si un média dépend par nature de ses ressources humaines, c’est encore plus le cas en cette période de dépression collective, où l’émigration est devenue une option par défaut, et le talent d’autant plus rare. Enfin, le lancement de L’Orient Today en octobre a ouvert des perspectives de croissance, avec une nouvelle ambition : devenir le leader, multilingue, de l’information libanaise.
Des abonnements en forte hausse et un basculement de modèle
Principale réussite commerciale et témoin de l’attrait des lecteurs pour notre contenu, nos abonnés numériques ont crû de 32 % par rapport à 2019, et triplé en trois ans. En valeur, les abonnements numériques représentent désormais la moitié du chiffre d’affaires du groupe. L’Orient-Le Jour est donc devenu une entreprise numérique avant tout. Parmi ces abonnés, plus de 50 % d’entre eux sont désormais hors du Liban – membres de la diaspora ou francophones intéressés par le Moyen-Orient.
En parallèle, les ventes papier ont continué leur déclin, affectées par le Covid-19 et la fermeture des kiosques et librairies. Malgré tout, l’augmentation conséquente des prix en kiosque, à 5 000 LL en fin d’année, a peu impacté l’appétit de nos lecteurs et abonnés, signe de leur fidélité. Enfin, la publicité a poursuivi sa chute, asséchée à la fois par la santé fragile des annonceurs et par la concurrence des géants du numérique. Face à ces circonstances extrêmes, nous avons fait le pari d’accélérer notre basculement vers le numérique en arrêtant l’édition papier du Commerce du Levant, ainsi que la publication de L’Orient-Le Jour Junior.
Un soutien fort, et à long terme, des actionnaires
En 2020, le groupe L’Orient-Le Jour a procédé à une nouvelle levée de fonds, menée par les actionnaires existants. Ils se sont engagés à poursuivre leur apport sur la période 2020-2025, si la stratégie s’avère gagnante. Ce soutien financier émane d’une confiance forte dans l’équipe et la vision portée par le journal, et aboutit à une perspective commune : la nécessité d’arriver à l’équilibre financier en 2025, afin d’assurer l’autonomie et la pérennité du groupe. Pourquoi cet objectif nous paraît-il si important ? Car nous sommes convaincus qu’il n’est d’indépendance politique sans indépendance financière.
Qu’attendre de « L’Orient-Le Jour » en 2021 ?
Notre défi principal est de poursuivre notre montée en gamme et de nous établir, comme nous l’avons fait en français, en référence dans le paysage médiatique anglophone sur la politique, l’économie et les sujets de société libanais. La demande est là, mais la tâche s’annonce ardue : il s’agit non seulement de produire le meilleur journalisme, mais de faire décoller l’audience et réussir à monétiser ce lectorat, alors que L’Orient Today est encore jeune. Pour y parvenir, nous mettons l’accent avant tout sur la qualité de la nouvelle équipe, mais aussi sur la traduction et les synergies entre rédactions, qui vont se compléter mutuellement.
Nous misons aussi sur la technologie, cruciale pour produire et distribuer au mieux notre contenu. La refonte de l’application mobile sera le chantier phare de 2021, en parallèle avec de nouveaux produits tels que des newsletters, des services dédiés aux abonnés et une expérience de lecture toujours plus agréable.
Prouver qu’un modèle existe pour la presse de qualité
Contre toute attente, nous avons prouvé que la presse traditionnelle – qui plus est en français – a un avenir au Liban. Notre mission se poursuit : informer, expliquer, dévoiler, débattre. Et si le Liban s’effondre, il nous reste malgré tout une arme, devenue si rare dans la région, qui « ne s’use que si l’on ne s’en sert pas » : la liberté d’expression. À nous d’en faire usage au mieux, et, face aux menaces qu’elle subit, de la défendre coûte que coûte.
Le comité de direction du groupe L’Orient-Le Jour
Nayla de Freige, PDG
Michel Helou, directeur exécutif
Sahar al-Attar, rédactrice en chef, Le Commerce du Levant
Élie Fayad, rédacteur en chef, L’Orient-Le Jour
Hanaa Jabbour, directrice marketing
Benjamin Redd, rédacteur en chef, L’Orient Today
Émilie Sueur, rédactrice en chef, L’Orient-Le Jour
Michel Touma, rédacteur en chef, L’Orient-Le Jour
Pour retrouver les rapports des années précédentes:
On est très reconnaissants à OLJ et à l’excellent travail des journalistes et de toute l’équipe. Vous êtes un phare dans notre quotidien. Bon courage, bonne continuation et bonne chance au journal. Encore merci!
17 h 54, le 28 janvier 2021