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Politique - Crise politique

Contre le Hezbollah et l’Iran, Joumblatt passe à la vitesse supérieure

« Nous payons le prix de la docilité de Michel Aoun à l’égard du Hezbollah », déplore Marwan Hamadé.

Contre le Hezbollah et l’Iran, Joumblatt passe à la vitesse supérieure

Walid Joumblatt et Saad Hariri à la Maison du Centre, le 24 août 2020. Photo tirée du compte Twitter de M. Hariri

Pour le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, « le Liban est devenu une province iranienne ingouvernable ». L’heure ne semble donc pas à la cohabitation, mais plutôt à la confrontation, d’où l’escalade verbale pour laquelle a opté le leader druze. Dans une interview accordée jeudi soir à la chaîne MTV, Walid Joumblatt s’en est violemment pris à la République islamique, l’accusant de « ne pas respecter l’entité libanaise ». Il réagissait ainsi implicitement aux dernières déclarations du commandant de l’armée de l’air des pasdaran, Ai Hadji-Zadeh. Ce dernier avait affirmé, la semaine dernière, que le Liban et Gaza sont des lignes de front pour la lutte de l’Iran contre l’occupation israélienne.

Ce n’est naturellement pas la première fois que M. Joumblatt s’en prend à Téhéran, mais sa toute dernière escalade verbale est à interpréter sous l’angle de son timing. Elle est intervenue quelques jours après la réconciliation politique entre le Qatar et plusieurs monarchies du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, ainsi que l’Égypte, mettant fin à une crise qui a duré plus de trois ans. Perçue sous cet angle, la diatribe joumblattiste contre l’Iran pourrait être interprétée comme un clin d’œil en direction des pays du Golfe, pratiquement absents de la scène politique libanaise qu’ils estiment contrôlée par l’Iran et ses alliés locaux, notamment le Hezbollah. Cette lecture, des analystes politiques la présentent à L’Orient-Le Jour, estimant que par sa démarche, le leader de Moukhtara chercherait à paver la voie à une réouverture libanaise en direction des pays arabes.

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Un point de vue que Marwan Hamadé, député joumblattiste démissionnaire du Chouf, tempère. Dans un entretien accordé hier soir à L’OLJ, il estime que les pays du Golfe ont, et jusqu’à nouvel ordre, abandonné le Liban, expliquant que « le critère définissant les rapports avec les pays arabes réside dans le degré d’hostilité à l’Iran », dans ce qui sonne comme une pique en direction du pouvoir en place, perçu comme proche de Téhéran et l’axe régional qu’il conduit. M. Hamadé juge toutefois « probable » que les pays arabes s’ouvrent de nouveau vers Moukhtara.

Saad Hariri et son gouvernement

Walid Joumblatt est donc conscient du fait que le Liban a plus que jamais besoin de l’aide de ses partenaires arabes et internationaux pour sortir de la crise sans précédent qui le secoue depuis plus d’un an. C’est d’ailleurs précisément ce message qu’il a voulu adresser au Premier ministre désigné, Saad Hariri. En dépit des rapports perturbés depuis des mois entre les deux hommes, Walid Joumblatt a donné au leader du Futur « un conseil » : se récuser. Un appel qu’il avait déjà lancé à plusieurs reprises, dans le cadre de son combat politique contre Téhéran et ses ramifications locales.

« Il s’agit d’une façon pour Walid Joumblatt de mettre Saad Hariri en garde contre la formation d’un gouvernement qui serait contrôlé par le Hezbollah et le tandem Baabda-Courant patriotique libre uniquement », commente pour L’OLJ un analyste politique. Et de souligner que le recours à cette option ne fera de Saad Hariri « qu’un paravent pour les décisions que prendrait le Hezbollah pour diriger le pays ». « D’autant que le Liban gravite carrément dans l’orbite iranienne », ajoute-t-il, faisant allusion aux déclarations de Ali Hadji-Zadeh.

Pour le moment, ce qui est sûr, c’est que Walid Joumblatt est arrivé au point de non-retour avec le Hezbollah et qu’il est passé à la vitesse supérieure face à la République islamique.« La catastrophe est tombée. Pourquoi embarquer dans cette galère? Qu’ils (le camp adverse) en assument la responsabilité. » Voilà comment Marwan Hamadé résume les propos de Walid Joumblatt. Selon lui, « la formule adoptée par le passé ne fonctionne plus. Nous ne pouvons plus cohabiter avec eux au sein d’un cabinet ».

