Rechercher
Rechercher

Politique - Gouvernement

Raï coupe l’herbe sous le pied du tandem Baabda-CPL

Après Saad Hariri, le chef de l’Église maronite a rencontré hier Michel Aoun et Gebran Bassil. L’entretien avec ce dernier aurait été tendu.

Raï coupe l’herbe sous le pied du tandem Baabda-CPL

Gebran Bassil et Béchara Raï à Bkerké hier. Photo ANI

Pour relancer les tractations gouvernementales, le patriarche maronite, Béchara Raï, est entré de plain-pied dans le processus, non pour s’imposer en tant que partenaire à part entière, mais pour tenter de rectifier le tir. C’est ce que le patriarche Raï aurait signifié au leader du CPL, Gebran Bassil, qu’il a reçu hier à Bkerké, deux jours après son entretien avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri.

Une source informée contactée par L’Orient-Le Jour croit savoir que la rencontre Raï-Bassil s’est déroulée dans une atmosphère tendue. Et pour cause : face à l’insistance du prélat pour que tous les obstacles entravant la naissance du cabinet soient levés le plus rapidement possible, Gebran Bassil aurait réitéré sa position selon laquelle « des critères unifiés » doivent être respectés lors de la formation du cabinet. Il aurait ainsi rappelé que plusieurs partis politiques, notamment le tandem chiite, nomment leurs ministrables, estimant que cela devrait s’appliquer aux chrétiens aussi.

L'édito de Issa GORAIEB

Arrêts sur image

Mais le patriarche aurait alors rétorqué qu’il ne pouvait plus rester les bras croisés face aux atermoiements et au retard que mettent les partis politiques pour former le futur cabinet. Une nouvelle diatribe de la part du patriarche contre les protagonistes politiques est à attendre dans le cadre du message de Noël qu’il devrait adresser prochainement aux Libanais.

Il reste que, dans le but de rester loin des querelles relevant de la politique politicienne, le prélat maronite a pris soin de converger avec Gebran Bassil sur des généralités, dont la nécessité de préserver le partenariat islamo-chrétien et de respecter la Constitution, notamment pour ce qui est du rôle du président de la République en matière de formation du gouvernement.

« Le tiers de blocage est inutile »

La rencontre Raï-Bassil est intervenue quelques heures après une longue réunion entre le chef de l’État, Michel Aoun, et Mgr Raï. Une source informée indique que le président de la République aurait invité le patriarche à s’entretenir avec M. Bassil, d’où la visite éclair de ce dernier à Bkerké. Des informations que Baabda ne commente naturellement pas.

Quoi qu’il en soit, les entretiens de Béchara Raï avec M. Aoun et M. Bassil revêt quand même une importance politique certaine. À l’heure où la querelle ministérielle entre Baabda et le CPL, d’une part, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, de l’autre, bat son plein, le patriarche s’invite dans le processus et, de ce fait, retire aux aounistes plusieurs arguments relevant du fameux slogan des « droits des chrétiens » brandis par le CPL depuis 2005.

Lire aussi

Michel de Chadarévian claque la porte du CPL et rejoint l’opposition

« Quelles que soient les circonstances, il est essentiel que le président Aoun et le Premier ministre désigné parviennent à un accord dans leurs tractations », a estimé le chef de l’Église maronite à l’issue de l’entretien à Baabda, insistant sur le respect de la Constitution en matière de formation du cabinet. « Les textes constitutionnels stipulent que le Premier ministre désigné prépare une mouture de son gouvernement et en discute avec le président de la République », a rappelé Béchara Raï. Il s’agit d’une autre flèche décochée en direction de la présidence et du CPL, dans la mesure où le patriarche juge ainsi normal que le Premier ministre désigné vienne à Baabda avec une liste de noms et la soumet à l’approbation du chef de l’État. Le camp aouniste s’était au contraire plaint du fait que M. Hariri ait choisi tous les ministrables, y compris les chrétiens, sans concertations préalables avec le président Aoun, ni avec le leader du CPL, Gebran Bassil, en sa qualité de chef du plus large groupe parlementaire chrétien. Pour la présidence et le courant aouniste, cette démarche de Saad Hariri va à l’encontre de la Constitution et constitue une flagrante atteinte aux droits des chrétiens.

Le décryptage de Scarlett Haddad

Ce que le CPL reproche au Hezbollah...

Outre la représentativité des chrétiens, M. Hariri et le tandem Baabda-CPL divergent aussi sur la question du tiers de blocage. À l’instar du Premier ministre, le chef de l’Église maronite est hostile à ce qu’il soit accordé à une partie bien déterminée, d’autant qu’il convient de former un cabinet de spécialistes indépendants des partis politiques. « Le président Aoun ne semble pas insister à obtenir le tiers de blocage », a déclaré Mgr Raï, rappelant que cette notion n’existe ni dans Taëf ni dans la Constitution. « Le tiers de blocage est inutile », a-t-il martelé.

