Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, farouche opposant au mandat du président de la République, Michel Aoun, et qui appelait tout récemment à la démission de celui-ci, alors que le pays est dans une grave crise, a nuancé ses propos cette fois-ci en estimant qu'une "présidentielle anticipée n'est que de la poudre aux yeux". Il s'est dit plutôt en faveur de législatives anticipées afin de changer la classe politique au pouvoir.
Interrogé par le quotidien arabe basé à Londres "Al-Quds al-arabi" sur la priorité entre des législatives anticipées ou une présidentielle anticipée, le leader chrétien a répondu : "Celui qui propose une présidentielle anticipée ne propose absolument pas de plan de sauvetage. Cette proposition est soit un coup de gueule ou a pour objectif de faire aboutir un certain candidat à la magistrature suprême". "Supposez que le président Michel Aoun démissionne aujourd'hui - et je souhaitais qu'il démissionne hier, avant aujourd'hui - que se passerait-il ?", demande M. Geagea. "Le Parlement se réunirait sous 30 jours et élirait un nouveau président. En présence de la majorité parlementaire actuelle, qui serait élu ? Soit un président similaire au président Aoun, ou un peu pire que lui. Qu'est-ce qui aurait changé dans ce cas-là ?", s'interroge le chef des FL.
"Proposer des élections présidentielles anticipées n'est que de la poudre aux yeux", a-t-il ainsi estimé, assurant toutefois "ne pas être attaché au maintien du président Aoun dans son poste". "Seules des législatives anticipées peuvent apporter un changement. Cellles-ci pourront produire une nouvelle majorité qui aboutira certainement à élire un président de la République différent, à un gouvernement différent et des pratiques différentes", a affirmé Samir Geagea.
"De longs mois"
Pourtant, fin décembre, le chef des FL affirmait que s'il était président de la République, il démissionnerait. Les propos acerbes du leader chrétien interviennent au moment où le Liban est embourbé depuis plus d'un an dans une grave crise économique, financière et politique, et sans gouvernement depuis août, suite à la démission du cabinet de Hassane Diab dans la foulée de la gigantesque explosion au port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et 6500 blessés. Le Premier ministre Saad Hariri, désigné le 22 octobre, n'a toujours pas réussi à former son équipe, en raison, entre autres, de divergences avec le chef de l'Etat autour de la répartition des postes et des prérogatives constitutionnelles de chacun des deux présidents.
Interrogé sur le retard dans la formation d'un nouveau gouvernement, le leader chrétien a regretté ce délai. "Nous l'avions prévu dès le premier instant, partant du principe de la nature de la classe au pouvoir et de la poursuite de ses intérêts personnels plutôt que de ceux du Liban. Ce qui se passe ne nous surprend pas", a-t-il déclaré. "Je ne pense pas que la question de la formation du gouvernement ait quoi que ce soit à voir avec l'investiture le 20 janvier du président américain élu Joe Biden. Même après son intronisation le 20 janvier, il ne définira pas sa politique du jour au lendemain, cela prendra de longs mois", a-t-il estimé.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Samir Geagea avec Al-Quds al-Arabi ici
commentaires (5)
La photo de l’article est-elle très récente pour la publier ? Il est souriant, le chef des Ouèttes, un demi-sourire d’un parfait candidat à la prochaine présidentielle. Il est beau, souriant, comme sur une affiche de cinéma. Il a le profil qui convient au poste qu’il recherche depuis quarante ans. Un peu de patience pour son investiture, mais pour le lien du journal arabe mentionné en fin d’article, l’interview est d’un intérêt tel qu’il le consacre déjà présidentiable en pleine période de pandémie.
L'ARCHIPEL LIBANAIS
19 h 30, le 10 janvier 2021