Le Premier ministre libanais désigné Saad Hariri s'est à nouveau entretenu dimanche avec le président de la République Michel Aoun au palais de Baabda. Une "avancée" a été enregistrée sur le terrain de la formation du gouvernement à l'issue de ce deuxième entretien entre les deux hommes en 24 heures, a fait savoir la présidence.
Selon notre correspondante Hoda Chedid, cet entretien illustre la volonté commune du chef de l'État et du Premier ministre désigné d’accélérer la formation du cabinet et l'atmosphère positive qui prévaut dans ces discussions autour des points de détails.
Selon notre correspondante, l'"avancée" dont a fait état un communiqué publié par le palais présidentiel est un signe clair de la volonté partagée de surmonter les obstacles qui persistent dans la composition du cabinet, à savoir le nombre de ministres, la distribution des portefeuilles, leurs critères d'attribution, la rotations des maroquins dits "régaliens" et de "services".
Baabda et la Maison du Centre tiennent à préserver le secret des discussions car Michel Aoun et Saad Hariri ne veulent pas que quiconque vienne faire obstacle au processus, ajoute Hoda Chedid.
Raï s'adresse à Hariri
Plus tôt dans la journée, le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dans son homélie dominicale Saad Hariri, à "passer outre les conditions des formations politiques" dans le processus de formation du gouvernement et "éviter le bourbier du partage des parts", afin de pouvoir nommer des ministres "experts et indépendants des forces politiques".
Vendredi, à l'issue de concertations avec les différents groupes parlementaires, M. Hariri avait annoncé qu'il allait former un cabinet d'experts en vertu de la feuille de route française, annoncée le 1er septembre à Beyrouth par le président français Emmanuel Macron, pour tenter de sortir le Liban de sa grave crise économique et sociale.
Déplorant, lors d'une messe à Bkerké, que les responsables politiques libanais "ne s'occupent que de leurs avantages personnels" au lieu du "bien commun", et baignent dans "la corruption, les vols de fonds publics", le patriarche les a accusés d'avoir "plongé l'État dans les dettes, appauvri le peuple, utilisé des armes illégales, et fait émigrer les jeunes".
"Le futur gouvernement doit faire face à cette situation dramatique et doit en venir à bout", a lancé le dignitaire religieux. Il a dès lors appelé Saad Hariri à prendre cela en compte lors de la mise sur pied de son cabinet. "M. le Premier ministre désigné, passez outre les conditions et contre-conditions des formations politiques, mettez de côté le bourbier des intérêts personnels, du partage du gâteau et des appétits des responsables politiques et confessionnels", a-t-il lancé. Et d'appeler le leader sunnite à "ne se conformer qu'à la Constitution et au Pacte national, à assurer la rotation totale et à choisir des experts fidèles à la nation, qui ont de l'expérience et qui soient indépendants politiquement". "Faites attention aux accords bilatéraux secrets et aux promesses", a encore déclaré le patriarche maronite.
Défi historique
"Cette fois, vous êtes devant un défi historique : faire en sorte que le Liban revienne au texte et à l'esprit de la Constitution, du Pacte et de son identité naturelle d'État neutre", a poursuivi Mgr Raï à l'attention de Saad Hariri.
Et de citer les différents dossiers auquel le Premier ministre désigné devra s'attaquer, "avec le président de la République", qui sont selon lui la reconstruction de Beyrouth, "la réussite des négociations sur la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël", entamées mi-octobre sous l'égide de l'ONU et la médiation des États-Unis, l'exploitation des hydrocarbures off-shore et le suivi de l'initiative française.
Saad Hariri, qui a déjà dirigé trois gouvernements, avait été poussé à la démission le 29 octobre 2019 par un mouvement de contestation inédit, lancé le 17 octobre de la même année. Les protestataires réclamaient le départ d'une classe politique inchangée depuis des décennies, accusée d'incompétence et de corruption. Le gouvernement dirigé par Hassane Diab qui avait pris la suite avait démissionné six jours après la double explosion du 4 août au port. Moustapha Adib avait été désigné Premier ministre pour lui succéder, mais il s'était finalement récusé fin septembre, sans avoir pu former de gouvernement.
commentaires (7)
Les trouvères et les troubadours Gebran Bassil et Samir Geagea ne représentent tout au plus que 30 % de l'ensemble des chrétiens, alors Saad Hariri n'écoutez pas leurs opinions obstructives. Saad Hariri n'a qu'à puiser dans les 70 % autres des ministres indépendants, experts et compétents dans ces moments cruciaux pour l'avenir de la patrie en danger de disparition.
Un Libanais
16 h 32, le 25 octobre 2020