Depuis que la Chambre a validé le budget 2024, les Libanais d'en bas ne trouvent plus le sommeil, et le ministre du Pognon, deuxième Khalil du cru, s'est mis à tailler dans leurs ressources. Et quand on dit tailler, ce n’est pas la petite circoncision à la lime à ongles, mais la grosse charcutaille au sabre de samouraï. C'est fou comment à chaque fois que l’un de ces bouffons détient une brique de pouvoir, il se croit obligé de foncer comme un butor contre ces salauds de pauvres qui ne pensent qu’à l’argent. Avec en prime une hure compassée, puisqu'on lui a sans doute appris que les riches, ça doit toujours faire la gueule aux minables.
Aussi, pour renflouer les caisses de cet État délabré, le croquemitaine des Finances a juré de les faire cracher au bassinet, et s'est aussitôt employé à bidouiller les chiffres pour leur pomper l’air et la tirelire. Alors forcément, tout y passe et l’aspirateur à fric carbure à pleins gaz.
Gonflée donc, la taxe mécanique ringarde que l'Argentier désargenté de la République a scellée dans le marbre ! Cette pompe à fric veut sans doute ramener ses compatriotes au Cambodge de Pol Pot : la canaille à vélo, la racaille à dos d’âne... et lui dans son bahut officiel chrome et platine monté sur roulettes.
Surmultiplié, le racket sur les passeports ! Dix millions de livres pour un calepin dont c’est à peine si son titulaire, parti renifler un peu de normalité sous d’autres cieux, n’est pas aligné sur un mur et fusillé séance tenante dans les aéroports étrangers. Ils croient sans doute nous vendre un titre monégasque, les James Bond de la Sûreté.
Survitaminée, la rançon sur les permis de travail du personnel de maison. À 1 500 dollars le permis de séjour et la paperasse torchée par les Quasimodo du ministère du Travail, ça fait cher du larbin annuel. Par contre, avec la main-d’œuvre syrienne payée au noir, Mikou-les-miquettes, au bilan désespérément vide et du fond duquel rien ne présage ni ne surnage, pourra relancer la coordination avec Damas, cette fois jusque dans les travaux de ménage et le curetage des bidets…
Hyperdosés enfin, les impôts pompés à la source et les taxes diverses sur des services virtuels et des produits cul-de-gamme qui schlinguent l'arnaque et la gabegie. Depuis plus de quatre balais que dure la crise, pourquoi le Phénix du Sérail et ses compères bêlants du gouvernement n’avaient pas commencé plus tôt à évaluer les pertes des banques et de l'État ? Bernique ! Il y avait des priorités autrement plus stratégiques : payer les planqués qui pantouflent dans les ministères, acheter des 4X4 rutilants aux espions et autres margoulins officiels, rembourser les kilomètres carrés de drapeaux iraniens et de portraits de mollahs alimentant un culte niais et grotesque de la personnalité sur la route de l'aéroport…
Bref, d'années en décennies, le Liban traverse le temps sur fond d'horloge déglinguée et une image rêvée par les derniers caciques au pouvoir : un pays docile bercé au son du Koullouna, sans salaires ni indemnités, orné d’une guirlande de taxes et de dettes. Jusque-là, les chefs politiques remuaient le couteau dans la plaie. Maintenant, c'est au tour du gouvernement de venir y planter sa fourchette.
gabynasr@lorientlejour.com
Un politicien se mit à critiquer un autre politicien réputé un grand buveur : "Monsieur, vous sentez la bouteille" ! Réponse du bon vivant de collègue : "la bouteille peut-être, mais pas le pot de chambre" ou le pot de vin !…
09 h 52, le 05 mai 2024