Le président de la Chambre, Nabih Berry, ne semble pas lâcher prise. En pleine crise économique et financière, et contre tous les efforts déployés par les partis chrétiens majoritaires pour maintenir la loi électorale actuellement en vigueur, il insiste pour mener la bataille du changement de cette législation. Une façon pour lui de donner l’impression de répondre favorablement à l’une des principales demandes du mouvement de contestation, en l’occurrence l’adoption d’un nouveau code électoral. C’est dans ce cadre que s’inscrit la réunion conjointe des commissions mixtes tenue hier à l’hémicycle, qui n’a toutefois abouti à aucun résultat concret.
La réunion a été l’occasion pour les parlementaires d’examiner plusieurs propositions de loi électorale. Il s’agit surtout de la proposition berryste prévoyant la proportionnelle appliquée au Liban en tant que circonscription unique. Mais il reste qu’au vu du contexte politique et communautaire tendu dans lequel elle est intervenue, elle a semblé n’être qu’un futile exercice parlementaire de pure forme, l’écrasante majorité des protagonistes politiques campant sur leurs positions traditionnelles à ce sujet. Cela est notamment le cas des Forces libanaises et du Courant patriotique libre. En dépit de toutes leurs divergences, ces deux formations chrétiennes convergent sur le refus de toute modification ou changement de la loi électorale actuellement en vigueur. Adopté le 16 juin 2017, ce texte préconise l’application de la proportionnelle à 15 circonscriptions avec vote préférentiel au niveau du caza. À la suite des dernières législatives (mai 2018), les partis de Samir Geagea et Gebran Bassil s’étaient félicités du fait que la loi électorale avait permis aux chrétiens de choisir leurs représentants à l’hémicycle, un objectif pour lequel ils luttaient depuis des décennies.
Pari voué à l’échec
Ce double veto, les parlementaires FL et leurs collègues aounistes l’ont clairement exprimé hier. Prenant la parole à l’issue de la séance des commissions mixtes, Georges Adwan, vice-président des FL et député du Chouf, a déclaré sans détour : « Notre position sur la question est claire. Il y a une législation actuellement en vigueur avec l’accord des députés. » M. Adwan a également exprimé des doutes quant à de possibles atermoiements qui pourraient déboucher sur un report du scrutin législatif prévu en mai 2022, à l’heure où les protagonistes hostiles au pouvoir en place, dont les FL, plaident sans relâche pour des législatives anticipées. Là aussi, il s’agit d’une des demandes du mouvement de révolte du 17 octobre. « Tout pari sur le report des législatives est voué à l’échec car il existe une loi valide et les élections peuvent être fondées sur elle. Nous ne sommes pas prêts à changer la justesse et l’efficacité de la représentation populaire, car ce droit est lié à la composition libanaise et à sa pluralité », a lancé M. Adwan. C’est dans le même sens que vont des propos tenus par Pierre Bou Assi, député FL de Baabda, lors de la réunion d’hier. « Proposer de débattre de cette proposition de loi (le projet Berry) est trompeur, car derrière les apparences de respect de la Constitution, il y a quelque chose de très dangereux concernant la justesse de la représentativité (...) », a mis en garde le député. Et de faire état de craintes d’« affrontements dans la rue à la suite des tentatives successives de modifier la loi électorale ».
Un dialogue national ?
Mais c’est surtout le timing de la relance du débat à caractère électoral qui motive l’opposition du CPL et des FL pour qui la priorité devrait être accordée aux moyens de résoudre la crise économique dans laquelle se débat le pays depuis des mois. Les deux partis ne cachent pas, en outre, leurs craintes quant à une nouvelle loi électorale qui serait le prélude à un changement (inopportun) du système politique en vigueur. Rejoignant Georges Adwan, Alain Aoun, député CPL de Baabda, a clairement exprimé ce souci.
« Nous sommes en présence d’une proposition qui a trait à des questions constitutionnelles et qui comporte un changement dans le système politique », a-t-il averti, faisant savoir qu’il a proposé de discuter de la loi électorale autour d’une table de dialogue national, « parce que c’est le lieu normal pour en débattre », a-t-il ajouté. Une telle démarche impliquerait naturellement le président de la République dans le débat. Mais, pour le moment, la tenue d’un tel dialogue semble exclue. Un conseiller du chef de l’État confie, sous couvert d’anonymat, voir mal un dialogue national se tenir à l’heure actuelle pour discuter de la loi électorale, alors qu’il y a « des dossiers plus pressants et plus urgents ».
Quoi qu’il en soit, les FL et le CPL voient dans la séance d’hier, reportée sine die, une « demi-victoire », pour reprendre les termes d’un responsable du parti de Samir Geagea, contacté par L’Orient-Le Jour. « Une fois de plus, nous avons réussi à ajourner la discussion dont le timing est inopportun, grâce à la position unifiée des chrétiens », déclare-t-il. Mais pour le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, ce genre de craintes est infondé. « Pour le moment, nous ne faisons que chercher une entente élargie autour des grandes lignes stratégiques de la loi électorale », souligne-t-il à L’OLJ, assurant que « personne ne voudrait porter atteinte aux chrétiens ». Une position que Ali Fayad, député Hezbollah de Marjeyoun-Hasbaya, a rejoint en déclarant que son parti ne voit aucun inconvénient à ce que la loi actuellement en vigueur soit maintenue. Mais dans certains cercles politiques, on n’exclut pas un possible partage de rôles entre le Hezbollah et Nabih Berry, comme c’est le cas dans plusieurs dossiers.
Ils essayent de tout changer et ne sont pas à leur premier échec. Hier c’était la loi d’amnistie aujourd’hui une autre encore aussi tordue que la première. Quand arrêteront ils de se moquer du peuple qui les laisse agir en croyant que c’est dans leur intérêt que de rester spectateurs au lieu de s’inviter de force dans la partie pour mettre fin à toutes leurs manigances. Aucun virus n’est plus dangereux que ces vendus qui ont contaminé le pays. Les occidentaux ont trouvé un vaccin pour le COVID il est temps que les libanais en trouve un pour le leur.
14 h 29, le 26 novembre 2020