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Ces déclarations pourraient être interprétées comme traduisant une volonté de Moukhtara de rester en dehors du prochain gouvernement, sachant que les joumblattistes avaient mené une bataille acharnée pour prendre part à la future équipe et faire barrage aux ambitions du leader du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, qui bénéficie du soutien du Hezbollah et du tandem Baabda-CPL. Sans se prononcer sur ce point, Marwan Hamadé se contente d’exclure la formation d’un cabinet dans un avenir proche.

Mais pourquoi Walid Joumblatt semble-t-il retirer à M. Hariri un appui significatif dont il a besoin dans sa bataille pour former son équipe ? « Notre soutien n’a aucun sens. Nous ne pourrons pas faire face à eux (le 8 Mars), même si nous appuyons tous M. Hariri », répond M. Hamadé, dans une allusion aux anciens alliés du Futur et de son chef, notamment le PSP et les Forces libanaises. « Nous sommes en train de payer le prix du compromis présidentiel et de la docilité du chef de l’État à l’égard du Hezbollah », lance encore Marwan Hamadé, estimant qu’il n’y a pas de gouvernement en vue « sous le mandat de Michel Aoun ».

Pour le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, « le Liban est devenu une province iranienne ingouvernable ». L’heure ne semble donc pas à la cohabitation, mais plutôt à la confrontation, d’où l’escalade verbale pour laquelle a opté le leader druze. Dans une interview accordée jeudi soir à la chaîne MTV, Walid Joumblatt s’en est violemment pris à la...

commentaires (13)

POURTANT IL A FACILITE LA VOIE DU HEZBOLLAH DANS LES EXACTIONS ET LES INTIMIDATIONS QU,IL EXERCE EN L,APPUYANT POLITIQUEMENT TANT DE FOIS.

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 20, le 10 janvier 2021

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Commentaires (13)

  • POURTANT IL A FACILITE LA VOIE DU HEZBOLLAH DANS LES EXACTIONS ET LES INTIMIDATIONS QU,IL EXERCE EN L,APPUYANT POLITIQUEMENT TANT DE FOIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 20, le 10 janvier 2021

  • Quel crédit peut-on accorder aux propos de cet homme qui est contre tous un jour, et du côté de tous un autre jour ? On peut légitimement se demander à quoi sert ce monsieur (tous les autres aussi d'ailleurs) et quel est le sens du nom de son parti. En fait, Joumblatt est un opportuniste qui se met au diapason de l'opinion publique libanaise. Suite aux dernières législatives, il s'est mis du côté de l'axe du mal. Lorsque le peuple se soulève et dénonce la corruption et la sympathie à sens unique exprimée par l'Iran pour le Liban, il se met du côté de la rue. Espérons que ses propos sur le Hezbollah, la Syrie et l'Iran soient cette fois définitifs et qu'un nouveau souffle ne provoquera pas un énième revirement chez la girouette.

    Robert Malek

    17 h 42, le 09 janvier 2021

  • Il faut un Alexandre le Grand pour en finir avec la Pers ??

    Eleni Caridopoulou

    16 h 12, le 09 janvier 2021

  • Du blablabla bon marché... Comme lors de l'invasion nazis des divers pays de l' Europe et malgré leurs divergences politiques et sociales , ils se sont unis au nom, non pas des cathos, des protestants, juifs ou athés mais plutôt aux noms de leurs patries! On est libanais avec une foi commune:"un Liban libre, indépendant et, domicile des libertés, tourné vers le progrès et l'avenir de nos jeunes!" Le autres croyances sont personnelles et ne concernent que les individus tant qu'elles ne mettent pas en danger la Patrie!

    Wlek Sanferlou

    15 h 02, le 09 janvier 2021

  • On aurait envie de croire en la sincérité de ses déclarations . L'inconvénient et il est de taille c'est que ce Mr à toujours varié, au gré de ses intérêts personnels. Dans son cheminement il a raison de vouloir une récusation du premier ministre et à partir de là former un front commun quitte à payer un certain prix en retour ...mais ne risque t il pas de faire faux bond à tout moment sous la pression du parti de dieu ? Le Liban étant arrivé à une époque charnière de son histoire et deux seules éventualités. La première basculer définitivement dans le giron des exaltés qui tiennent de façon constante un discours de propagande: la destruction d'un état voisin, tout cela avec la complicité, au moins passive de notre président, qui lui à comme seul leitmotiv l'accession de son gendre à la présidence( en matière de fidélité, on pourrait difficilement faire mieux) La deuxième éventualité qui se pose pour le Liban, serait un front commun, pouvant jusqu'à nommer (dans le scénario le plus extrême, un gouvernement en exil)