En dépit des messages politiques forts que Béchara Raï a adressés à Michel Aoun, un proche collaborateur du président, contacté par L’OLJ, s’efforce d’assurer que l’atmosphère de la rencontre était « positive », soulignant que le patriarche ne mène aucune médiation entre Baabda et la Maison du Centre.

Même son de cloche du côté de Bkerké où l’on souligne que le patriarche ne conduit pas une initiative politique dans le plein sens du terme. « Ce qui lui importe, c’est d’en finir avec l’impasse actuelle », affirme une source proche du patriarcat, précisant que le patriarche poursuivra de près les développements à ce niveau, sans en détailler les modalités.

Pour relancer les tractations gouvernementales, le patriarche maronite, Béchara Raï, est entré de plain-pied dans le processus, non pour s’imposer en tant que partenaire à part entière, mais pour tenter de rectifier le tir. C’est ce que le patriarche Raï aurait signifié au leader du CPL, Gebran Bassil, qu’il a reçu hier à Bkerké, deux jours après son entretien avec le Premier...

commentaires (18)

Ne nous leurrons pas. Bassil et son beau-père ne font qu’obéir les ordres du parti de dieu. Croit-on vraiment que M. Bassil croulant sous les sanctions aurait une quelconque marge de manœuvre? Le Grand Marionnettiste contrôle le tout de sa caverne sous terre.

Michael

18 h 57, le 19 décembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • Ne nous leurrons pas. Bassil et son beau-père ne font qu’obéir les ordres du parti de dieu. Croit-on vraiment que M. Bassil croulant sous les sanctions aurait une quelconque marge de manœuvre? Le Grand Marionnettiste contrôle le tout de sa caverne sous terre.

    Michael

    18 h 57, le 19 décembre 2020

  • Nous demandons à Mgr Raï de dénoncer nommément dans ses prêches du dimanche les traitres du pays qui empêchent la formation du gouvernement quelque soit leur religion. Les libanais ont le droit de connaître la vérité et pas qu’à demi-mot, sans que cela ressemble à des fins partisanes ou religieuses. Il faut que vos interventions servent à quelque chose de constructif et sauvent le pays de ces traitres qui se cachent derrière leurs mensonges à des fins personnelles. Ils ne pourront plus prétendre à un complot étranger pour se défendre puisque l’accusation repose sur des faits avérés et d’une source fiable.

    Sissi zayyat

    16 h 30, le 19 décembre 2020

  • "Une source informée indique que le président de la République aurait invité le patriarche à s’entretenir avec M. Bassil,..." Bizarre, le prez ne sait plus balbutier ses intentions qu'il lui faut jeter son gendre à toutes les sauces!? De plus le gendre défend le droit des chrétiens à nommer leurs ministres!! Really!? Les chrétiens du Liban comme tout citoyen libanais, athé ou croyant de n'importe quelle religion, veut des ministres qui savent de quoi ils parlent et qui ne soient pas des marionnettes de forces occultes ou moins occultes...des.mimistres qui savent gérer l'électricité, les ordures, l'économie, les relations avec les pays étrangers, etc... Toutes les autres excuses ne sont que machinations pour nous enterrés vivants!

    Wlek Sanferlou

    16 h 24, le 19 décembre 2020

  • Je pense que le patriarche devrait se consacrer plus à l'église qu'à la politique . Il a sans doute oublié qu'il a choisi de se vouer pour la prière et la bonne action . Ne sait-il pas en l'occurrence qu'une grande partie de ses ouailles se trouve dans la misère ?

    Hitti arlette

    15 h 25, le 19 décembre 2020

  • Notre Patriarche Raii, on ne sait pas si vous avez signalé à Bassil, que la moitié des représentants chrétiens sont en dehors des consultations, soit par démission des députés patriotiques, partisans et indépendants, soit comme les FL, qui se sont boudés par principe. Et cette moitié n'accepterai nullement qu'il prétende à la représenter, et par conséquent, qu'il arrête de parler de l' "unité des mesures", car il devrait respecter l'ambiance populaire, pour ne pas dire plus. Même message à Aoun. Et qu'ils ne songent plus au tiers de la corruption..

    Esber

    13 h 03, le 19 décembre 2020

  • Sommes nous dans une logique citoyenne urgente ou pas? Sommes dans une urgence technocratique ou pas? Pourquoi tous ces atermoiements sinon encore une fois pour enfoncer le Liban dans le chaos effaçant toutes les malversations commises surtout celles qui auditées apparaîtront au grand jour.

    PROFIL BAS

    11 h 13, le 19 décembre 2020

  • On n'en a que cure que Hariri nomme les ministres chrétiens à partir du moment où ces ministres sont integres, patriotes et compétents. Pourquoi faut il que le CPL nomme ces ministres chrétiens? Le président doit accepter la liste quelques soient leurs noms et leur religion, en revanche, son rôle essentiel se résume à vérifier que ces ministres soient les bonnes personnes et à la bonne place, qu'ils soient chrétiens, musulmans ou païens. Sinon ces querelles d'amour propre et de susceptibilité ne finiraient jamais.

