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Politique - Les échos de l’agora

Belote... et... rebelote !

C’est la première réaction spontanée qui vient à l’esprit de quiconque a suivi l’interview de Saad Hariri dans le programme de Marcel Ghanem. L’ancien Premier ministre se livra, avec succès, à un exercice périlleux de communication, un an après que la première vague de la révolte du 17 octobre 2019 eut emporté son gouvernement et généralisé le slogan si mal compris « tous, cela veut dire tous ». Tous sont justiciables sans exception, même si tous ne sont pas nécessairement coupables ou corrompus. Ce slogan exprime l’exigence de l’exercice de la justice par un pouvoir judiciaire indépendant. À de rares exceptions, aucun politicien libanais, impliqué dans l’exercice du pouvoir, ne peut protester de son innocence. Certains sont coupables d’intelligence avec des puissances étrangères ennemies de la souveraineté libanaise ; d’autres ont laissé faire ; la majorité a observé un silence complice. Tous ont fait preuve d’opportunisme en matière de partage du pouvoir. Multiples sont ceux qui ont participé à des malversations de type mafieux.Quant à la forme, le discours de Saad Hariri a surpris par sa fermeté et sa transparence. On apprécie son refus de la confrontation armée avec le Hezbollah ainsi que sa responsabilité personnelle dans la tragédie du Liban, isolé et abandonné de tous ses amis à part la France. Pourquoi, dès lors, avoir joué le jeu du compromis présidentiel de 2016 ? Tant qu’à faire, il aurait pu laisser se prolonger le vide entretenu par ses adversaires, depuis 2014, afin d’imposer aux Libanais un président loyal à Téhéran et à Damas.

On comprend mal qu’il se soit pris, avec véhémence, à ses alliés des Forces libanaises, dans l’impossible choix cornélien entre Sleiman Frangié et Michel Aoun. Rien ne l’y obligeait. Il pouvait renverser la table, comme il vient de le faire chez Marcel Ghanem, mettant ainsi tout le monde devant ses responsabilités. Pourquoi a-t-il tenu à accepter la mission de Premier ministre ? Pourquoi, au vu des embûches, ne s’est-il pas récusé comme l’a fait Moustapha Adib ?

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Râles agoniques du Liban

On prend acte du mea culpa de Saad Hariri dans le jeu malsain du compromis de 2016. On se demande si, pour une fois, il a tiré les leçons de ses propres bévues ? Son interview, bien menée, lui a-t-elle permis de convaincre son auditoire? Rien n’est moins certain.

Il a défendu, avec l’énergie du désespoir, l’initiative du président français Emmanuel Macron qui doit aujourd’hui regretter d’avoir accordé la moindre confiance à des gens qui ont fait du mensonge et de la duplicité une deuxième nature. Son initiative est-elle toujours d’actualité après le soufflet humiliant que la caste dirigeante libanaise lui a administré ? Saad Hariri reprend à son compte le plan de mission réaliste de sauvetage proposé par la France. Le fait-il, à titre personnel, comme compromis interne libanais? Bénéficie-t-il de l’appui diplomatique de la France ? Il est permis de demeurer prudent.

Un an après la révolte populaire, il se présente aux citoyens comme « candidat naturel » à la présidence du Conseil des ministres. Qu’est-ce qui lui confère cette qualité « naturelle », dix mois après avoir solennellement déclaré qu’il ne souhaite pas occuper cette fonction ?

Il reprend à son compte le réquisitoire du peuple révolté contre la caste dirigeante dont il fait partie intégrante. À l’entendre, tout se résume à des facteurs économiques et financiers qui trouveraient une solution rapide via un accord avec le FMI. Encore faut-il qu’un gouvernement uni et souverain puisse mener les négociations. Le Liban n’est plus un État, ses frontières internationales ne circonscrivent plus une puissance régalienne que nul ne lui dispute. Sa volonté souveraine est l’otage de l’Iran pour qui tout gouvernement à Beyrouth doit être un escadron d’eunuques à sa disposition. Saad Hariri n’a pas abordé la question centrale de la souveraineté nationale. Il peut certes former un gouvernement mais il ne pourra pas laisser au congélateur les délices des compromissions avec les autres composantes de la caste dirigeante. Il ne s’est pas appesanti sur la sentence du TSL qui a condamné un membre du Hezbollah comme assassin de son père. Comme partie civile dans ce procès, il serait plus souhaitable de laisser à une autre personnalité sunnite le soin de former ce gouvernement d’indépendants que le monde entier souhaite.

Saad Hariri a donc exécuté une belle prestation télévisée quant à la forme. Quant au fond politique du problème, il n’a rien apporté de nouveau. Un an après la révolte du 17 octobre, comme lors d’une partie de belote, son interview ressemble quelque peu à l’annonce du jeu de cartes « Belote… et… rebelote » !

