Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, est attendu cet après-midi à Baabda pour des concertations, devenues de routine, avec le président Michel Aoun au sujet de la composition du nouveau gouvernement et de la répartition des portefeuilles.
Ce sera la seconde visite de M. Hariri cette semaine à Baabda après celle de lundi, au cours de laquelle les deux hommes ont discuté de principes généraux liés essentiellement au concept traditionnel du « qui veut quoi ». Alors que le Liban est en proie à une crise financière, économique et sociale effroyable, le débat dans les hautes sphères porte toujours sur le seul niveau de représentation des principales forces politiques, notamment le poids du Courant patriotique libre au sein du gouvernement.
Il faudra voir si le Premier ministre désigné va proposer cet après-midi au chef de l’État une solution médiane. Dans les cercles qui suivent de près les tractations autour du dossier gouvernemental, on croit savoir qu’après l’échec de la formule de 18 ministres indépendants proposée par Saad Hariri à Michel Aoun durant leur entretien du 16 octobre, le Premier ministre désigné aurait revu ses ambitions à la baisse, dans une tentative de faciliter la mise en place d’un nouveau cabinet. Dans ces cercles, on indique qu’il s’efforce pour le moment d’élaborer une mouture qui tienne compte des « susceptibilités » des forces politiques concernées par la formation du gouvernement, qui ne heurte pas Paris mais qui n’est pas forcément conforme aux vœux du président français Emmanuel Macron, d’une équipe ministérielle répondant aux aspirations des Libanais. Les propos de M. Macron lundi au sujet du Liban ont d’ailleurs sonné comme une mise en garde contre un retour aux vieilles pratiques politiciennes ou du moins comme un rappel des engagements libanais pris lors des réunions de la Résidence des Pins, en septembre dernier. Au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, M. Macron a rappelé que la France « a marqué sa volonté d’avoir un Liban plus fort et un État libanais plus fort, jouissant du soutien de la population libanaise et non pas otage ni des intérêts ni d’une politique de terreur quelle qu’elle soit ».
Jusqu’à aujourd’hui, le président Aoun, le chef du CPL et le tandem chiite insistent pour que les groupes parlementaires aient la possibilité de choisir eux-mêmes les nouveaux ministres puisqu’il appartient à la Chambre d’accorder sa confiance au cabinet. Ces groupes ou du moins une partie d’entre eux ont déjà fait savoir qu’ils n’accorderont pas cette confiance à une équipe qu’ils ne connaissent pas.
Avec ce retour à la case départ, Saad Hariri essaie d’arrondir autant que faire se peut les angles, mais semble s’éloigner en même temps des critères convenus avec Emmanuel Macron. Quoi qu’il en soit, on est toujours loin du choix des ministres. Au cours de leurs deux dernières réunions, Michel Aoun et Saad Hariri ont discuté longuement du principe de la rotation des portefeuilles, qui a été finalement abandonné, et passé en revue la répartition des maroquins dans un gouvernement de 18. Le Premier ministre désigné est toujours foncièrement hostile à une formule de 20 ou de 24 au sein de laquelle le chef du CPL Gebran Bassil pourrait avoir la minorité de blocage.
Les discussions à ce sujet devraient se poursuivre aujourd’hui d’autant qu’il semble que M. Hariri aurait accepté d’accorder à M. Bassil 6 ministres chrétiens (5 du CPL +1 PSNS) sur un total de 9, alors que ce dernier voudrait en nommer soit la totalité soit au moins 7, ce qui signifie qu’il aura facilement la minorité de blocage. Éventualité que Saad Hariri refuse toujours. M. Bassil voudrait que le bloc ministériel du CPL-président puisse avoir la minorité de blocage sans le tandem chiite, compte tenu de la « sensibilité » de l’étape à venir, confie-t-on dans son entourage.
Il est intéressant de relever dans ce contexte que les vœux de Gebran Bassil pourraient être également motivés par le fait que les rapports entre le CPL et Amal ne sont pas au beau fixe, encore une fois, comme l’a montré l’introduction incendiaire du journal télévisé de la NBN hier soir contre le président de la République.
Quoi qu’il en soit, les trois ministres chrétiens non CPL devraient être répartis entre les Marada, le Tachnag et le courant du Futur, de l’avis de Saad Hariri. Or le CPL refuse que M. Hariri, le sunnite, nomme un ministre chrétien et insiste toujours sur les deux principes du critère unifié et de la réciprocité. Il devait d’ailleurs réaffirmer cette position hier durant la réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire.
commentaires (6)
La seule solution pour sauver notre pays consiste à mettre hrs d'état de nuire les quatre conducteurs du fiacre "Liban" : :Michel Aoun, Gebran Bassil, l'hôte du bunker et Nabih Berri.
Un Libanais
15 h 44, le 09 décembre 2020