Redevenu dramatiquement d’actualité, le problème de l’émigration de nos jeunes me pousse à ressusciter un poème écrit il y a une vingtaine d’années. Paru dans l’un de mes romans, Ziad ou l’évanescence, il relate la séparation de deux êtres qui se chérissent. C’est une ode adressée à celui qui s’en est allé sans grand espoir de retour. En voici le texte mot pour mot :
« Clos donc tes paupières
Sous le choc profond des ondes et des lumières.
Te souviens-tu des jours d’antan
Quand tu fendais le vent, chevalier des sommets,
Quand tu couvais l’aurore d’un regard affamé
Et te moquais du temps ?
Tu as drainé vers toi des rais de volupté
Et des chants de sirène et de rêve éclate
J’ai tâté le sentier que tes pas ont tracé
Et maculé ta joie de mon hésitation.
Un seul été de lune m’a servi de ration
Et j’ai vêtu la soie que tes mains ont tissée.
Les enfants fleurissaient aux branches
Et les jardins tranquilles engloutissaient nos jeux.
Je n’ai pas vu l’éclair qui enflammait tes yeux
Ni le glaive enfoui dans sa gaine de feu.
Lors… se crevassa l’azur.
Le ruisseau a tari sa coulée de cristal,
Les soleils ont bleui. Tu as peur, tu as mal,
Et les élans venus du fond de l’océan
Ont figé ton ardeur et vaincu ton élan.
L’oiseau a volé bas.
Il a rejoint les zones où l’horizon trébuche
Où le jasmin se fane à l’ombre des forêts.
Elle a beau s’activer, l’abeille dans sa ruche,
Le faon râle toujours dans les silences blancs… »
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.
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