    C…

    13 h 55, le 09 janvier 2021

  • Jeu d'échecs sont un jeu de société combinatoire ABSTRAIT pour deux joueurs. ... Le jeu, primitive, est né en Asie entre le troisième et le sixième siècle de notre ère. Le lieu précis est surement la Perse (l’IRAN actuel)( Ceci est pour information historique ).Entre temps notre Inutile et notre Négativiste( voir photo publiée par OLJ) ne savent que regarder sur l’échiquier devant eux ne sachant comment commencer le jeu …et leurs courtisans parle, parle ,parle …et le Covid 21 va bientôt commencer ; BANDE D’IRRESPONSABLES

    aliosha

    13 h 03, le 09 janvier 2021

  • """Le leader druze a enfin accusé la « Syrie et ses affidés » d’avoir introduit cette quantité industrielle de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth""". C’est la seule déclaration de toute l’interview qu’on retient du chef druze, et qui mérite plus d’explication. Pour le reste, c’est de la politique politicienne, pendant que des Libanais atteint de la Covid attendent devant les hôpitaux pour se faire prendre en charge.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    12 h 25, le 09 janvier 2021

  • AH BON ? FAUT SURTOUT PAS LANCER DES FLEURS A CES MECS QUI TARDENT D'UN DEMI SIECLE & ACCUSENT AOUN DE SOUPLESSE ET PIRE A L'EGARD DE HEZB. POUR L,AMOUR DU CIEL OU ETAIENT ILS LORS DE LA GUERRE DE ARAFAT CONTRE LE LIBAN ? CELLE DES SYRIENS CONTRE LE PAYS MEME DURANT LA PERIODE POST TAEF? HEIN AVAIENT ELLES FAIT MIEUX ? HARIRI A T IL ETE MOINS COMPLAISANT AVEC HEZB ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 24, le 09 janvier 2021

  • M. Hamadé a raison, seul Joumblatt ne fera pas le poids face au trio destructeurs. Il serait temps que tous les opposants se rallient à la cause du pays et dénoncent les agissements des vendus en leur déclarant une guerre ouverte sur tous les sujets touchant à la démocratie et à la constitution. Nous sommes dans un enlisement vers une dictature et il serait grand temps de rétablir la vérité et d’empêcher l’installation d’un régime étranger autocrate avant qu’il ne soit trop tard. Ils s’en approchent à grand pas mais jusqu’à ce qu’ils rencontrent une opposition digne de ce nom pour les stopper dans leur sale besogne. Si nous restons divisés face à ces fossoyeurs nous n’aurons que nos yeux pour pleurer et toutes les larmes versées ne sauront sauver notre nation. Il est temps d’agir et vite le temps presse.

    Sissi zayyat

    10 h 49, le 09 janvier 2021

  • MEME COMME BORDEL L,ATOLL CRABIEN LIBANAIS NE FONCTIONNE PAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 40, le 09 janvier 2021

  • En déclarant : “ Le Liban est devenu une province iranienne ingouvernable “ , Walid Joumblatt ouvre la voie à la formation d’une large coalition des forces politiques druze, chrétiennes et sunnites, seule susceptible de contrebalancer l’hégémonie du Hezbollah et de mettre fin à l’isolement du pays. Celle-ci se concrétisera en tout cas d’ici la fin du mandat Aoun qui verra certainement la déconfiture du CPL et de son chef Gebran Bassil, déjà abandonné par beaucoup de leurs partisans.

    Tabet Ibrahim

    08 h 59, le 09 janvier 2021

  • " Nous sommes en train de payer le prix (...) de la docilité du chef de l’État à l’égard du Hezbollah (...) il n’y a pas de gouvernement en vue sous le mandat de Michel Aoun ". Ou, du moins , pas de gouvernement capable de sauver le psys.

    Yves Prevost

    07 h 23, le 09 janvier 2021

  • JOUMBLATT A VOTÉ EN SURPRISE À LA DERNIÈRE MINUTE POUR NOUS AMENER LE HEZBOLLAH. COMME IL L'A FAIT AVANT LUI SON PÈRE KAMAL, QUAND IL A VÔTÉ À LA DERNIÈRE MINUTES EN SURPRISE POUR NOUS AMENER SLEIMAN FRANGIÉ PREMEIER. ET HARIRI ET GEAGEA SONT À LA BASE DE L'ENTRÉE DE AOUN COMME PRÉSIDENT À BAABDA. HARIRI L'A FAIT POUR LA RAISON DE DEVENIR PREMIER MINISTRE ET GEAGEA POUR PARTAGER LES MINISTRABLES AVEC AOUN ET BASSIL ET SURTOUT POUR REMPLACER AOUN EN 2022. ILS L'ONT EU DANS LE C...

    Gebran Eid

    02 h 35, le 09 janvier 2021

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