C’est la première réaction spontanée qui vient à l’esprit de quiconque a suivi l’interview de Saad Hariri dans le programme de Marcel Ghanem. L’ancien Premier ministre se livra, avec succès, à un exercice périlleux de communication, un an après que la première vague de la révolte du 17 octobre 2019 eut emporté son gouvernement et généralisé le slogan si mal compris...

commentaires (7)

En regardant sur le long terme, on voit que les occupants du pouvoir ont l’intention de mener le pays où ils veulent, dans le mur en accaparant tous les sièges et en déclarant comme seule solution un gouvernement monochrome pour sauver le pays. Cela n’a échappé à personne puisque qu’ils ont déjà réussi leur exploit une fois et que grâce à un sursaut de dernière minute de la part de Diab nous avons échappé au pire. Ce manège de bloquer systématiquement toute formation de gouvernement se perpétuera tant que les opposants boudent dans leur coin et ne proposent rien en contre partie. Nous n’allons pas blâmé Hariri de jouer sa dernière carte pour torpiller leurs projets en nous voilant la face avec des slogans vides qui n’ont menés nulle part du Kelloun. Nous n’avons plus l’embarras du choix, il ne nous reste que l’embarras et il faut tout tenter pour sauver notre pays. Si cette solution consiste à faire avec un nouveau ancien PM qui aura tenu ses promesses en renversant la table, en nommant les ministres compétents, honnêtes et non affiliés aux partis pour sauver le pays, on peut dire qu’il a réussi. Nous n’allons pas faire les difficiles et patauger dans la boue encore et encore jusqu’à l’ensevelissement. Il était tant d’agir et espérons qu’ils ne courbera pas l’échine comme jadis et réussira à sauver notre nation.

Sissi zayyat

13 h 13, le 12 octobre 2020

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Commentaires (7)

  • En regardant sur le long terme, on voit que les occupants du pouvoir ont l’intention de mener le pays où ils veulent, dans le mur en accaparant tous les sièges et en déclarant comme seule solution un gouvernement monochrome pour sauver le pays. Cela n’a échappé à personne puisque qu’ils ont déjà réussi leur exploit une fois et que grâce à un sursaut de dernière minute de la part de Diab nous avons échappé au pire. Ce manège de bloquer systématiquement toute formation de gouvernement se perpétuera tant que les opposants boudent dans leur coin et ne proposent rien en contre partie. Nous n’allons pas blâmé Hariri de jouer sa dernière carte pour torpiller leurs projets en nous voilant la face avec des slogans vides qui n’ont menés nulle part du Kelloun. Nous n’avons plus l’embarras du choix, il ne nous reste que l’embarras et il faut tout tenter pour sauver notre pays. Si cette solution consiste à faire avec un nouveau ancien PM qui aura tenu ses promesses en renversant la table, en nommant les ministres compétents, honnêtes et non affiliés aux partis pour sauver le pays, on peut dire qu’il a réussi. Nous n’allons pas faire les difficiles et patauger dans la boue encore et encore jusqu’à l’ensevelissement. Il était tant d’agir et espérons qu’ils ne courbera pas l’échine comme jadis et réussira à sauver notre nation.

    Sissi zayyat

    13 h 13, le 12 octobre 2020

  • LA SEULE NOTE - NOUVELLE NOTE - revient beaucoup au titre donne a cet article-belote et rebelote: RIEN DE NOUVEAU et ce n'est la que la triste verite qu'on refuse de reconnaitre, celle qui veut que personne ne trouve plus rien a dire- meme pas a redire devant le triste etat de notre pays-je dis pays et non pas nation-

    Gaby SIOUFI

    09 h 46, le 12 octobre 2020

  • Un article sur mesure...! L’auteur nous avait habitué a mieux !

    Cadige William

    09 h 28, le 12 octobre 2020

  • Hélas, les peuples libanais (je dis bien "les") ont la mémoire trop courte et trop inféodés pour ne pas se laisser traîner dans ces pièges. Ca ne m'étonnerai pas de le voir retourner en tant que héro avec célébration en grande pompe (au diable le COVID), porté sur les épaules de sa tribue de rase-moquette. Il refera le même panachage ministériel avec les autres tribus de corrompus et nous continuerons notre beau voyage chez Belzébuth.

    Salim Naufal / SOFTNET ENGINEERING

    09 h 20, le 12 octobre 2020

  • Aaah... c'est beau l'amour. Que de tendresse dans ces propos si complaisants. C'est difficile de vouloir à la fois ne pas paraître trop indulgent avec un être cher et ménager les sensibilités des révolutionnaires qui veulent décapiter TOUTE la classe politique. Bonne chance dans votre exercice d'équilibriste. Vous êtes plus efficace dans vos diatribes enflammées contre Aoun, Bassil et Nasrallah. Je vous conseille de rester sur ce créneau, c'est plus safe compte tenu du profil de lecteurs du journal.

    Bou Abdou Steeve

    07 h 27, le 12 octobre 2020

  • La seule initiative de sauvetage qui vaille c'est la démission de tous les députés du dit 14 mars du parlement, pour forcer des législatives anticipées. Pourquoi Saad Hariri n'a pas suivi Samir Geagea lorsque celui-ci annonçait que les députés FL étaient prêts à démissionner à condition que le Futur et le PSP les suivent ?

    Citoyen libanais

    07 h 20, le 12 octobre 2020

  • Cet exercice de Saad Hariri ne peut servir qu’à une chose ,essayer une dernière fois de faire comprendre à koulloun yehni koulloun que subir la table de multiplication par zéro c’est ce qui les attend car à quoi cela servira de vivre dans un pays où l’élite qui a pillée le peuple vivra comme des croque morts au milieu d’un champ d’êtres humains à l’agonie ! La seule responsabilité à laquelle ils ne pourront se défiler sera celle de ne pas laisser les cadavres joncher les rues ! Bien obligé de les enterrer quand même! Messieurs, La prétention est terminée et il ne reste qu’une maigre ambition et l’homme qui se noie ne choisit pas la branche à laquelle il s’accroche! N’oublions surtout pas que le bolide Liban est entrain de foncer à toute vitesse vers les mur de sa pulvérisation .

    PROFIL BAS

    01 h 39, le 12 octobre 2020

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