    Citoyen

    10 h 44, le 19 décembre 2020

  • Couper l'herbe sous les pieds...cela ne suffit malheureusement plus . Faut aussi labourer et retourner complètement la terre où pousse cette herbe vénéneuse qui empoisonne notre vie quotidienne...!!! - Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 33, le 19 décembre 2020

  • Je pense que le tiers bloquant protège tout le cabinet, afin que les futurs ministres ne passent pas pour des marionnettes, voire des traîtres, dans les livres d'histoires. En effet, sans cette astuce, la première décision du Gouvernement devrait être à propos des armes de la milice en dehors du sud, et les décisions indispensables à prendre qui fâcheraient les hégémons sont tellement nombreuses. Vive le tiers-bloquant !

    Shou fi

    10 h 17, le 19 décembre 2020

  • facon de voir les choses. rai n'aurait pas du etre aussi abstrait et donner matiere a interpretation. pire qu'interpretation voila que le pti gendre en profite pour lancer a tout vent sa diatribe habituelle avec l'arrogance qu'on lui connait, comme quoi lil serait le grand sauveur de la chretiennete , a beatifier vite vite.

    Gaby SIOUFI

    10 h 02, le 19 décembre 2020

  • le pire problème des Chrétiens cest Bassil...pour ne pas dire CPL ou Aoun...

    Jack Gardner

    09 h 47, le 19 décembre 2020

  • Mais enfin qui a nommé le CPL comme défenseur des chrétiens du Liban ? Le CPL s’est arrogé ce titre (et non ce rôle) sans aucune habilitation de qui que ce soit. Où était le CPL lorsque les régions chrétiennes étaient bombardées par les palestiniens de l’OLP, où était le CPL quand Arafat a déclaré que la route de la Palestine passe par Jounieh? où était le CPL lors de la guerre des 100 jours et le blocus d’Achrafieh qui s’est terminé par la victoire des combattants chrétiens ... la liste est très longue. Le CPL ne nous a causé que des malheurs depuis 30 ans. Le pays aujourd’hui est en faillite totale et toute l’épargne des libanais a été volée et pillée par la classe politique dirigeante dont le CPL. Un fait est établi : le chef actuel du CPL fait l’objet de sanctions de la part du Trésor Américain pour cause de corruption avérée

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 19, le 19 décembre 2020

  • Quel est l'article de la Constitution qui oblige le Premier Ministre désigné d'avoir l'aval d'un chef de groupe parlementaire pour la formation du gouvernement? Il faut cesser par ailleurs avec les droits des chrétiens, seul l'intérêt du Liban compte.

    Georges Olivier

    07 h 57, le 19 décembre 2020

  • LE PREMIER MINISTRE DOIT FORMER LE GOUVERNEMENT D,EXPERTS INDEPENDANTS OU DU MOINS NON PARTISANS ET EN NOMMER LES MINISTRES. POINT A LA LIGNE. AOUN ET LE GENDRE FONT DU TORT AUX CHRETIENS EN INSISTANT AUTREMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 47, le 19 décembre 2020

  • "Le président Aoun ne SEMBLE pas insister à obtenir le tiers de blocage". Mais pour être sûr, "le président de la République aurait invité le patriarche à s’entretenir avec M. Bassil". Evidemment! Il vaut mieux discuter avec celui qui décide!

    Yves Prevost

    06 h 51, le 19 décembre 2020

  • À CHAQUE FOIS QUE HARIRI VIENT POUR DISCUTER AVEC AOUN, CE DERNIER LUI DIRE VA VOIR BASSIL. "CE SONT LES PAROLES DE HARIRI". AOUN RÉPÈTE CES PAROLES À CHAQUE FOIS POUR SES ADVERSAIRES POUR QU'ILS AILLENT VOIR BASSIL. ET C'EST RAÏ QUI A REÇU CETTE FAMEUSE PHRASE EN PLEIN GUEULE CETTE FOIS CI HIER. ET BASSIL A DÉBARQUÉ CHEZ LE PATRIARCHE.

    Gebran Eid

    02 h 40, le 19 décembre 2020

  • QUI PEUT ME DIRE LE POURQUOI LES CHAUSSURES DE BASSIL ONT UNE SEMELLE ASSEZ ÉPAISSE ?

    Gebran Eid

    01 h 59, le 19 décembre 2020

  • Le président de la République aurait invité le patriarche à s’entretenir avec M. Bassil ... donc il admet implicitement que ce n'est pas lui gouverne mais bien le gendre, qui réclame lui ,a les pieds et poings liés face à son allié devenu oh combien encombrant, dont le chef est parti en villégiature à chiraz....et au milieu un patriarche qui se retrouve face aux deux opposants qui se chamaillent comme dans une cour de récréation d'école primaire en disant : «c'est pas moi c'est l'autre», alors qu'il y a le feu à l'école. On peut penser que face à ce cirque, la communauté internationale, à juste titre, serait réticente à accorder une aide éventuelle au Liban.

    C…

    01 h 02, le 19 décembre 2020

Retour en haut