Une fois de plus, c’est le leader du courant du Futur, Saad Hariri, qui tente d’ouvrir une brèche pour essayer de faire progresser le processus de formation du gouvernement, qui fait du surplace depuis la récusation du Premier ministre désigné Moustapha Adib, il y a deux semaines. Lors de l’interview fleuve accordée jeudi soir à la MTV, il s’est donc présenté comme « candidat naturel à la présidence du Conseil sans la grâce de personne », tout en prenant le soin de définir les conditions qu’il impose aux protagonistes politiques, notamment le tandem chiite, pour former la future équipe ministérielle. Quelles concessions serait-il disposé à faire dans la prochaine phase ? Et quelles sont ses lignes rouges ?
Ces questions se posent actuellement, loin des projecteurs, M. Hariri ayant opéré un revirement significatif dans sa position. Après avoir exprimé son refus de retourner au Sérail, près d’un an après sa démission sous l’effet de la pression du mouvement de contestation, l’ancien Premier ministre a fait part de sa volonté de mener des contacts avec tous les protagonistes, pour s’assurer de leur engagement à respecter l’initiative française en faveur du Liban. Ces propos ont été interprétés, dans certains milieux politiques, comme un clin d’œil haririen au tandem chiite. Et pour cause : aussi bien lors de la formation du cabinet Diab que de celui de Moustapha Adib, le Hezbollah et le mouvement Amal avaient émis des signes de leur soutien à la reconduction du chef du Futur à la présidence du Conseil. Mais il semble que pour le moment les deux formations chiites majoritaires préfèrent opter pour le silence en attendant l’issue des contacts que Saad Hariri devrait mener avec le président de la République, Michel Aoun, mais aussi avec le chef du législatif, Nabih Berry, qui n’a jamais caché son appui à la désignation de l’ex-Premier ministre pour former le gouvernement.
Le Hezbollah persiste et signe
Mais il reste que le parti de Hassan Nasrallah ne semble pas prêt à renoncer à ses conditions traditionnelles. Une source proche du Hezbollah confie ainsi à L’Orient-Le Jour que le parti campe toujours sur sa position. Il entend maintenir les mêmes conditions posées dans la phase précédente. Il tient donc à ce que le tandem chiite nomme le futur ministre des Finances et tous les ministres de la communauté. Le parti est donc loin de faire des concessions. Une impression que confirment des milieux proches du parti, cités par notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl. Le Hezbollah veut voir un gouvernement formé. Mais pas n’importe comment. Il veut participer à la future équipe. Une condition à laquelle Saad Hariri refuse de se plier, du moins dans un avenir proche. Il compte presser pour que soit respectée l’initiative du président français, Emmanuel Macron, comme il l’a répété plusieurs fois lors de son interview télévisée, et comme le souligne à L’OLJ Moustapha Allouche, membre du bureau politique du courant du Futur.
« Désormais, Saad Hariri considère l’initiative française comme la ligne rouge à ne pas franchir », insiste M. Allouche. Mais il reste qu’aux yeux de plusieurs observateurs politiques, mettre en application le plan Macron reviendrait à renoncer au principe de la rotation des postes, prôné par Moustapha Adib, qui a fini par rendre son tablier. Sauf qu’un observateur politique rappelle que Saad Hariri s’est montré attaché à la rotation, ainsi qu’à la formation d’une équipe de spécialistes indépendants, même s’il s’est dit ultérieurement favorable à ce que le prochain ministre des Finances soit chiite, à condition que le Hezbollah ne le nomme pas.
En attendant la prochaine étape de M. Hariri, le flou entoure toujours les consultations parlementaires contraignantes prévues en principe jeudi. Leur sort dépend surtout de la réaction du tandem chiite à la proposition Hariri. Mais le leader du Futur ne restera pas les bras croisés. Il a déjà entamé ses contacts avec Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry, et Hussein Khalil, conseiller politique de Hassan Nasrallah. Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, M. Hariri pourrait s’entretenir avec le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, dans les prochaines 48 heures.
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SI VOUS ALLEZ VOUS ENTRETENIR AVEC LE GENDRE ET LE BARBU ET GOUPIL POUR FORMER UN GOUVERNEMENT CATASTROPHIQUE COMME LES PRECEDENTS, LES PROMESSES DE CES CORROMPUS NE VALENT PAS UN FRANC, VAUT MIEUX SAAD HARIRI QUE VOUS JETIEZ LE TABLIER AVANT DE L,AVOIR ENDOSSE. SEUL UN CABINET D,EXPERTS INDEPENDANTS CHOISIS PAR VOUS SANS L,INTERVENTION DES AUTRES NI LA NOMINATION D,EXPERTS PARTISANS SERAIT LE BIENVENU. MA TEHROE HALAK HAL MARRA !
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 00, le 10 octobre 2020